La malnutrition et l’insécurité alimentaire demeurent un problème majeur pour la Mauritanie, où on estime que près d’un enfant sur cinq souffre d’un retard de croissance et où la plupart de la population est constituée de personnes vivant dans les zones rurales, en plus d’être un pays qui lutte contre les défis du changement climatique et la désertification.

Dans ce contexte, l'agroécologie émerge comme une agriculture qui prend en compte les personnes et l'environnement.

L'Agroécologie comme solution

Un pilier des actions AMAD/CERAI, grâce au financement entre autres du Gouvernement de Valence, est la transition agroécologique, une approche en faveur de la souveraineté alimentaire et d'un développement rural durable à la base paysanne, la promotion de l'utilisation durable des ressources naturelles, ainsi que de l'amélioration des compétences des agro-éleveurs et agro-éleveuses familiales.

Les systèmes alimentaires paysans locaux fondés sur l’agroécologie se révèlent très résistants face aux chocs et trouvent des moyens innovants pour y faire face. Dans toutes les régions, l’agroécologie, l’agriculture soutenue par la communauté suscite un intérêt croissant, et de nouveaux réseaux sont en train de se tisser entre communautés rurales et entre les communautés rurales et urbaines.

L'agroécologie offre une approche holistique pour relever ces défis dans le cadre d’un changement de paradigme vers une production durable à l’échelle familiale. Cela montre le potentiel de l’agroécologie pour nourrir le monde, d’une manière durable.

Initiatives d'Agroécologie par AMAD et CERAI en Mauritanie

En Mauritanie, les ONG CERAI et AMAD, en collaboration avec les communautés locales, travaillent depuis 15 ans à promouvoir un processus de transition agro-écologique dans les régions du Trarza et du Gorgol, dans la vallée du fleuve Sénégal, afin de développer des systèmes alimentaires plus sains, plus durables et plus équitables, en vue d'atteindre la souveraineté alimentaire en Mauritanie. Pour ce faire, nous travaillons au niveau des exploitations familiales, en promouvant l'utilisation de pratiques agro-écologiques, en renforçant les capacités et en accompagnant les agriculteurs et agricultrices selon les principes de la méthodologie paysan à paysan.

L'adoption de pratiques agroécologiques en Mauritanie présente de nombreux avantages que AMAD et CERAI n’ont cessé depuis des années à démontrer leur intérêt vers la transition écologique en favorisant la résilience des systèmes agricoles, cela pour aider les agriculteurs à faire face aux chocs environnementaux et climatiques.

Plusieurs approches et techniques ont été mises en place par ces organisations afin de contribuer aux changements de mentalité vers une agriculture respectueuse de son environnement et aussi d’améliorer les productions et diversification des systèmes alimentaires locaux.

La récupération et la promotion de la biodiversité cultivée, comme la multiplication et conservation de semences locales adaptées à la climatologie locale, la promotion des haies vives et la plantation des arbres sont essentielles pour gérer les ravageurs et mieux conserver l’eau.

Pour l’amélioration de la production, plusieurs techniques ont été expérimentées aux niveaux des exploitants afin d’assurer la transition vers l’agroécologie par des approches simples et faciles à répliquer au niveau local. Ces formations étaient un point de départ vers une production qui tient compte de la personne qui produit, de son environnement et de la qualité pour les consommateurs finaux. Les fertilisants organiques et le bio préparés comme le fumier higeinisé, le bostol oú le bokashi ont démontré leur efficacité dans l’amélioration de la production et la réduction des charges pour les exploitants.

Une approche de chaîne productive et innovante est aussi soutenue, permettant un développement endogène. Cela a été le cas de la chaîne de production laitière locale. A partir d'entreprises dirigées par des femmes, les mini-laiteries, le lait produit localement est transformé, les agriculteurs apportent le lait qui est transformé par les femmes dans les mini-laiteries, et vendu localement, favorisant un produit local et sain.

La méthode paysan – paysan consiste à un processus participatif de promotion et d'amélioration des systèmes de production ruraux, basés sur le principe de la participation, l’innovation et l´appropriation. Cette méthode favorise l'autonomisation des paysans et l'échange de connaissances entre les agriculteurs, elle génère des capacités et initiatives qui permettent la continuité du développement des connaissances et des pratiques une fois l'intervention terminée et fonctionne très bien dans le cadre des organisations à la base paysanne.

En ce moment, la Vallée dispose d’une vingtaine de promoteurs agroécologiques, agriculteurs et agricultrices familiales qui pratiquent et communiquent entre ses voisins et aussi de dix animateurs et animatrices qui accompagnent le processus de transition agroécologique.

Malgré ses avantages, l'adoption généralisée de l'agroécologie en Mauritanie est confrontée à plusieurs défis La composante sociale, et surtout la fragilité du tissu associatif et sa faible gouvernance, sont essentielles et doivent être soutenues pour accroître l'ampleur de la transition agro-écologique. Il est nécessaire que les agro-éleveurs et agro-éleveuses partagent et se rassemblent autour des principes de justice sociale et d'économie sociale et solidaire. C'est pourquoi AMAD et CERAI accompagnent les organisations et communautés locales pour défendre la production et consommation des produits locaux.

Les systèmes alimentaires locaux, principalement basés sur des pratiques agro-écologiques et des circuits à petite échelle, sont ce qui soutient le pays aujourd'hui et ce qui peut le soutenir à l'avenir, lorsque la crise climatique augmentera la pression sur ces systèmes.

Il s'agit d'un défi difficile, mais pas insurmontable, et de nombreuses initiatives inspirantes sont déjà mises en œuvre. Ce qui est certain, c'est que toute politique ou tout programme qui veut traiter efficacement les effets combinés du changement climatique et de l'alimentation doit s'appuyer sur une approche intégrée et devra se concentrer sur les principaux acteurs du système alimentaire africain, dont la grande majorité sont des femmes et des jeunes.