23-12-2011 18:03 - Les tensions entre la Mauritanie et le Maroc montent d'un cran
Les autorités mauritaniennes ont décidé d’expulser, ce mercredi, le chef du bureau de la MAP à Nouakchott. Le journaliste n’était pas accrédité et se comportait d'une manière non conforme à sa profession, arguent-elles. A Rabat, on dégage en touche et parle de « messages politiques ».
Les « bonnes » relations entre l’Algérie et la Mauritanie sont-elles en train de jeter un froid sur les rapports maroco-mauritaniens ? La question s’impose plus que jamais, après l’expulsion brutale du chef du bureau de la MAP à Nouakchott.
Hafid Bekkali, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été sommé, mercredi 21 décembre, de quitter le territoire mauritanien dans les « vingt quatre heures » par la direction de la surveillance du territoire (DST) mauritanien.
Cette expulsion, selon des sources sécuritaires de ce pays limitrophe, est motivée par le fait que « le journaliste se comportait d'une manière non conforme à sa profession et n'avait pas d'accréditation », rapporte l’AFP. « Mensonge » ! Fait-on remarquer officieusement chez la partie marocaine.
Le journaliste de l’agence officielle du royaume était « accrédité normalement avec ses papiers », poursuit la même source, sous le couvert de l’anonymat qui enfonce même le clou : « Il est déplorable d'utiliser des journalistes pour envoyer des messages politiques ».
Ce sentiment est également partagé par des confrères mauritaniens. « Cela fait 3 ans qu’il [Bekkali, ndlr] est à Nouakchott. S’il n’avait pas d’accréditation, ils l’auraient expulsé depuis longtemps. Et s’il s’adonnait à des pratiques non conformes à sa profession, ils l’auraient su aussi », réplique, depuis Nouakchott, un journaliste mauritanien joint par Yabiladi.com.
« Cette affaire peut avoir des soubassements politiques, mais il ne faut pas attendre à ce que les autorités mauritaniennes se prononcent dessus », poursuit notre confrère qui note que « ce n’est pas une décision du ministère de la Communication mais plutôt de la DST ».
Règlement de comptes ?
« Le journaliste est victime d'un lobby qui veut régler, au détriment du Maroc, ses comptes au lendemain du réchauffement des relations entre Nouakchott et Alger », soutient pour sa part, une source marocaine anonyme citée plus haut. En tout cas, on parle même d’une « lune de miel » entre ces deux Etats frontaliers et voisins du Maroc, notamment après l’échec de la Mauritanie à siéger au Conseil de sécurité de l’ONU, au profit du Maroc et du Togo.
En début décembre, le président Ould Abdel Aziz, en déplacement chez Abdelaziz Bouteflika a qualifié les relations qui unissent leurs pays de « bonnes » et d’ « excellentes », tout en soulignant une « convergence » de vues des deux gouvernements sur plusieurs questions d’importance en rapport avec le Maghreb, mais aussi le Sahel.
Les deux dirigeants sont sur la même longueur d’onde pour « intensifier les efforts » visant à renforcer la sécurité et la stabilité dans la région sahélienne. Malgré l’insistance de Rabat, Alger s’oppose à toute entrée du Maroc dans ce partenariat qui le réunit avec la Mauritanie, le Mali et le Niger.