18-10-2012 17:17 - Clin d’œil : La grande frayeur.
Il est vrai que les tragédies dévoilent souvent les tréfonds humains. Samedi le pays tout entier s’est voilé la face pour ne pas devoir assister à une mauvaise farce du destin: le Chef de l’Etat succombant sous des tirs « innocents ». Le pays tout entier retenait son souffle et attendait.
Des heures d’angoisse. Et, le lendemain, le visage fatigué mais serein du Président de la République réconfortait les citoyens. Bien sûr les interrogations demeurent. Mais au delà des questionnements et aussi de la douleur, il y a d’abord un heureux constat : la nation tout entière a compati au sort du Président.
Les opposants les plus radicaux se sont tous fendus d’un bel communiqué souhaitant le prompt rétablissement du Chef de l’Etat. Ahmed Ould Daddah, opposant historique a annulé une conférence de presse qu’il devait tenir et suspendu les activités publiques de son part…
La Coordination de l’Opposition Démocratique a souhaité prompt rétablissement au Chef de l’Etat. Face à la douleur, les hauts cris se sont tus : ce sont là des marques heureuses de bonne santé pour une nation qui, au regard de tous, se cherche encore et ne s’est jamais vraiment rencontrée.
Il est également fort heureux de voir, qu’au lendemain de la tragédie, les mauritaniens ne se sont pas sentis menacés par un gouffre. Les institutions ont fonctionné normalement (donc médiocrement) les administrations ont ouvert leurs portes (avec retard et indolence, comme d’habitude), les commerces n’étaient pas fermés (malgré la hausse des prix) et les conducteurs de véhicules continuaient de s’insulter copieusement au milieu d’avenues embouteillées. Les mauritaniens, on dirait, malgré l’émotion qui les a secoués continuaient à vivre sans frayeurs, à avoir donc une confiance minimale en leur pays. C’est là encore un signe fort heureux.
Cet événement douloureux pour Mohamed Ould Abdelazziz, pour sa famille et pour nous tous nous aura donc au moins appris quelque chose de fondamental : il y a des moments où les mauritaniens peuvent être un, il y a comme un fil mystérieux qui nous relie tous les uns aux autres. Essayons donc de faire apparaître au grand jour ce lien souvent invisible qui nous unit et pensons plus souvent à la relativité des choses et à la force du destin.
Beyrouk