01-04-2014 21:42 - Les scénarios catastrophes du Giec pour le climat au Maghreb et en Afrique de l’ouest

Les scénarios catastrophes du Giec pour le climat au Maghreb et en Afrique de l’ouest

Le Courrier du Sahara - Effondrement du secteur de la pêche, chute de la culture des céréales, pénuries d’eau potable et aggravation des problèmes de santé. La hausse des températures pourrait avoir des conséquences dramatiques pour le Maghreb et l’Afrique de l’ouest, préviennent les experts du Giec.

De vastes zones de l’Afrique pourraient être confrontées à une hausse moyenne des températures de plus de 2 degrés d’ici les deux dernières décennies de ce siècle, indique le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) dans le deuxième volet de son cinquième rapport sur les changements climatiques. Le document a été dévoilé au public lundi 31 mars.

Dans un chapitre de 115 pages dédié à l’Afrique et que Le Courrier du Sahara a pu consulter, le Giec estime, selon le pire de ses scénarios, que les températures pourraient même augmenter de 3 à 6 degrés dans plusieurs régions d’Afrique d’ici la fin du siècle.

«Il est probable que les températures en Afrique augmenteront plus rapidement que dans les autres régions du monde, surtout dans les zones arides», prévient le groupe d’experts qui s’était vu décerner le prix Nobel de la paix en 2007 pour son travail de prévention et d’analyse sur le réchauffement climatique.

Fort impact sur la production céréalière.

Les simulations combinées pour plusieurs régions situées au sud du Sahara suggèrent que le changement climatique aura des effets systématiquement négatifs sur les principales productions céréalières, allant de 2% pour le sorgho à 35% pour le blé. Le Maghreb ne devrait pas être épargné.

La rentabilité de l'agriculture irriguée au Maroc pourrait diminuer selon deux scénarios envisagés par le Giec, en raison notamment de l'augmentation des opérations de pompage des eaux souterraines.

L'enneigement réduit dans les montagnes de l’Atlas, lié notamment à la diminution des précipitations, devrait contribuer à réduire les réserves d'eau de fonte saisonnière pour les zones de plaine du Maroc. La diminution des ressources en eau constituera un obstacle majeur pour la poursuite du développement économique sur le continent, prévient le Giec.

Toutefois, tempère le groupe d’experts, l'impact global du changement climatique sur les ressources en eaux souterraines en Afrique est relativement faible en comparaison avec les effets de facteurs non climatiques tels que la croissance démographique, l'urbanisation et le recours accru à l'irrigation pour satisfaire la demande en nourriture.

50% de pêcheurs en moins d'ici 2050?


En revanche, les changements climatiques pourraient avoir de sérieuses répercussions sur les pays côtiers de l’Afrique de l’ouest. L’écosystème de l’Océan, en particulier les récifs coralliens, seront affectés par l’acidification des océans, causé par l’excès de CO2 dans l’atmosphère. Ce phénomène «aura des conséquences négatives sur plusieurs secteurs économiques comme la pêche», prévient le Giec.

La Mauritanie et le Sénégal figurent parmi les pays les plus vulnérables en raison de l’importance de cette économie pour les populations les plus pauvres, estime le groupe d’experts. Le rapport souligne également le lien étroit entre les variabilités climatiques et la capacité de rendement de ce secteur économique dans ces deux pays.

Selon des projections figurant dans le rapport, les ressources financières liées au commerce du poisson pourraient diminuer de 21% à l’horizon 2050, entraînant la suppression de 50% des emplois dans le secteur et une perte totale annuelle de 311 millions de dollars pour l’économie de la région.

Un risque pour la santé publique.

Le groupe d’experts mentionne plusieurs rapports de l’Unicef et de l’Oms  selon lesquels l’Afrique subsaharienne est particulièrement exposée aux conséquences néfastes du changement climatique sur la santé des populations. Le Giec estime que ce risque résulte de politiques de santé publique inadaptées, conséquence de la mauvaise gouvernance.

L’organisme cite une étude prospective sur les évolutions climatique et démographique du Mali à l’horizon 2025. Ce document suggère que plus de 100'000 enfants souffriront d’anémie, près de 250'000 de problèmes de croissance et environ 200'000 de malnutrition, en lien direct avec les dérèglements climatiques.

Le Giec estime que de nombreux défis institutionnels peuvent encore être relevés afin de parvenir à une meilleure gestion des ressources naturelles. Son rapport préconise de renforcer les structures permettant de coordonner la gestion des ressources en eau sur le long terme.

La participation des institutions locales dans ce processus est essentielle, estime le groupe d’experts qui consacre également plusieurs volets de son rapport à l’agriculture locale.


Des initiatives pour lutter contre la sécheresse
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Le rapport salue les efforts entrepris par les agriculteurs du sud du Niger afin de permettre le développement du Faidherbia (photo ci-dessus), une espèce d’arbres dont les feuilles contribuent à la fertilisation naturelle des sols.

«Ces efforts, entrepris depuis la fin des années 1980, ont conduit à une augmentation à grande échelle du couvert forestier sur plus de 4,8 millions d'hectares et à une diminution de la sensibilité à la sécheresse des systèmes de production, par rapport à d'autres régions du Niger», mentionne le Giec parmi les initiatives positives pouvant être encore explorées.



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