23-04-2014 19:17 - Convocation du collège électoral : Le dialogue est-il enterré ?

Convocation du collège électoral : Le dialogue est-il enterré ?

Le Calame - C'est la question que tout le monde doit se poser aujourd'hui. Après que l'espoir a commencé de renaître, suite au démarrage du dialogue, on comprend mal, en effet, l'attitude du pouvoir qui se livre comme à un forcing, pour convoquer, le 21 juin, le collège électoral.

Remake du dialogue mort-né d'octobre dernier, quand le pouvoir, en s'engageant dans le dialogue avec la COD, avait refusé de suspendre l'agenda du 23 novembre, date-butoir des élections municipales et législatives plusieurs fois reportées.

Cette fois, après les préliminaires et le recours au Premier ministre qui avait reçu le président du FNDU, on pensait, pourtant, que le processus était désormais sur rails. Las ! Les négociations piétinent, avant d'être suspendues. Et selon Moussa Fall, président du MCD, membre de la COD et du Forum, les tentatives de renouer les fils tardent à se concrétiser.

Aujourd'hui, aucun camp ne semble vouloir porter la responsabilité de cette suspension qui pourrait, après l'agonie, conduire à une mort provoquée du dialogue tant espéré et attendu des Mauritaniens.

Pour le pouvoir, les débats devaient impérativement se terminer avant le 21 juin : cela semble désormais déjà fait. Cette exigence du pouvoir exprimait son souci de respecter la loi fondamentale du pays. Un argument qui ne résiste pas à un consensus, estimait l'opposition.

Dans l'impossibilité d'arriver à un accord sur ce point, le pouvoir a donc choisi le forcing, pour imposer sa logique. Une logique que l'opposition, dans son ensemble, ne peut accepter, dans la mesure où, pour elle, les questions de fond doivent être bien soignées, tant dans leur examen que leur mise en œuvre, et cela demande, évidemment, du temps. On se demande, maintenant, si les uns et les autres sont réellement animés de bonnes intentions.

 Du côté de l'opposition, certains partis politiques sont suspectés de ne pas vouloir aller à des élections perdues d'avance. Mais, de son côté, le pouvoir, qui devrait, pourtant, "rassurer son opposition" - c'est dans son intérêt - semble, lui, déterminé à la pousser au boycott et à l'implosion. Toujours la même stratégie poursuivie depuis 2008, avec des résultats variables.

Comment demander à quelqu'un de discuter avec vous, alors qu'il a un couteau sur la gorge ; en position de faiblesse, donc ? Peut-on accepter de discuter avec quelqu'un qui revient, constamment, sur les règles du jeu déjà convenues ? Comment l'opposition, sauf à être démesurément naïve, peut-elle aller à une élection sans aucune préparation ni emprise sur son déroulement ? Comment, enfin, s'accorder sur tel ou tel point et le mettre en œuvre en si brève échéance ?

A cet égard, un député de la majorité présidentielle laisse croire qu'en s'accordant sur un train de mesures à même de rassurer tout le monde, le report des élections coulerait de source. En faire un préalable à la discussion de ces mesures lui semble, donc, un simple subterfuge de certains partis de l'opposition qui ne veulent pas participer, en fait, à la présidentielle…

Mais l'opposition - du moins, une partie de celle-ci - entend bien que " coulerait de source" n'est qu'une éventualité et cherche, surtout, à éviter de tomber dans le piège de l'à-peu-près. Qui s'est fait avoir à Dakar n'entend pas, cette fois, se laisser rouler dans la farine. L'exigence de sérieuses garanties, formelles et explicites, n'est donc pas tout-à-fait une vue de l'esprit...

Quoiqu'il en soit, le ciel qui avait entamé de s'éclaircir, entre le pouvoir et son opposition, est, malheureusement, en train de se rassombrir. Le gouvernement, qui avait laissé l'impression de vouloir organiser une présidentielle crédible semble en train de revoir sa copie. Dans quel intérêt ? Mystère.

Enjeu national et… international ?


Le Forum national pour la démocratie et l'unité, dont la délégation est présidée par l'ancien Premier ministre Yahya Ould Wagf, avait pourtant laissé entrevoir, selon une déclaration publiée, vendredi, sur Saharamedias et repris par Cridem.org, l'espoir de voir les choses évoluer, sur la date de convocation du collège électoral, à la condition, bien entendu, que le pouvoir offre des garanties sur les autres points de divergence.

Sidi Mohamed Ould Maham, président de la délégation de la Majorité et ministre de la Communication et des relations avec le Parlement, avait déclaré, de son côté, que son camp allait étudier la proposition du FNDU. Et c'est dans ce climat d'apparente bonne volonté qu'est intervenue la décision du pouvoir de maintenir la date du 21 juin.

" Très étonnant ! ", s'exclame la délégation FNDU qui espérait voir le gouvernement évoluer sur sa position, lors du Conseil des ministres que le site Tawary avait annoncé pour ce lundi, et justement consacré à débattre de la date de la convocation du collège électoral. Tout le monde pensait que le gouvernement allait décider de surseoir à cette échéance, pour permettre, aux uns et aux autres, de vaincre leur méfiance et entrer dans le vif du sujet.

Le pouvoir était bien conscient de l'impossibilité d'évacuer l'ordre du jour arrêté d'un commun accord et il pouvait, tout aussi bien, jouer les prolongations, puisque celles-ci résultaient d'un consensus entre tous les acteurs politiques. C'était l'occasion rêvée, pour celui-là, de faire participer les partis de la COD à la présidentielle.

En outre, le président de l'Union africaine pouvait vendre son offre à la Communauté internationale: je cède et je rencontre le président Obama, lors des assises de septembre aux Nations Unies. Un enjeu pas vraiment anodin, puisque le président de la première puissance mondiale n'a cessé d'affirmer qu'il ne recevrait aucun président africain arrivé au pouvoir par la force.

Rappelons, à ceux qui l'auraient oublié, que Mohamed Ould Abdel Aziz défia bel et bien ladite Communauté internationale - et son chef - en renversant, un certain 8 août 2008, le premier président démocratiquement élu en Mauritanie. Double enjeu, donc, pour MOAA : montrer, à son opposition d'une part, qu'il ne craignait pas une élection transparente et, aux Mauritaniens et Africains d'autre part, qu'il n'était président de l'Union Africaine ni pour rien, ni par défaut.

Voilà sur quoi aurait pu se jouer la suite de la partie, si, bien entendu, tout le monde avait consenti à la poursuivre… Alors, game over ou nouvelle péripétie, encore, de tractations toujours en coulisses?

Dalay Lam






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Commentaires (1)

  • catomatravihme (H) 24/04/2014 00:24 X

    La réponse a été donné ce matin par son excellence le président Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz, les DEUX portes sont largement ouvertes, et celui qui ne veut pas entrer par l'une d'elle est d'emblée averti qu'elles se refermeront Automatiquement sans hésitations ni murmures le 21 juin 2014 INCHÂÂLLAH.