28-07-2014 20:53 - La souffrance de la politique mauritanienne atteint son apogée

La souffrance de la politique mauritanienne atteint son apogée

aliouldmohamed151 - A Nouakchott, une brise paisible caresse la ville. Une bruine vespérale chante, merveilleusement, le cantique du soir, sur le littoral océanique, à l’hommage de cette agglomération désordonnée qui n’a jamais connu la tranquillité, mais présentement, elle est totalement exténuée.

Nouakchott, cet assemblage pêle-mêle extrêmement hétérogène des hommes éperdus dans l’espace et dans le temps, des animaux errants, s’apparente à une cité antédiluvienne. On dirait une bourgade très antique, un endroit qui a subi, synchroniquement, toutes les blessures et les vexations de l’histoire et du monde.

De loin, il parait, de fond en comble, archaïque et suranné, tel un vieillard grabataire cerné par les torrents violents qui se dandine en essayant de courir contre la montre, mais en vain.

A l’intérieur, rien de neuf, Nouakchott est lui-même, il n’a pas changé la musique : le Grand-Marché-Capitale est, comme il était et comme il sera pour toujours, le lieu de supercherie par excellence ; Tevragh Zeina n’a pas changé, c’est le quartier de c...... ; rien n’a pas été modifié à Arafat, c’est le fief de délirants et des a...... ;

Toujounine est l’abri de populace ; El Mina est le bastion de malheureux et des ordures…et le modeste palais présidentiel est, bien entendu, le symbole de l’injustice et de l’iniquité, aussitôt qu’on le voit, on dit avec certitude et amertume : « point de justice aujourd’hui».

Le patron de ce palais, le boss de militaires est toujours lui-même : Mr. Aziz qui gouverne tous les aspects maléfiques du pays couvert par une superstructure aristocratique, garni par un habitus bourgeois doué, peut-être seulement, en matière de marchandage. Il est le parrain de businessmen, le maître incontournable de négociants.

Cependant, il s’avère qu’il a changé ses attitudes. Après ses discours prolixes et ennuyés, ses bavardages oiseux et ses tohu-bohus insensés, aujourd’hui il ne sait plus quoi dire. Pas mal d’événements graves (le sinistre de Mbout, la catastrophe de Tachott….) agite le pays alors que le président, et c’est inaccoutumé, garde toujours son mutisme angoissant enfermé dans une torpeur inopportune. Et pourtant, il est, quand même lui-même, ce n’est pas un autre sujet, c’est plutôt le même sujet qui devient un autre.

Ses détracteurs sont, complètement, épuisé physiquement, on le sait, c’est la saison de fatigue ; psychiquement et moralement, ça se comprend c’est la période de turpitude, de discours creux et de déraison collective.

Ils attendent l’investiture de Mr. Aziz et ne cessent pas, même inconsciemment, de se rappeler avec chagrins de la petite expérience d’une démocratie inachevée. Une démocratie qui était, quoique fragile et maladive, un espoir. Elle a été massacré de sang-froid le 06/08 il y a, à peine, six ans. On ne l’a pas oubliée.

On se souvient de cette expérience comme une chose de valeur qu’on a sous-estimée. Mais un jour on l’a brusquement perdu sans crier gare. A ce moment-là après qu’il soit trop tard, on se rend compte de son importance, son souvenir, alors, persiste dans le fond de notre cœur et un profond regret nous restera à jamais.

L’opposition, en fin du compte, est prise en tenaille, dans une sorte de « ruse de la raison » Hégélienne : elle est obligée d’agir mais tous ses agissements profitent plus à son adversaire.

En outre, elle est prisonnière de son histoire. Elle a du mal à surmonter ses soucis de naguère. Plus fort, elle a de la peine à enjamber les échauboulures, la souffrance et le traumatisme d’hier ; c’est compréhensible. Evidemment, on ne sort pas d’une telle épreuve sans cicatrice.

Cela est, vraisemblablement, véridique. Cela dit, l’opposition, pour être à l’hauteur des attentes sociales, a tout intérêt à renouveler ses modalités d’agir, à adopter une nouvelle stratégie et à changer ses attitudes de façon réfléchie et avec prudence.

On œuvre, habituellement, pour le futur. Le passé ne devrait pas nous dicter les règles de conduite. Les dimensions du temps ne peuvent pas être réductibles, uniquement, au passé, même si le dit-passé nous a infligé beaucoup de misère. Les cicatrices, on s’en doute, nous rappellent d’où on vient, elles n’ont pas à nous dire ou l’on doit aller.



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