29-08-2014 12:15 - B’il a dit… : Les tumultes présidentiels…

 B’il a dit…  : Les tumultes présidentiels…

RMI Biladi - B’il a dit et redit des tas de choses. B’il dira et redira des tas d’autres choses. Moulaye Ould Mohamed Laghdhaf, premier ministre depuis toujours ou presque sous le mandat et l’avant mandat écoulés de Mohamed Ould Abdel Aziz est parti.

Serait-ce la fin d’un amour à la fois complexe et complice entre deux hommes qui seraient liés par beaucoup plus qu’une histoire de forage ?

L’autre jour, dans la capitale économique, à Nouadhibou, Mohamed Ould Abdel Aziz, disait, dans ce qu’il disait, à un journaliste qui l’accusait d’avoir amassé plus de richesses, que le chantre de la lutte contre la gabegie de la Mauritanie Nouvelle ne prétendait en avoir – ou n’en était, en tout cas, pas convaincu, c’est dans la tête, ces choses-là, qu’il avait juste une foreuse, un petit engin de rien du tour, pour faire bonnes œuvres de charité, dont il ne souhaitait même pas en parler.

Peut-être qu’il n’avait même pas une foreuse. C’est son premier ministre qui en avait, qui en a, probablement, encore.

Mais, un président pourrait bien, ce n’est pas interdit, garder intact la fascination pour un premier ministrable établi à l’étranger, qui se rappelle de temps à autre de la misère des siens, et passe désaltérer des âmes humaines et bestiales assoiffés en faisant jaillir la précieuse, à l’aide de quelque foreuse.

On pourrait bien remonter le temps, jusqu’aux années soixante-dix, où on n’était qu’un simple dactylographe au trésor public avec une ambition éphémère d’écolier, se faisant auditeur libre, dont l’audition se limitait à la cour de récréation du lycée où on pouvait entendre les histoires extraordinaires et exploits fascinants de ce jeune mathématicien du Hodh Oriental débarquant au Lycée de Nouakchott de l’école de boutilimitt, couronnant ainsi son cursus par un baccalauréat bien mérité qui en fera l’un des heureux élus de la prestigieuse Al Mouhammedia du Royaume marocain. Les choses sont bien plus anciennes qu’une histoire de forage.

L’oreille du jeune auditeur libre du trésor public aurait bien assimilé, dans son audition, ce génie des maths. Retrouvé enfin dans l’ambiance d’une transition démocratique, dont il est un acteur principal, avec cette autre fascinante apparence belge magnanime et moderne, l’homme ferait bien un ministre des affaires étrangères. Une chose qui ne plut pas vraiment à Sidioca.

Fatigué et presque défait d’une fronde, dont on ne saurait guère jurer sur ses meneurs de parlementaires marionnettes à tout vent au gré du plus offrant, Ould Abdel Aziz allait entendre du déjà ambassadeur mauritanien en Belgique des propos dont il en avait vraiment besoin. "Fonce, destitue ce vieux, ni l’Europe, ni l’Amérique n’iront trop tenir tête contre un fait accompli".

B‘...

Au-delà de l’insulte…

Moulaye était un peu capital de découvertes et de fascinations, toute aziziennes. Même s’il s’évertue et s’enorgueillit même d’avoir destitué Maaouiya, Mohamed Ould Abdel Aziz est resté un peu Maaouya. Sous certaines formes et aspects, il aimerait bien avoir son Moulaye, comme Maaouya a eu son Cheikh El Avia.

Son cinéaste d’Abderrahmane Sissako, comme Maaouya avait son Sidney Sokhna. Se faire une bonne image, même si au fond de lui, il ne croit pas vraiment aux bonnes images. Il connait des moments d’hésitations très fortes.

Le débarquement de son Moulaye se serait bien produit à la suite de l’une des ses crises existentielles, qui ouvrent le boulevard à tous les doutes chez un militaire qui n’arrive pas à se convaincre de sa posture présidentielle. La faute devrait être plus grave qu’elle ne puisse être épongée par une insulte présidentielle. Généralement, Ould Abdel Aziz pioche dans son tiroirs à avanies et en distribue sans parcimonie à ses collaborateurs qui le fâchent un instant.

Depuis six ans, Moulaye sait bien comment se faire avaler ces humiliations en ingurgitant des tonnes d’anti anxiété et autres médicaments qui rendraient les propos désobligeants du premier citoyen du pays si sympathiques, si câlins et si doucereux. Ould Abdel Aziz aurait bien fouillé ses tiroirs à insulter pour solder la bévue première-ministérielle. Aucune invective ne venait à gommer l’affront.

Même si dite et redite mille fois sur la bouche du président, publiquement, retransmise par tous les médias qui comptent. La correction était au-delà du tiroir à insultes. Au-delà de l’insulte.

C’est grave ! Moulaye se serait bien intervenu pour trouver une solution à une crise intertribale. Rapporté à un président doutant, ou douteux, on ne sait quoi dire, ça ébranlerait bien toutes les confiances. "Il empiète sur mon pouvoir ? Il se prend pour président !" Pour un président qui n’est sûr de rien, c’est un mauvais sort qui attend le premier ministre qui se croit sûr de quelque chose.

Même dans sa gestion du pays à toutes heures de la journée, comme disait Gabriel Garcia Marquez, et de la soirée, Ould Abdel Aziz n’est jamais rassuré. Il le dit souvent en filigrane, dans ses interventions. "C’est la loi. Je n’y peux rien." C’est comme un richard de milliardaire qui n’arrive à percevoir sa fortune. "Je n’ai rien. Je suis un pauvre gars et miséreux." C’est dans la tête, ces choses-là.

Le pouvoir, c’est comme l’argent, quand on ne croit pas qu’on en dispose, on en demande toujours. Même le plus petit des pouvoirs, on ne le néglige point. On en demande et davantage. C’est dans la tête. On devient d’abord président dans sa tête. Comme la richesse, on devient riche dans sa tête et dans son âme. Autrement, on resterait éternellement sans pouvoir, ni avoir. Et dans son âme et dans sa tête.

B‘...



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