16-09-2014 19:45 - L’Islam, l’unité nationale, l’intégrité territoriale et la langue arabe : les lignes rouges pour tous les mauritaniens

L’Islam, l’unité nationale, l’intégrité territoriale et la langue arabe : les lignes rouges pour tous les mauritaniens

Mohamed Yeslem Yarba Beihatt - Une fois n’est pas coutume, et à contrecœur ces lignes seront écrites dans une langue qui est fichtrement étrangère au sujet que nous évoquons, car celle du colonisateur. Et du fait même que le sujet du débat concerne en premier et dernier chef les mauritaniens, qui ont tous, me semble-t-il, comme langue officielle et commune, l’arabe.

Langue sacrée de notre vénéré Prophète Mohammed (PSL) et de notre sainte Religion, l’Islam. Ainsi, à chaque fois que le sujet concerne une affaire, un débat, une question d’ordre national ou des sujets propres aux mauritaniens, nous devons éprouver une honte profonde à en discuter en français, et nous devons n’en débattre qu’en arabe.

Nous le savons tous, aucun français qui se respecte ne débattra avec ses concitoyens sur des sujets propres à la France, en allemand ou en italien, par exemple !

Cette mise au point faite, passons au vif du débat et disons de prime-abord que tous les mauritaniens, sans aucune distinction entre l’Arabe, le Berbère, le Hartani, le Soninké, le Pular ou le Wolof, le Nmadi, le Guermeity, ou le Ajmy ; tous les mauritaniens, tous, se sont sentis choqués, outragés même, par le drapeau, le slogan, l’esprit et les idées énoncées dans le communiqué sanctionnant la dernière réunion des dirigeants du mouvement FLAM (29/082014).

Un mouvement qui, même de retour dans le pays, et soi-disant ayant choisi de renoncer à la voie musclée, n’a pas su respecter les sentiments du citoyen mauritanien lambda, lequel vit en symbiose avec tous ses frères, depuis la nuit des temps, malgré les soubresauts, les heurts et malheurs parfois éprouvés.

Un mouvement qui, poussant le cynisme politique à son extrême, n’a pas eu honte de diviser la Mauritanie en lambeaux, exhalant ainsi les relents nauséabonds du racisme, du refus catégorique, viscéral et jamais renié, de vivre avec toutes les composantes de notre cher pays.

En plus de ces insanités et inepties des "Flamistes", à propos et discours racistes, prônant pernicieusement la séparation, et après avoir vu toutes sortes de vertes et de pas mûres "irréflexions"- manifeste de ceux-ci, manifeste de ceux-là…,- nous avons eu droit à un rapport du CRSM, publié sur CRIDEM en date du 04/09/2014, intitulé : "Pour une redéfinition équitable du pacte fondateur de notre nation en construction".

Même sans aller jusqu’à énoncer une volonté de se séparer chez cette composante, "Le Conseil Représentatif des Soninkés de Mauritanie, CRSM" parle d’une "Exception arabe et hiérarchisation". Et nous dis, je cite : "L’exception identitaire arabe est définie comme la tentation, qui perdure dans notre pays, de favoriser le développement prééminent de l’identité arabe aux dépens des autres composantes toutes autant constitutives de la nation mauritanienne, en mettant en œuvre de manière exclusive, l’officialisation de la langue arabe ainsi que l’arabisation imposée de l’enseignement." (Sic).

Mais de quoi parlent tous ces gens ? Quand est-ce que l’arabe a jamais posé problème aux Soninkés, avec leurs Oulémas et leurs écoles coraniques ; aux Pulars avec leurs érudits et mahadras célèbres ; aux Wolofs avec leurs Imams, Cheikhs et poètes, tous plus forts en arabe que SIbawayehi ?!!!.

Depuis quand la langue arabe était rejetée dans un pan, coin ou recoin du Soudan, du Fouta ou du Walo ? Toutes les correspondances entre les fils de ces respectables ethnies musulmanes d’Afrique de l’ouest se faisaient avec des "lettres arabes", et dans un lexique largement arabe, jusqu’à l’avènement de l’ère coloniale. Jamais un musulman Halpular, Soninké ou Wolof n’a senti ou exprimé la moindre antipathie à la langue du Prophète Mohammed (PSL) et du Coran.

C’était toujours sa langue officielle, qu’il parlait avec tout l’honneur et le plaisir que cette belle langue procure. Mais de nos jours, et après la naissance de l’Etat mauritanien moderne, il semble que dans l’esprit de quelques-uns, l’arabe, n’est plus considérée comme la langue évidemment, je dis bien évidemment, officielle de la jeune République Islamique de Mauritanie.

Du reste, l’arabe demeure cette belle, riche, savante et inégalable langue, de culture foisonnante, véhicule de savoir, de sagesse, et de connaissances humaines pour plusieurs civilisations, dont celle ingrate, qui se dit aujourd’hui Occidentale, et moyen d’apprentissage pour d’innombrables savantissimes et érudits du monde entier. Autrement, quel serait notre choix ? Aurions-nous choisi le français, langue du colonisateur, comme langue officielle ?

C’est dire combien le choix de l’arabe comme langue officielle était de l’ordre du naturel, mais surtout tout aussi judicieux et pertinent. D’ailleurs, n’eût été l’aveuglement de quelques francophones bornés de notre première élite, au lendemain de l’indépendance, et de leurs avatars actuels, le problème de la langue officielle n’aurait même pas été posé.

Cette brève évocation du faux problème de la langue arabe, nous amène à dire que l’officialisation de la langue arabe constitue, tout naturellement, le choix civilisationnel incontournable pour la Mauritanie moderne, répondant le mieux aux aspirations des mauritaniens, tous musulmans. Et il est fort regrettable que, au moment où les occidentaux et les asiatiques commencent à s’intéresser à l’arabe, qui est, faut-il le rappeler, une langue officielle à l’ONU ; nous trouvons des mauritaniens qui ne veulent fournir aucun effort pour l’apprendre, comme ils le font si aisément pourtant pour le français.

Mais est-ce à dire que dans notre pays, riche par sa diversité culturelle, il n’y a pas d’autres langues nationales ? Quiconque le nierait serait débile. Evidemment, nous nous targuons d’être riches, culturellement parlant, de nos langues Soninké, Pular et Wolof. Personne ne peut s’opposer à leur apprentissage, ni à leur partage, comme c’est d’ailleurs bien souvent le cas, entre tous les mauritaniens. Ils sont nombreux, ces maures qui parlent couramment le Wolof, le Pular ou le Soninké. Et vice-versa.

Nous ne pouvons que nous en réjouir. Ceci dit, si l’arabisation était généralisée, depuis le premier jour de l’indépendance, sans exploitation à des fins politiciennes, ni quelconque volonté de désavantager quiconque, nous n’en serions pas là. Ce qui nous amène à dire que le gouvernement actuel, et n’importe quel autre qui viendra après, doit redoubler d’efforts pour généraliser l’arabisation à tous les niveaux de l’Etat.

Ce qui nous amène à dire aussi que la dernière décision prise au sein de l’armée nationale concernant l’utilisation de la langue arabe pour ses correspondances est un réel acquis pour tout mauritanien, fier de son appartenance à ce pays.

Contrairement à ce que pense, fort malheureusement M. Lô Gourmo en prétendant que, je le cite : "C’est par sa désinvolture et son manque de patriotisme que le gouvernement, à chaque fois, pousse à la révolte identitaire et à la confrontation. Le dernier acte est celui révélé par la presse concernant la «décision» d’exclure tout usage du français dans les actes de commandement et de gestion au sein de l’armée.".

Quel aveuglement !, un mauritanien qui s’offusque de l’utilisation de la langue officielle de son pays, dans un domaine où l’accentuation de la marque de souveraineté nationale est on ne peut plus de mise !

En quoi la correspondance au sein de nos forces armées concerne-t-elle notre ancien colon et sa langue ? Et est-ce la faute à l’Etat mauritanien ou à l’armée nationale si des mauritaniens, en francophones bornés et incurables, ne fournissent pas l’effort pour apprendre l’arabe ? Non, soyons sérieux quand même, et sachons que la maîtrise de l’arabe est le premier facteur d’entente, de cohésion et d‘unité entre toutes les composantes de notre peuple.

Tout comme le fait d’ailleurs de parler couramment nos autres langues nationales. Pour ce qui est de l’intégrité territoriale, que les "Flamistes", à discours racistes et sécessionnistes, -qui doivent demander pardon au peuple mauritanien pour avoir osé décréter unilatéralement le partage de notre pays en plusieurs entités qui n’existent que dans leur imagination; eux et autres acabits, -qu’ils comprennent très bien ceci : le territoire mauritanien est un et indivisible. L’intégrité territoriale est sacrée. La Mauritanie est une et indivisible.

Elle appartient à tous ceux qui se partagent l’envie de vivre sur son territoire. Notre force est là. Celle de vivre tous ensemble. Sur le même territoire. Dans un seul pays. La vallée n’appartient pas plus à un Peul qu’à un maure, Soninké, ou Wolof. L’Inchiri, l’Adrar et le Tiris Zemmour est le territoire de tous les mauritaniens, Halpular, Soninké et Wolof, avant les maures. Tout comme les deux Hodhs, le Tagant, le Guidimaka, le Brakna ou le Trarza.

Jamais un patriote, nourri à l’amour sincère et profond de cette terre n’admettra son découpage, son morcellement et sa dislocation. C’est une atteinte grave à notre intégrité territoriale qui n’a pas sa place dans les annales de la République Islamique de Mauritanie. Pays que nous avons le devoir d’aimer, de Fdérik à Fassala, de Sélibaby à Nouadhibou, de Boghé à Néma, de Kiffa à Boulanouar, de Kaédi à Atar. Nous avons le devoir de léguer la Mauritanie à nos fils, une et indivisible.

Quant à l’unité nationale elle a été toujours préservée par le partage des valeurs nobles et sacrées de notre sainte Religion, l’Islam. Tous musulmans, Dieu Merci, sans ostentation, ni fanatisme ni radicalisme. Et s’il ya quelque chose à regretter, c’est que notre Islam, qui nous incite à la fraternité, à l’entraide, à l’entente, à la solidarité, à l’union, à la cohésion, à l’harmonie et à la concorde, ne trouve pas toute l’ampleur de son application chez nous.

Nous devons donc redoubler d’efforts pour surmonter toutes sortes de chauvinisme, de sectarisme, de clanisme ou de ségrégationnisme. Tous ces maux sont contraires aux préceptes de l’Islam. Et si notre Nation en cours de formation, a parfois connu des épreuves douloureuses, sachons les dépasser par un ressourcement chaque jour renouvelé à notre vrai ciment de solidarité nationale, l’Islam.

Dans ce cadre, nous devons dire, haut et fort à Samba Thiam et ses amis : vous avez tort de vouloir diviser la Mauritanie. En effet, c’est exactement le contraire à toute velléité sécessionniste que nous devons observer. Nous devons rester unis pour pouvoir affronter, tous ensemble, les vrais défis de notre pays: l’ignorance, la pauvreté et la maladie.

Le mauritanien n’est pas raciste par nature. Il peut souffrir des maux comme le tribalisme, le clanisme, l’esclavagisme, et la perpétuation des cadres ancestraux, caduques, d’une société bédouine fortement hiérarchisée, voire de castes. Ce sont là les vrais maux dont nous souffrons tous.

Ce sont là les vrais maux de notre jeune Etat Nation. Et si cette impression d’une quelconque "exception arabe" ou "injustice", "exclusion" "oppression", "esclavage" qui serait "institutionnalisée", si cette impression-là habite quelques-uns, ce n’est réellement que le résultat d’une pratique dévoyée de notre Islam.

Il nous appartient tous de corriger cela. Et le plus vite. Par des mesures tangibles, palpables, innovantes et courageuses. C’est à nos Oulémas et intellectuels de démontrer cette évidence : en Islam tous les hommes sont égaux. Ils ont les mêmes devoirs et les mêmes droits. Nous n’avons pas besoin des Occidentaux pour ne le faire apprendre à travers une panoplie de textes onusiens qui ne s’appliquent que quand ils servent la suprématie et les intérêts de l’Occident.

Un monde aussi hypocrite, plein de contradictions, dominé par l’équilibre de forces et les calculs d’intérêts lucratifs, qui ne donne sens aux Droits de l’Homme que si celui-ci est européen, américain ou israélien ; est un monde sur lequel, nous africains, ne pouvons pas compter. Il n’y a de droit, de justice et d’égalité que ce que nous exigerons de nous-mêmes, ici, sur cette terre, et avec toutes nos composantes, couches et strates sociales en accomplissant un vrai pèlerinage aux sources : les valeurs universelles de l’Islam.

Nous avons besoin, aujourd’hui, plus que jamais de dépasser le tribalisme, le clanisme, et les pratiques esclavagistes. Ces tares dont souffrent toutes les composantes de la Mauritanie. Les dépasser pour bâtir un Etat moderne fort et prospère, où tous les mauritaniens se sentiront enfin égaux devant la loi, et où seul le mérite compte. Nous avons pour cela le plus grand atout et le plus sûr rempart : l’Islam.

Mohamed Yeslem Yarba Beihatt



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