Le Rénovateur Quotidien - La première catégorie de la troisième génération des officiers de l’armée nationale se prépare pour la plupart à ôter l’uniforme. Sur le tableau des départs figurent des dizaines de hauts gradés de l’armée appelés à faire valoir leurs droits à la retraite.

Alors que certains sortent des casernes avec le grade de général réservé en priorité à un club très fermé d’officiers ayant participé ou béni le putsch contre le Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, d’autres vont devoir franchir la porte de sortie sans porter les prestigieux insignes de rameaux sur les épaulettes. Le regretteront-ils d’ailleurs ?

Le grade dans nos armées africaines relève de la pure fantaisie. Dadis Camara ou encore plus proche de nous le capitaine Sanogo autoproclamé général ne se sont-ils pas empressés d’enfourcher une gloire imméritée avant de tomber comme des lamentables clowns ! Sidioca n’avait –il pas aussi agi sous pression en élevant au rang de général celui qui la bouté hors du palais !

L’armée mauritanienne avait eu des célébrités qui s’étaient illustrées dans de grandes épreuves au temps où le grade ne faisait pas le prestige mais où l’intégrité morale et la vaillance créaient la différence au sein des troupes. Quand les grosses gourdes se meuvent dans la bourgeoise loin de la rigueur atmosphérique et les senteurs du camembert, les choses changent de forme et de signification.

Sur quels modèles les générations montantes vont-elles s’inspirer sinon sur des ainés qui ne respirent que l’aisance et l’autorité politiques. On entend plus dire d’un homme aux commandes dans les troupes de cette partie d’Afrique –là, qu’il possède un parc de GX dernier cris, des villas et ranchs qu’il n’est présent à la messe pour prêcher la morale des troupes.

A mesure que les générations passent les attitudes et comportements changent. La grande muette subit des mutations profondes et préjudiciables à l’image d’une armée républicaine qui doit se tenir loin des choix politiques et des préséances tribales. Nos hauts gradés ne veulent pas entendre parler de retour de l’armée dans les casernes.

Les élections ne sont en réalité que des cirques politiques pour porter toujours au pouvoir un ancien officier de l’armée qui s’entoure d’un carré de fidèles. Derrière chaque clan politique des cercles du pouvoir se profile l’ombre d’un puissant lobby politico-militaire qui oriente les décisions. Dès lors comment espérer de nos hauts dignitaires militaires l’abandon des manœuvres politiques et la modération dans la recherche du confort ?

C’est cette image que renvoie la grande muette qui nourrit les appréhensions au sein de la classe politique notamment dans les rangs de la jeune élite politique sur le refus de l’armée de renoncer à sa mainmise sur le pouvoir. Quand le cercle des faiseurs des rois commence à se rétrécir à cause des départs à la retraite, la question de la succession s’invite dans les débats des salons.

Une nouvelle génération d’officiers supérieurs qui rêve d’un couronnement attend avec impatience le tableau des avancements pour épingler le prestigieux titre de la lettre G.