22-11-2014 18:45 - Aleg : SOS-Esclaves sensibilise ses membres sur la Loi 048/2007 [PhotoReportage]
Dia Abdoulaye - Dans le cadre de la campagne IEC pour l’abandon des pratiques esclavagistes, L’ONG nationale SOS-Esclaves a organisé les 21 et 22 novembre 2014, dans les locaux de la Maison des jeunes d’Aleg, un atelier de formation et de sensibilisation de ses membres, sur la Loi 048/2007 avec l’appui financier du Ministère Néerlandais du commerce extérieur et de la coopération au développement.
Ouvert par le Hakem d’Aleg, M. Cheikh O. Baba aux côtés de M. Boubacar O/ Messaoud, Président de l’ONG, cette session de 2 jours a pour objectif global de « renforcer de les capacités de ses membres dans la compréhension de la Loi » et pour objectifs spécifiques de «se familiariser avec les principes de la Loi 048/2007 aux procédures ainsi qu’aux rôles de la société civile et de l’action civique ».
Après la présentation du chronogramme et du contenu des modules par Mme Salimata Lam, coordinatrice nationale de l’ONG, M. Boubacar O/ Messaoud a indiqué que la présente session « s’inscrit dans le cadre de la campagne IEC pour la vulgarisation des textes réglementaires sur le phénomène de l’esclavage ».
Il a rappelé que SOS-Esclaves a été créé en 1995 dans le but de « lutter contre les inégalités sociales et discriminatoires (esclavage, arrestations arbitraires, torture) qui minent encore notre société ».
Pour ce célèbre militant de la cause anti-esclavagiste, un des fondateurs du Mouvement "El Hor", « la société mauritanienne, toutes composantes confondues, étant profondément inégalitaire, il s’impose à tous les courants progressistes de conjuguer leurs efforts car l’unité nationale ne peut se bâtir sans la liberté ».
« Notre objectif n’est pas de confronter les esclaves et les esclavagistes car nous savons que esclaves et maîtres sont acculés par le poids de l’héritage social, mais de les sensibiliser sur les moyens d’éradiquer le phénomène ». Poursuivant sa dissertation, M. Messaoud a affirmé que « les esclaves aspirent à la liberté mais leurs aspirations ont été toujours étouffées dans l’œuf ».
« Nous avons été arrêtés et jugés à Rosso en 1980 par un tribunal spécial présidé par un colonel pour avoir osé mettre sur la table cette problématique !», A-t-il martelé avant de rappeler que « c’est à la suite de ces évènements que le régime de l’époque (NDLR. Celui de O/ Haidalla) a fait la Déclaration du 5 juillet 1980 condamnant l’esclavage". Cependant, il a fallu attendre 27 ans après pour qu’une loi criminalisant les pratiques esclavagistes soit adoptée par le parlement mauritanien pour mettre fin à l’impunité « car les dossiers étaient classés au niveau de la justice ».
C’est dans ce cadre que la présente session est organisée pour sensibiliser les esclaves et les militants des droits humains sur la Loi 048/2007 criminalisant l’esclavage et sur son application.
Durant 2 jours, 20 membres de SOS-Esclaves de la capitale du Brakna, ont suivi des communications présentées par Me Id O/ Mohamedou, avocat au barreau de Nouakchott portant sur le contenu et les caractéristiques de la Loi, ses aspects procéduraux, le cadre d’action au niveau de la police, de la gendarmerie et du parquet et la définition des délits et crimes d’esclavage. MM. Ahmed Babou O/ Mbareck et Jahloul O/ Salem, respectivement Superviseur de la campagne IEC et Point focal de l’ONG à Aleg, ont mis les bouchées doubles pour assurer l’organisation de cette session.
Cette formation est censée renforcer les capacités des membres de cette ONG ainsi que les stratégies de lutte contre ce phénomène car « l’accent doit être mis sur l’esclave qui veut se libérer sinon il est susceptible de se retourner contre nous », explique M. Boubacar O/ Messaoud qui reste convaincu que « c’est la frilosité avec laquelle l’Etat traite les cas de traite des personnes (1 seul cas reconnu jusque-là et condamné à une peine de 2 ans de prison), qui explique la radicalisation de certaines organisations comme l’IRA ».
Dia Abdoulaye
camadia6@yahoo.fr