21-12-2014 21:00 - Mauritanie-Union Européenne : Qui veut noyer le poisson ?

Mauritanie-Union Européenne : Qui veut noyer le poisson ?

Mauriweb - Est-ce le début d’une crise politique entre le Gouvernement mauritanien et l’Union Européenne ? La question mérite d’être posée au regard de l’intervention personnelle du président Aziz en réaction à la condamnation dont a écopé son régime en relation avec le maintien en prison de Biram Ould Dah Ould Abeidi, président de l’Ong anti-esclavagiste Ira.

Un mélange de genre du gouvernement mauritanien ou un alibi dont use l’Union Européenne pour faire pression sur la Mauritanie pour le renouvellement de l’accord de pêche ?

Ce qui est sûr c’est que le président Mohamed Abdelaziz semble outré par les européens qui lui ont promis de l’argent, 25 millions d’euros dans la lutte contre le terrorisme, et qu’il n’aurait pas reçu « à ce jour aucun euro » pour reprendre son expression.

Côté pouvoir mauritanien, c’est donc le temps des suspicions avec l’Union Européenne. La condamnation par le Parlement de l’emprisonnement du président de l’Ira ne serait qu’un « alibi » pour faire pression sur le Gouvernement mauritanien pour l’amener à reconsidérer sa position quant à la contrepartie financière réclamée pour l’accès à la ressource.

Soixante sept millions que l’Ue estime un peu cher pour que l’accord fini en queue de poisson le lundi 15 décembre 2014 soit rentable. Elle en proposerait 47.

C’est d’ailleurs la seule objection sur toutes les mesures acceptées dans le dernier protocole 2012-2014 qui assurent à la Mauritanie une mauritanisation de 60% des équipages, la donation gratuite de 2% de la capture débarquée dans le pays et l’exclusivité du poulpe aux nationaux.

Mais tout n’est évidemment pas parti par-là. Ce climat délétère a été usé depuis quelques semaines par les défenseurs de Cheikh Ould Baya qui ne voulaient voir dans ses propres déclarations sur sa propre fortune qu’une autre tentative de l’Union Européenne via une « partie mauritanienne » tendant à le décrédibiliser.

Dans cette nouvelle partie où apparemment le président Aziz a décidé de descendre dans l’arène pour porter main forte à son ami, Cheikh Ould Baya, au risque de susciter une crise dans un verre d’eau, avec l’Union Européenne, la mayonnaise du mélange de genre est bien préparée.

La coïncidence de la condamnation par le Parlement Européen du maintien du président d’Ira en même temps que d’autres de ses disciples, à un moment où la Mauritanie abrite le processus de Nouakchott est présentée comme une tentative de l’Union Européenne à pousser la pression à son paroxysme contre le régime en place pour l’amener à signer des accords de pêche.

La réponse cinglante du président Aziz qu’ « il n’y pas d’esclavage en Mauritanie » est quelque peu contrariée par les campagnes tous azimuts dans le pays présentant cette tare comme un crime. Des Imams ont même été invités à mener la guerre contre ces pratiques.

De son côté, même si la condamnation n’est pas contraignante, l’Union Européenne, l’un des principaux pourvoyeurs bilatéraux et multilatéraux du pays, semble jouer à des relations incestueuses avec le Pouvoir en place dont elle a besoin pour la lutte contre le terrorisme mais surtout contre l’immigration clandestine.

Une vanne que la Mauritanie a fermée grâce à la coopération opérationnelle avec l’Espagne notamment. Un dossier géré techniquement et financièrement par l’ex-colonel Baya. Encore lui!

Dans cette partie d’échec, l’ancien délégué Cheikh Ould Baya est apparemment un pion que le président Aziz utilise pour éviter un «échec et mat» dans ses négociations en sourdine avec l’Union Européenne. Car malgré les déclarations intempestives, les relations y compris l’accord de partenariat de pêche ne peuvent être rompues. Le pion trop en avant de ses lignes y laissera-t-il sa peau? Rien n'est moins sûr.

Si l’Ue a besoin des protéines mauritaniennes, le régime en place à Nouakchott a encore besoin d’euros pour faire face à la crise de vente des matières premières qui lui assuraient, avec la pêche, ses principales recettes. Alors où se dirige-t-on avec ce nouvel épisode d’une relation qui commence à faire des vagues ?

A l’affût, les requins chinois, voraces et spécialistes des dessous de table, se frottent les mains en espérant qu’après l’investissement de 100 millions de dollars de polyhondone, sans respect des engagements pris, profiteraient d’un éventuel divorce entre Bruxelles et Nouakchott.

Un chant de sirène que le Pouvoir, dans son intérêt bien compris, devrait exorciser d’autant que Paris est entrée dans la danse exhortant le Pouvoir au respect des militants des droits de l’Homme.

Alors qui vraiment tente de noyer le poisson ?

En attendant le Gouvernement mauritanien peut mettre en place son budget 2015 sans compter sur cette contrepartie. Cette affaire, sans compter les soubresauts avec quelques pays voisins est la première crise d'envergure pour le Pouvoir de Aziz. Elle intervient pour lui la veille de la remise de témoin de la présidence de l'Ua. Une position qui va probablement le fragiliser davanatage.



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Commentaires (7)

  • El Emine Sidi (H) 22/12/2014 17:26 X

    @Majlissi. Ne rêvez pas. Cheikh Oud Baya continuera à vous tenir la dragée haute. Pour le reste, vous pouvez vous gargariser niaisement d’un humour facile où, par exemple et entre autres, votre missile « Patriot » n’est qu’un pétard mouillé…

  • majlissi (H) 22/12/2014 16:47 X

    El Emine Sidi patriote dans le sens du missile qui implose peut être. S'il était comme vous voulez le gratifier simplement bon citoyen il aurait rendu l'argent de la république. Au lieu de ça, il a voulu affamer les pauvres gardiens de la MSP. Vraiment Patriot! lui qui (compter sur vos doigts): -conseiller du ministre -négociateur avec les européens -patron de la MSP -patron de la société de distribution de poisson -maire de zouérate (et dire qu'il a brimé son adjoint "un kwar" parce qu'il occupait seulement 2 emplois) -patron de stations de distribution d'hydrocarbures -patron d'un complexe hôtelier à Nouadhibou Votre cheikh est seulement insatiable. Si ces prédécesseurs qu'il accuse de corruption pour se présenter lui en champion de la sobriété gagnaient la moitié des 3 à 4 milliards par an, ils auraient certainement mieux fait que lui. Alors préservez vos salives, Cheikh ould bayé s'est bien rempli les poches au détriment de la collectivité nationale pour laquelle vous le qualifiez de "PATRIOT"!

  • El Emine Sidi (H) 22/12/2014 15:18 X

    @El Majlissi. Lorsque vous dites « La Communauté… » vous savez très bien que ce concept n’a aucun sens pour vous. Après avoir écumé notre océan il ne vous restait plus qu’à le récurer….Mais malheureusement pour vous et heureusement pour nous qu’il y a encore des patriotes comme Cheikh Ould Baya qui veillent...

  • sindibad (H) 22/12/2014 14:07 X

    l'union européenne n'est qu'une façade ils sont dés frères ennemmis ceux qui sont tributaires du poisson mauritanien sont les pays du sud ,qui sont en général méprisés par l'almagne et les pays nordiques ,il suffut donc de convaincre ses pays du nord de notre bonne cause pour casser ce concensus de haine contre notre pays au niveau ce lieux de de reglement de compte qui est le parlement européens.

  • majlissi (H) 22/12/2014 10:29 X

    Mr Bayé vous avez beau multiplié vos pseudos et commandité des commentaires, cela n'enlève en rien votre enrichissement aux dépens de la communauté. On comprend mieux pourquoi vous détourniez à tour de bras pour un oui et pour un non (surtout!) tous les navires y compris ceux des nationaux puisque vous étiez installé juge et partie. Alors vous avez raison, vous n'alliez pas vous priver.

  • El Emine Sidi (H) 21/12/2014 21:59 X

    Mauriweb. Là vous êtes devant un vrai problème: Vous avez la preuve qu’en tant que négociateur principal de l’Accord avec l’UE, Cheikh Ould Baya ne fait qu'appliquer les orientations du Président de la République. Avec compétence, transparence et détermination. Et il semble bien que le Président n’est pas prêt à remettre en cause les acquis historiques obtenus par Cheikh Ould Baya lors du dernier accord. Vos circonvolutions pour les détacher l’un de l’autre semblent donc inopérantes, et vos commanditaires risquent de vous couper les vivres. Alors, c’est quoi votre plan B ?

  • moukhabarat (F) 21/12/2014 21:57 X

    Il suffisait pour répondre au parlement européen que le notre condamne l'UE pour le traitement inhumain infligé dans cette région du monde aux personnes âgées: abandon dans des mouroirs, oubli par les enfants, déclaration d'incapacité mentale par des toubibs complaisants pour leur retirer le droit de jouir de leurs biens et cela au profit des héritiers...