19-01-2015 23:15 - Nouakchott abrite une Conférence de Haut niveau sur la Transparence et le Développement durable en Afrique: Charité bien ordonnée…
Mauriweb - En organisant les 19 et 20 janvier 2015 une Conférence de très haut niveau sur la transparence et le développement durable en Afrique, à laquelle il a convié les décideurs du Continent, le président Mohamed Ould Abdelaziz veut achever son mandat à la tête de l’Union Africaine en «beauté».
Mais il a pris le risque, énorme, que la conférence de très haut niveau ait un effet boomerang dans un pays dont le dernier remaniement gouvernemental faite suite aux soubresauts économiques à forte dose d’indélicatesses financières de son équipe gouvernementale.
La transparence en Afrique où les gouvernements sont souvent quasi-tous indexés de mal gouvernance hypothéquant ainsi le développement harmonieux des Etats se pose indubitablement avec acuité.
La tenue à Nouakchott de cette réunion de haut niveau sur la transparence et le développement, la Mauritanie s’offre en cobaye dans un Continent rongé par la mal gouvernance pour mesurer la persistance, malgré les vœux pieux, d’une inconsistance et d'une incohérence pathologique des slogans affichés avec la réalité scabreuse sur le terrain.
Non-droits et scandales financiers répétitifs
La Mauritanie est créditée ces deux dernières années par les institutions de Bretton Woods d’une croissance de l’ordre de 6%. Pour assurer la transparence dans la gestion publique, elle a mis en place une réforme ambitieuse du code de passation des marchés publics.
Mais tout cela n’aura servi à rien. Et le président Mohamed Ould Abdelaziz, président de l’Union Africaine, est le premier à en prendre conscience aujourd’hui après avoir chevauché 5 ans durant sur le slogan de la lutte contre la prévarication.
C’est en entamant son second et dernier mandat qu’il découvre l’étendue des dégâts au point de procéder au dernier remaniement, pour cette raison, dit-on. Durant tout son premier mandat où il pensait avoir verrouillé les caisses de l’Etat l’amère réalité l’a désarçonné.
Il s’est ainsi débarrassé du ministre des finances, Thiam Djombar; le remplaçant par le directeur des impôts, Mokhtar Ould Diaye, qui lui aussi traîne des casseroles (marchés de gré-à -gré pour les réfections de la direction des impôts). C’est dire que malgré le cadre juridique (presque parfait) et la volonté affichée, la pratique tranche avec le vécu.
Des ambassades mauritaniennes à l’étranger secouées par les détournements, aux perceptions du trésor public, en passant par le Csa, la Snim, les deniers publics n’ont jamais été aussi maltraités.
La corruption règne en maître absolu et les rapports financiers produits par les administrations ne sont finalement que chimères. Les prédateurs continuent donc de plus belle à mordre à pleines dents au fruit défendu. Les conséquences sont donc incommensurables sur les dépenses publiques en matière de droit à l’éducation, à la santé, de lutte contre la pauvreté.
Une administration désappointée
Lorsque en 2010, l’Etat annonçait en grandes pompes la réforme du code des marchés publics et la mise en place de commissions sectorielles qui ont la charge de faire appliquer la transparence, les mauritaniens ont commencé à jubiler. Mais pour pas pour longtemps.
Le premier acte de viol des dispositions mises en place a été le marché détournée par la Somelec pour sceller en 2012 un accord avec la société finlandaise Wartsila pour près de 250 d'euros de dollars.
La procédure de passation a ainsi été contournée. L’Etat censé donné l’exemple récidive avec le troc sur l’aéroport international de Nouakchott au profit de la société privée Najah. Et cerise sur le gâteau, il lui concède 15 milliards d’ouguiyas pour achever un aéroport qui a dépassé tous les délais de livraison.
D’ailleurs, un audit externe des marchés publics commandé par l’Etat épinglera plusieurs sociétés comme la Somelec, la Snde, Apause (ex ANADER), l’Ener,la BCM, la DPFE pour violation des règles de transparence….En fait, les finances publiques s’avèrent une passoire que l’Inspection générale de l’Etat révélera avec les derniers trous de plusieurs milliards d’ouguiyas entre Nouadhibou, Kiffa et Aioun ; pour ne citer que ces villes.
Le système financier du pays n’en est pas à une meilleure posture avec toutes les affaires vécues par la Banque centrale de Mauritanie devenue le repère d’une maffia qui se joue des intérêts du pays. La dernière affaire de la mise en banqueroute de la Maurisbank, le 31 décembre 2014, n’est qu’une autre illustration du dédain pour les finances publiques et pour les déposants.
Malgré donc la volonté affichée l’échec de la lutte contre la gabegie a été cuisant. Tant que les rentes minières le permettaient donc l’Etat a semblé fermer les yeux sur ces pratiques de mauvaise gestion patente. Il a même, à chaque fois, promu les principaux responsables de ces affaires sombres notamment l’artisan de l’accord avec Wartsila, Mohamed Salem Ould Béchir, et qui a été épinglé par l’audit précité.
Les fonctionnaires restent donc pantois sans savoir sur quel critère l’ascenseur politique est servi à des hommes convaincus de mauvaise gestion pendant qu’on utilise des fusibles pour des affaires qu’on ne pouvait plus parer.
Espérons que la conférence sur la transparence et le développement de Nouakchott ne se résumera pas aussi à des slogans sans lendemains...