05-03-2015 19:00 - B’il a dit : Président à vie…

 B’il a dit : Président à  vie…

RMI Biladi - Lors de sa dernière rencontre avec ses parlementaires, le président de la République s’est prononcé à deux reprises sur l’amendement constitutionnel. L’agence mauritanienne d’information n’a pas occulté ces passages relatifs à la Constitution. Elle mentionne : “Le Président de la République a indiqué que la constitution ne peut être modifiée que par referendum, ajoutant qu‘il y a des partis de l‘opposition qui ont demandé la révision de la constitution.”

Et d’ajouter, cette officine officielle de l’information, dans ce qu’elle ajoute et ce qu’elle sait toujours ajouter, depuis des temps immémoriaux que “Il a rappelé, à ce sujet, qu‘il n‘a pas demandé cette révision et n‘a pas le désir de l‘entreprendre. Il a ajouté qu‘en tant que garant de la constitution, il promet de ne modifier ce document que pour l‘intérêt suprême de la Nation.’’

On retient, dans ce qu’on retient, deux énoncés, rendus d’évidence, sur la langue présidentielle : “ la Constitution ne peut-être modifiée que par référendum.’’ Et  “sa promesse de ne pas modifier ce document – qu’est la constitution, ndlr- que pour l’intérêt suprême.’’ Et au passage, le président rappelle que l’amendement de la Constitution est une requête de certains partis de l’opposition.

C’est la plus belle, celle-là. Puisque, le président sait plus que quiconque, - ironie du sort - au sein même de cette opposition sur laquelle il aime s’appuyer pour évoquer l’amendement de la Constitution qui est à l’origine de cet intérêt pour ce document des Lois de la République.

La question n’émane pas, en tout cas, du forum national pour la démocratie et l’unité. Une autre opposition a bien déjà vécu son dialogue assorti d’élections et bien d’autres choses. Et cette rencontre avait comme ordre apparent du jour la question du dialogue. L’amendement de la constitution était l’ordre du jour latent. Cet ordre du jour sur lequel devra zoomer et l’agence officielle d’information relayée par ses filles de langue de bois et la radio et la télévision nationales.

Cette fameuse rencontre avec les parlementaires a permis, au moins au président, de mettre sur la table la question constitutionnelle. Et, il a avancé deux axes possibles pour un amendement de la Constitution. La voie référendaire et l’intérêt suprême de la Nation.

Le premier axe se rapporte à l’aspect technique et au moyen possible pour un amendement. Le second axe renvoie au mobile, le motif pouvant conduire à un amendement. Voyons alors. Posons les bonnes questions, ou mauvaises. Qui décide du référendum ? C’est l’intérêt suprême de la Nation ! Génial ! Et qui décide de l’intérêt suprême de la Nation ? Voyons, c’est le président de la République, le garant des institutions.

Il a, depuis son accession au pouvoir, à l’entendre discourir, œuvrer pour l’intérêt suprême de la Nation. Il n’allait pas surseoir, ni renoncer, à cet intérêt parce qu’il risque de conduire le pays à un statu quo permanent. A quelque chose qui s’apparenterait à une présidence à vie.
B‘...

Président avide…

Les choses commencent à s’éclaircir quelque peu. S’éclaircir, sans pour autant, apporter une lumière salvatrice. Dans les ténèbres les plus épaisses et cruelles, la netteté se prononce. Ce n’est pas antinomique. On a longtemps devisé sur cet intérêt subit chez le président pour un dialogue presque sans raison évidence, ni objective. Lui-même, il l’a dit.

Le pays se porte à merveilles. Juste une affaire de stratégie, stratégique pour le redire. Le président s’envisage déjà dans l’après son ultime mandat. La question le hante, l’habite et l’obsède. Il se démange. Se démange à savoir. A jauger l’opinion. A rester, tout simplement. A demeurer, là.

Accrocher coûte que coûte. Et ce n’est pas un document fait par des hommes qui l’en dissuaderait. Il ne se voit pas en dehors de son Palais de président. Il en a, on peut le dire, le palais fin. C’est une affaire de goût et d’insatiabilité face à laquelle toutes les Lois terrestres s’anéantissent et meurent de leur tragique mort de lois humaines et bassement terriennes.

Pour lui, l’affaire n’est pas si compliquée que cela. Les choses lui ont réussi, jusqu’ici. Il y a qui en face ? Les choses lui ont réussi avec la même classe politique. Il n’y en pas d’autres ! Avec la même armée. On n’en pas une autre ! Il n’y pas de raison pour un départ Constitutionnel. Et une Constitution, si elle n’envisage que le départ pour un président dont le mandat arrive à échéance, n’en est vraiment pas une. Elle serait même injuste, dans son entendement et dans son instant et son instinct présidentiel du moment.

C’est dire, que dans sa tête, le premier magistrat du pays, se projette déjà dans ce futur insupportable et presque surréaliste. Qu’il doit préparer, maintenant. Qui ose ou peut l’en empêcher. De l’autre côté, il y aurait, peut-être, un homme, deux ou trois, pas beaucoup en tout cas. Avec le temps, en 2019, ils seront frappés par l’impossibilité d’un âge. Les autres sevrés pendant deux mandats seraient bien devenus plus sages et plus conciliants. Les prébendes refusées régleraient bien le reste.

Le président pourrait bien, lui qui, jusqu’à présent, n’entrevoit, officiellement, il l’a dit et redit, la couleur d’aucune crise qui couve, songer à tous les scénarii possibles pour l’après 2019. Il n’a, en tout cas, pas fait d’efforts pour un départ apaisé. On lui attribue, en dépit de ses envolées de lutte contre la gabegie, une richesse devenue, jour après jour, depuis son avènement, croissante. On le verrait mal partir sans fracas.

Bien de zones d’ombres se dévoileront, après un départ constitutionnel. Donc, l’homme, dans sa logique de calculateur, a tout intérêt à s’accrocher encore quelque temps. Tenter, essayer. Ça vaut peut-être la peine. Une présidence à vie, pour un président avide, ça colle bien. Le pouvoir c’est en quelque sorte, pour le maréchalissime de Rachid Mimouni, une peine…à vivre. Bonne vie. Et bonne peine.

B’…



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