27-04-2015 00:00 - Déclaration de Bissau : Les femmes de la pêche artisanale proposent à l’Union Africaine de déclarer l’année 2016 « Année Africaine de la Pêche artisanale »
Lumières du Nord - Nous, femmes mareyeuses, micro mareyeuses, transformatrices des produits
de la pêche artisanale, membres des organisations professionnelles de
pêche artisanale de la Confédération Africaine des Organisations
Professionnelles de Pêche artisanale, la CAOPA, réunies à Bissau Ã
l’occasion de la Journée Internationale de la Femme :
Considérons que la pêche artisanale africaine :
est un atout des pays africains face aux défis de développement durable ;
est, de loin, le principal fournisseur d’emplois du secteur en Afrique;
stimule les économies locales, si elle est associée à des politiques de
protection sociale et de promotion du bien-être des communautés côtières ;
Considérons que :
L’amélioration de la gouvernance prenant en compte l’ensemble de la filière
pourrait conduire à un meilleur partage des bénéfices économiques et
sociaux de la pêche au sein des populations africaines, ainsi qu’à une
meilleure préservation des écosystèmes dont nos communautés dépendent
pour vivre ;
Dans la plupart des régions africaines, la capture et le commerce par la
filière pêche artisanale offre un ‘filet de sécurité alimentaire’ aux populations
les plus démunies ;
Les femmes professionnelles actives dans la pêche artisanale africaine sont
présentes à toutes les étapes de la filière ; elles sont le pilier de la cellule
familiale des communautés de pêche artisanale africaines;
De par leur place dans les communautés côtières, elles sont amenées Ã
jouer un rôle important, aux côtés des pêcheurs artisans, dans la gestion et
la résolution des conflits au sein des communautés de pêche, y compris entre communautés de pêche de pays voisins, notamment à travers des initiatives prises par les professionnels de la CAOPA comme les comités conjoints.
Etant donné que :
Les pêches côtières sont confrontées à de nombreux défis :
Beaucoup de ressources halieutiques côtières sont pleinement
exploitées voire surexploitées, ce qui conduit à une compétition entre
pêcheurs, voire à des conflits.
Les performances économiques et sociales de ces pêcheries
sont de ce fait en baisse. Beaucoup de communautés côtières qui
dépendent de la pêche vivent dans la pauvreté, sont exclues de la
prise de décision et en marge du développement. De plus, d’autres
utilisations des ressources marines, ainsi que des activités de pêche
non durables menacent la biodiversité, les écosystèmes marins et les
communautés côtières qui en dépendent pour vivre.
la mauvaise gouvernance dans la pêche affecte la plupart des
pays africains. En particulier, il y a un manque de transparence
important au niveau de la gestion du secteur de la pêche, le plus
souvent préjudiciable aux communautés de pêche artisanale; des
mécanismes formels de consultation et de participation des acteurs de
la pêche dans la prise de décision sont, le plus souvent, absents ou
inefficaces.
Il existe des limites d’ordre réglementaire dans l’arsenal juridique
des pêches dans nos pays, y compris en ce qui concerne les
pêcheries artisanales, pour pouvoir assurer une gestion transparente,
durable et participative de nos pêcheries, au bénéfice des
communautés côtières et des populations;
Préoccupées par :
La vulnérabilité croissante des femmes des communautés de pêche
artisanale, ce qui ne leur permet pas d’assurer pleinement leur rôle dans la
contribution à la sécurité alimentaire, à travers les activités de transformation
et de commercialisation des produits halieutiques, ni de remplir leurs
responsabilités pour le bien-être des familles et l'éducation des enfants.
Nous félicitant de :
la résolution de la première Conférence des ministres africains de la
pêche et de l’aquaculture en 2011 qui a recommandé que les États
membres de l'Union africaine examinent la possibilité de réformer leurs
politiques de pêche et d’aquaculture ,que ce processus est en cours depuis
2013 sous l’égide du NEPAD et du programme IBAR de l’Union africaine;
La reconnaissance grandissante de l’importance du secteur de la
pêche artisanale notamment, dans la Déclaration de la Conférence des
Nations Unies sur le développement durable de 2012 (Rio+20); les
directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes
fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts ;
Enfin, la plus grande reconnaissance de l’importance de la pêche
artisanale a été obtenue par l’adoption, en Juin 2014, des Directives
volontaires visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale dans le
contexte de la sécurité alimentaire et de l'éradication de la pauvreté.
Ces Directives cherchent à renforcer la contribution de cette pêche à la
sécurité alimentaire et à la nutrition. Elles visent aussi à favoriser et Ã
améliorer le développement équitable et à améliorer la situation socioéconomique des communautés de la pêche artisanale ainsi que la gestion
durable et responsable des pêches. Enfin, elles intègrent dans leur approche
les risques liés au changement climatique.
Nous, femmes mareyeuses, micro mareyeuses, transformatrices des produits de la pêche artisanale africaine :
Proposons à l’Union Africaine de déclarer l’année
2016 « Année Africaine de la Pêche artisanale ».
Avec l’objectif de promouvoir la mise en œuvre des lignes directrices
internationales en faveur de la pêche artisanale durable au niveau panafricain, en collaboration avec toutes les parties prenantes, au premier rang desquelles les organisations africaines représentant les hommes et les femmes qui dépendent de la pêche pour vivre.
Appelons les gouvernements africains à soutenir et
appuyer cette requête ;
Appelons les Ministres africains de la Pêche et de
l’Aquaculture, dans le cadre de la stratégie de
réforme des pêches africaines à mettre en œuvre,
dans leurs législations nationales, les Directives
Internationales Volontaires pour une Pêche
Artisanale Durable de la FAO, afin :
D’améliorer la gouvernance pour une gestion plus transparente et participative des pêcheries ;
De donner la priorité d’accès aux ressources à la pêche artisanale durable;
De mettre en œuvre le droit à l’alimentation, et de garantir la contribution de la
pêche à la réalisation de ce droit ;
Appelons les partenaires techniques et financiers,
les organisations professionnelles et les
organisations de la société civile à s’investir pour
que ces directives deviennent des outils efficaces
qui permettent au secteur de la pêche artisanale de
déployer tout son potentiel en tant que moteur d’un
développement social, environnemental et
économique durable, qui préserve leurs cultures,
leurs savoirs et leurs savoir-faire traditionnels.
Nous espérons que, en cette Journée
Internationale de la Femme, nos voix de femmes
africaines de la pêche artisanale seront entendue par nos Gouvernants.