18-05-2015 13:12 - Nouakchott et Bruxelles à pied d'œuvre pour renouveler l'accord de pêche

Nouakchott et Bruxelles à pied d'œuvre pour renouveler l'accord de pêche

Medias 24 - Après un coup de froid en liaison avec la question des droits humains, la Mauritanie et l'Union européenne ont décidé d'activer les négociations pour renouveler l'accord de pêche, qui a expiré en décembre dernier.

Le 8ème round du dialogue politique, tenu récemment à Nouakchott, a offert aux deux parties l'occasion d'exprimer la détermination de parvenir, lors de proches pourparlers, à "un accord équilibré" prenant en compte les trois principes de la stratégie mauritanienne en la matière, à savoir la préservation des ressources halieutiques, l'intégration de cette filière dans l'économie nationale et la transparence du secteur, dans un pays où "le poisson ne trouve pas preneur".

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz avait annoncé, en mars dernier, que les négociations reprendront incessamment à la demande de la partie européenne, tout en faisant part de la volonté de son pays de ne pas renoncer aux acquis réalisés au terme de négociations "marathoniennes et ardues" avant la signature du précédent accord (2012-2014).

Outre les mesures de protection des ressources halieutiques mauritaniennes, l'accord, qui s'étalait sur deux exercices seulement au lieu de quatre auparavant, portait sur le versement annuel d'une contrepartie de 113 millions d'euros à la Mauritanie, alors qu'elle était fixée à 80 millions euros dans le passé.

L'accord autorisait la flotte européenne à pêcher 300.000 tonnes de poisson superficiel, 5.000 tonnes de crevettes et 2.400 tonnes de crustacés. Contrairement aux anciennes expériences, il interdisait aux chalutiers européens de pêcher les céphalopodes, en particulier le poulpe.

Les bateaux européens devaient également décharger leurs prises au port de Nouadhibou, sous contrôle des services compétents mauritaniens, en plus de réserver 2 pc des quantités pêchées au marché local à des prix bas, au profit des quartiers populaires et les régions intérieures du pays. Les armateurs du vieux continent étaient aussi obligés de constituer leurs équipages à 60 pc de marins mauritaniens.

Après l'expiration de l'accord en juillet dernier, les deux parties avaient convenu, au terme de trois rounds de négociations, d'autoriser les navires entrés en activité après l'adoption de l'accord par le Parlement européen à rester dans les eaux mauritaniennes jusqu'à l'achèvement de 24 mois.

Ces bateaux, au nombre de trente, sont spécialisés dans la pêche de crevettes, alors que la quarantaine de thoniers et de chalutiers spécialisés dans les poissons d'eaux profondes ont dû cesser leurs activités.

Les relations entre la Mauritanie et l'UE étaient entrées dans une phase de tension après l'adoption par les eurodéputés d'une résolution non contraignante sur la situation des droits de l'homme en Mauritanie, appelant notamment à libérer les militants anti-esclavagistes, dont le chef de l'ONG Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Biram Ould Dah Ould Abeid, tous arrêtés après des manifestations à Rosso (sud) et Nouakchott, liées à une campagne récente de l'IRA pour dénoncer l'esclavage.

En réaction, les députés mauritaniens ont dénoncé "une ingérence" dans les affaires intérieures de leur pays, appelant à une riposte ferme, à travers l'édification d'un projet de société renforçant l'unité nationale, mettant fin aux disparités sociales et immunisant le pays de tous les dangers.

Pour sa part, le président mauritanien a déploré une résolution "non opportune", c'est-à-dire quatre jours après l'expiration de l'accord de pêche. D'où le scepticisme de la partie mauritanienne sur le timing de cette résolution.

Le différend avec l'Union européenne concerne un montant de 15 millions d'euros que l'UE veut déduire de la contrepartie financière, a précisé le chef de l'Etat, critiquant la politique de "deux poids deux mesure" de Bruxelles.

Le problème de l'UE "n'est pas les droits de l'homme en Mauritanie mais le poisson", a déclaré M. Ould Abdelaziz, sans ambages.

Pour éviter toute pression, le gouvernement a pris la décision de ne pas budgétiser les recettes de l'accord de pêche dans le projet de loi de finances 2015, en dépit de l'importance d'une telle rentrée d'argent pour les finances publiques.

Dans une tentative de protéger les ressources halieutiques de toute surexploitation et d'insérer la filière dans l'économie nationale, le ministère de tutelle a élaboré un projet de code de pêche maritime devant aider à la mise en œuvre efficace de la stratégie nationale de la pêche maritime.

Longues de 700 km, les cotes mauritaniennes sont considérées parmi les plus riches de poissons dans le monde, qui représentent 58 pc des exportations du pays, 10 pc du produit intérieur brut et 29 pc du budget de l'Etat.

En 2014, la Mauritanie a exporté 63.000 tonnes de poisson ayant rapporté plus de 274 millions d'euros pour le trésor public, malgré la baisse des exportations pour les deux géants asiatiques, la Chine (-27 pc) et le Japon (-27 pc), qui a été comblée par la hausse des volumes écoulés en Europe.

MAP



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Commentaires (1)

  • synthetiseur (H) 18/05/2015 16:07 X

    "Ont décidé d'activer".......a offert aux deux parties l'occasion d'exprimer la détermination de parvenir, lors de proches pourparlers, à "un accord équilibré"...... Rien que des voeux pieux, cet article ne donne rien de concret.......Le rappel historique des négociations est le seul contenu à retenir.