30-06-2015 06:18 - Crises multiformes sans fin

Crises multiformes sans fin

L'Authentique - Si aujourd’hui, les Mauritaniens souffrent tant dans leur chaire et dans leur cœur, s’ils ont perdu tout espoir de vivre décemment, et de profiter pleinement de leurs richesses, économiques, culturelles et sociales, c’est que leur histoire a été secouée par un accident, qui est provenu un jour de juillet. En fait, le malheur de ce pays vient du 10 juillet 1978.

Ce jour, la Mauritanie devait franchir son premier pas dans l’incertain. Tôt le matin de ce jour qui fait encore notre malheur, un groupe d’officiers s’est emparé du pouvoir. Sans savoir quoi en faire, ni comment le gérer. Depuis, la suite dramatique est connue de tous, parce qu’elle nous poursuit encore.

Ceux qui avaient "déserté" les champs d’honneur en tournant le dos au front pour squatter les bureaux climatisés et les villas cocues, ont fini par bradé l’avenir de tout un pays et compromis la construction d’une nation. Au premier jour de leur arrivée, spoliant le pouvoir du peuple de ses dépositaires légitimes, ils avaient promis la démocratie, le développement, la stabilité, la paix et toutes les bonnes choses auxquelles aspirent les hommes.

Très vite, ils prendront goût au luxe (et à la luxure), à l’argent et aux chimères de la puissance éphémère. Leur objectif sera de tout faire pour garder le pouvoir et se maintenir le plus longtemps possible aux "commandes". Leur seul projet de société étant de faire main basse sur le pays pour se "sucrer", en toute impunité, ils entreront vite dans des inextricables et inexplicables conflits d’intérêts. Les purges suivront les putschs et les complots chassaient les conspirations.

En errance idéologique permanente, les juntes s’allieront à tous les courants et mouvements politiques qui voulaient en faire un tremplin pour accéder au pouvoir. Mal en a pris tout le monde. Les militaires idéologisés -c’est connu- finissent toujours par devenir des monstres incontrôlables et, surtout, indéboulonnables. Et c’est ce que nous avons récolté de trente sept ans de régimes militaires médiocres et stupides.

A l’apogée de leur pouvoir individuel sanguinaire, les militaires se sont d’abord entretués. Ensuite, ils ont réveillé en nous des grégaires sentiments d’appartenance à des tribus, à des ethnies, à des régions puis à des émirats. La valeur du mauritanien se mesurait d’abord, à leurs yeux, à son origine, à son ascendance, aux dimensions de la tente de ses aïeux et à la couleur de sa peau.

Chaque "chef" a voulu avoir un clan ou un groupe autour de lui afin de s’imposer face aux autres. Partant, il a ameuté les siens et embrigadé une horde de tribus lui vouant loyauté et fidélité. Et pour avoir le chemin libre devant ses dévorantes et petites ambitions, il se montre déterminé à casser tout sur son passage. Même marcher sur la dépouille de la Mauritanie, était tolérable pourvu que le "roitelet en galons" arrive et s’impose au finish !

Jadis pays en voie de développement avec un peuple qui s’orientait, malgré les aléas et les conditions hostiles, à souder les fondements de son unité, la Mauritanie a tout perdu. Les juntes militaires qui ont eu à la diriger, ont tout foutu en l’air. Finalement, ce pays est tout simplement devenu un projet d’Etat en voie d’échec. Ne pillant pas seulement l’économie, les différents pouvoirs ont aussi miné les rapports politiques et sociaux au sein même de la société.

D’où le véritable drame de la Mauritanie d’aujourd’hui. Les "identités microscopiques" érigées en fondement, terreau nourricier de la division et des exclusions est le plus cancérigène des cadeaux que nous ont légués les juntes. Cette Mauritanie-là qui nous accueille aujourd’hui. Une Mauritanie avec des dirigeants opportunistes à merci obnubilés par la quête de l’argent, qui ignorent les valeurs du patriotisme et de la rigoureuse grandeur éthique et morale qui font partout ailleurs les grands hommes.

Ceux qui tiennent actuellement les rennes du pouvoir, ont fini par tuer en nous le rêve et l’aspiration à un avenir serein. Ils ont liquidé l’espoir démocratique et imposé l’un des leurs dans une supercherie jamais égalée dans l’histoire du pays, le plongeant dans une crise qui s’annonce perpétuelle, suicidaire et malheureusement pour nous, sans issue.

Si la honte tuait, après sept ans de félonie au cours desquels ils se sont enrichi et ont enrichi leurs proches des biens publics nationaux, ces leaders auraient, tout simplement abdiqué. Qu’ils ne s’en fassent pas, le peuple saura leur pardonner… rien parce qu’ils auraient décidé de disparaitre de ses vues.

Amar Ould Béjà



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Commentaires (1)

  • Symaodo (H) 30/06/2015 20:43 X

    LA CRISE la plus tenace est la crise identitaire.LA MIE est un pays mais le terme nation n' a aucune valeur.il y' a un État, de fait, mais le tissu social est en lambeaux.