04-07-2015 16:33 - Il faut sauver la saison de Kanawal (de l’Adrar)

Il faut sauver la saison de Kanawal (de l’Adrar)

Mohamed Fall Oumère - Kanawal, un quartier à l’entrée sud de la belle ville d’Atar. Un quartier qui a son histoire qui pèse dans la somme de l’Histoire de la région de l’Adrar. Un quartier qui a son caractère : festif, ouvert, cosmopolite mais aussi laborieux et organisé.

C’est naturellement dans ses grands espaces publics que s’organisent les veillées autour d’une partie de pétanque, d’un med’h, d’une soirée folklorique… C’est ici aussi que s’organisent les grands tournois à l’occasion de la guetna, ce festival des dattes qui est l’occasion de célébrer la culture oasienne très profonde.

Ici, la guetna est d’une ampleur et d’une couleur qu’on ne lui connait nulle part ailleurs. Kanawal devient un point de convergence où une partie du pays se retrouve le temps d’une célébration… Cette année, le mawsim de Kanawal risque d’être privée de l’une de ses manifestations majeures : le tir à la cible.

L’organisation qui la prend en charge est traversée par une profonde crise de leadership. La justice, comme à son habitude, a ajouté à la confusion dans ses décisions en faveur de l’une ou l’autre des parties prenantes dans un conflit qui a fini par prendre les allures d’un mauvais scénario et d’un tout aussi mauvais jeu de rôles.

Du coup, deux directoires pour l’union nationale du tir à la cible. L’exercice qui s’est transformé en sport noble ces dernières années, est devenu l’objet d’enjeux financiers considérables. D’où la lutte acharnée autour de son leadership.

Devant cette confusion, le ministère de la culture, ministère de tutelle, n’a pas trouvé mieux que de demander la suspension des activités de l’union. Il suffisait pour cela d’arrêter l’approvisionnement en munitions dont la traite est la première source de revenus de l’activité. Avec l’arrêt de l’activité, c’est tout un pan du festival (mawsim) de Kanawal qui se trouve en danger.

En effet depuis près de deux décennies, des concours de tir étaient organisés pendant ce festival. Ce qui drainait des activités économiques dont profitaient d’abord les populations laborieuses de l’Adrar. En plus des échanges sociaux et humains qui participaient à alléger la souffrance de ces populations confrontées au dur labeur de la culture oasienne qui est d’abord marqué par la carence de l’eau notamment et par l’hostilité du climat avec les chaleurs excessives.

Cette année, la guetna a été visiblement mauvaise, les problèmes d’approvisionnement en eau potable se posent encore et la culture maraichère a été à son plus bas niveau. La saison du festival était donc plus attendue que par les années passées.

Perçus comme un moment d’exceptionnelle abondance, les quelques jours d’activités sportives et culturelles qui animaient la ville d’Atar permettaient à des commerces de prospérer l’espace d’un temps certes court, mais intense. L’absence du concours de la cible cette année remet en cause ce fil d’espoir, cette soupape qui permettait de faire passer un souffle d’oxygène.

Les étrangers ont tué la région en la déclarant zone rouge. Les caprices du climat ont eu raison de la légendaire endurance des habitants d’une région longtemps habitués à vivre de la sueur de leurs fronts – ils sont les seuls dans l’espace Bidhane à faire du travail une valeur.

Il ne faut pas qu’une décision rapidement prise prive ces populations et cet espace d’une aubaine qui peut paraitre peu mais qui est beaucoup dans un environnement fait de rareté.

Le règlement des contentieux autour du leadership ne peut pas bloquer les compétitions prévues pour ce mawsim de guetna en Adrar. Parce qu’il va prendre du temps, parce qu’il exige une réelle prise de conscience des autorités et des pratiquants autour des véritables enjeux financiers et sécuritaires (surtout) du tir à la cible.

La décision prise par les autorités n’a pas pris en compte le sentiment de dizaines de pratiquants de ce sport. Elle a ignoré aussi l’intérêt des populations locales pour ce qui est devenu un grand moment social, culturel et économique pour des régions où le tir à la cible est une activité traditionnelle.



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 3
Lus : 1479

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (3)

  • hathlele (H) 05/07/2015 01:02 X

    Eh bien, si les deux directeurs du tir à la cible viennent animer le Mawssim se sera bénéfique pour tous! Chacun vienne avec ses équipes et que les meilleurs gagnent. Sauf si on craint un dérapage.Là , il faut que ceux qui craignent la mort se taisent... Sidi ould Bobba Zouerate

  • cccom (H) 04/07/2015 20:37 X

    Mr Oumeyr, merci pour la pensée à Kanawal. Cette année lui est effectivement difficile comme dans le reste de l’Adrar ; En fait ce qu’il faut sauver appelé à sauver c’est la civilisation ancestrale du palmier de l’Adrar : Le palmier est le pivot de l’éco-systéme qui permet à l’homme ,l’animal et la plante de survivre en zone désertique. Il est menacé depuis 1970 de disparition par les effets du changement climatique dont la sécheresse qui a détruit les forêts amazoniennes de Chinguetti, Ouadane , Aoujeft et Atar à des taux de 50 à 80%. Ce n’est pas les miettes du tourisme, de la pétanque, du festival des dattes , ni même les projets FADES, UE... qui vont sauver cette civilisation du palmier de l’ Adrar. l’Adrar a besoin d’un financement de 10 milliards d’UM que l’Etat peut mobiliser sur fonds propres pour lancer la plantation de 2000.000 de palmiers avec un systéme d’irrigation moderne qui économise 90% de la ressource pour créér une fois aménagés, dans les régles de l’art, 40.000 Zéribas (périmétres phoenicicoles de 50 palmiers) pour 40.000 jeunes pour créer non pas les miette des touristies, des tireurs de la cible ou de la pétanque mais une recette de : 1000 UM x 50 (kg) x 2000.000 (palmiers) = 100milliards d’UM soit plus que la recette de nos Mines de fer et 20 fois le nombre actuel d’employés de la SNIM. cheikhany_ouldsidina@yahoo.fr

  • sidi009 (H) 04/07/2015 17:14 X

    Kanawal se passerait très bien de la présence de ce club de sous doués gras et de cette culture triviale et désormais dominante de BARTIZAM débridés .