Abouth - L’Europe semble s’être passé le mot pour se barricader contre l’arrivée massive de réfugiés économiques et politiques, en provenance des zones de conflit au Proche Orient et en Afrique ; ceci n’est point de bon augure pour le monde, à commencer par l’Europe elle-même.

Ainsi, la Hongrie est à pied d’œuvre pour ériger un mur (haut de quatre mètres) infranchissable par les candidats à l’immigration; l’Angleterre perd son flegme légendaire face aux squatteurs de Calais et durcit, pour la première fois, ses lois sur le droit d’asile; la Macédoine déploie des «murs humains», en faisant le rappel de ses unités d’élite, pour obliger les femmes et les enfants de Syrie, victimes d’une guerre civile vaine, à errer dans un no man’s land, proies aux intempéries; l’Italie, désormais très performante en matière de «com» politique, n’arrête plus d’engranger les «succès humanitaires», des succès qui cachent mal l’ampleur d’une tragédie humaine qui dépasse de loin les capacités de ce pays ; la France, qui, comme chacun le sait, «n’a pas vocation à accueillir toute la misère du monde», tente, tant bien que mal, de «rester dans la moyenne européenne», en matière de politique migratoire. Sur un autre plan, l’agence «Frontex», basée à Varsovie, s’attèle à étanchéifier les frontières de l’Union européenne, en recourant à des méthodes qu’aucun des Etats membres ne veut assumer seul.

Pendant ce temps, l’extrême droite progresse électoralement presque partout en Europe, aidée en cela par les réminiscences démoniaques d’un passé récent et par la cristallisation délibérée du débat politique autour du seul thème de l’immigration. L’Europe, héritière du «Siècle des lumières», est à même de conjurer le sort que semble lui jeter la géopolitique moderne ; des initiatives comme le « dialogue 5+5 » et l’Union pour la Méditerranée, sont là pour l’y aider.

Pour ce faire, l’Union européenne, doit intensifier ses efforts diplomatiques, pour

1. Arrêter les guerres civiles qui secouent le Sud et l’Est de la Méditerranée (Libye, Syrie, Irak) et au-delà (Le Yémen et l’Afghanistan), car il n’y a aucune quiétude possible pour celui qui assiste, indifférent, à l’embrasement de la maison de son voisin.

2. Trouver une solution crédible au sempiternel conflit israélo-palestinien, source de bien des malheurs dans la région.

3. Définir une politique d’immigration rationnelle, une politique qui tient compte du vieillissement irréversible des populations au Nord de la Méditerranée et de la redoutable explosion démographique au Sud et à l’Est. Cette politique doit s’articuler autour de l’éducation et de la formation professionnelle comme priorités partagées autour de la Méditerranée.

4. Lutter contre les stéréotypes hérités des périodes sombres de l’histoire méditerranéenne (Croisades, Colonisation), ces réflexes qui entretiennent l’islamophobie au Nord de la Méditerranée.

5. Tenir compte du postulat simple selon lequel, désormais, la prospérité en Méditerranée sera partagée ou ne sera pas, car le développement des moyens de communication, la dégradation accélérée de l’environnement au Sud, l’insécurité et le développement des réseaux du terrorisme et du grand banditisme, rendront toujours caduques les solutions dictées par le populisme, l’urgence, la peur et l’égoïsme.

6. Favoriser, à terme, la constitution, au Sud de la Méditerranée, d’un grand ensemble politico-économique à même de prendre efficacement en charge les défis vitaux de l’insécurité et du sous-développement économique.

En l’absence de tels efforts de la part de l’Union européenne, le «vieux continent» déclinera inexorablement sur le double plan économique et social, au profit de régions du monde plus «ouvertes», tels l’Asie du Sud-Est et les Etats unis d’Amérique, et ce au grand dam de toutes les populations du pourtour méditerranéen…