09-10-2015 09:54 - Précisions sur l’article paru dans MAURITANIES1 et repris par CRIDEM intitulé «Mort d’oiseaux granivores et autres le long du littoral »
MEDD - Suite à l’article paru dans MAURITANIES1 et repris par CRIDEM intitulé "Mort d’oiseaux granivores et autres le long du littoral", le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable s’est vu contraint de donner les précisions suivantes en vu de lever tout équivoque et pour éviter toute polémique concernant ce sujet.
Le premier élément de base est de préciser que les oiseaux migrateurs transsahariens traversent le Sahara depuis plusieurs dizaines d’années durant la période de l’été comprise entre septembre et octobre.
Cela a été démontré par plusieurs ornithologues de renommée mondiale tel que l’ornithologue Anglais R E Moreau qui a estimé, dans les années 1970, que 4 milliards d’oiseaux migrateurs transsahariens effectuent annuellement l’aller-retour entre l’Euro-Asie et l’Afrique.
La grande majorité de ces migrants intercontinentaux traversent le Sahara à la fin de l’été (septembre/octobre), et après la saison de reproduction en Europe, Ils passent l’hiver européen en Afrique sub-saharienne et retournent vers le Nord au printemps, pour assurer leur reproduction et pérenniser ainsi leurs héritages.
A l’exception de la plupart des oiseaux côtiers (bécasseaux, gravelots, barges rousses, flamants, aigrettes, spatules…) et marins (goélands, mouettes, sternes, guifettes, fous de Bassan…), la majorité des passereaux insectivores et autres migrateurs transsahariens (tourterelles, cigognes, rapaces, canards…) traversent le désert très loin du littoral pour profiter des services éco-systémiques offerts par les centaines de zones humides temporaires ou permanentes et notamment celles de l’Est mauritanien. Celles-ci constituent un cordon d’oasis unique, indispensable à la survie des populations locales d’éleveurs et d’agriculteurs de l’Est. Ce gage d’avenir, véritable enjeu national, devra être accompagné et protéger pour garantir aussi la survie de populations entières de certaines espèces d’oiseaux migrateurs.
Conscient de l’importance des zones humides continentales, le Gouvernement Mauritanien a adopté en 2014 la Stratégie Nationale de Conservation des Zones Humides dont la mise en œuvre permettra de mieux de les protéger et les conserver tant pour les générations actuelles que pour les générations futures.
En ce qui concerne le phénomène rapporté par MAURITANIE1 et rapporté par CRIDEM ; il a déjà été observé à plusieurs reprises cette année sur la côte. Il résulte de l’impact de vents très forts provenant de l’Est sur des milliers d’oiseaux migrateurs en voyage et fragilisés par la traversée du Sahara. Tous les ans, surtout à la fin de l’hivernage ces vagues de migrateurs changent de cap pour éviter les températures élevées générées par l’harmattan et arrivent sur la côte normalement le jour précédent l’arrivée des vagues de chaleur. On peut observer ces oiseaux en mer malgré leur caractère profondément terrestre.
Les observateurs ont alors tendance à penser qu’ils migrent le long de la côte alors qu’ils essaient tout simplement d’échapper à la chaleur comme nous le faisons en allant à la plage pendant les jours de canicule intense. Lorsque que l’harmattan réduit son intensité, les oiseaux reprennent leur cap initial et continuent vers le Sahel et l’Afrique tropicale pour remonter en Europe six mois plus tard. Ils sont généralement plus visibles en automne car les migrations se font à altitude plus basse qu’au printemps.
Beaucoup de ces oiseaux, forcés de s’éloigner de leurs routes traditionnelles où ils se nourrissent, n’arrivent jamais aux zones d’hivernage plus au Sud et périssent sur la côte. Certaines années, comme c’est le cas actuellement, la mortalité naturelle est plus évidente et d’innombrables petits volatiles peuvent être observés morts sur les plages.
Seuls les meilleurs navigateurs et les plus aptes physiquement arriveront à transmettre leurs gènes aux générations qui les suivront. Si vous les voyez venir vers vous, se réfugier à l’ombrage de vos corps sur la plage pour un petit repos ne les capturez pas, laissez les tranquilles et ils arriveront éventuellement à rebrousser chemin. Vous pouvez toujours mettre de l’eau à leur disposition mais n’essayez jamais de les attraper ou de les forcer à boire ou à se nourrir.
Les migrations transsahariennes se font depuis des milliers d’années. Elles ont démarré fort probablement en conséquence des effets des changements climatiques naturels périodiques provoquant une alternance régulière entre des périodes glaciaires et d’optimum climatique comme celles que nous vivons actuellement.