05-02-2016 20:16 - «Nous avons aussi des partisans au Sénégal», dit un combattant sénégalais de l'EI
Slate Afrique - La radio RFI a pu s'entretenir avec l'un des 30 Sénégalais qui ont rejoint les rangs du groupe terroriste de l'Etat islamique en Libye.
Le nombre de djihadistes étrangers engagés dans les rangs de l'Etat islamique en Libye a fortement augmenté ces derniers mois pour atteindre 5.000 combattants, a indiqué un haut officiel américain jeudi 4 février à l'AFP.
Au fil des semaines et de l'intensification des bombardements des puissances occidentales en Syrie et en Irak sur les positions du groupe terroriste, l'EI a en effet commencé à détourner ses recrues étrangères vers la Libye où le groupe djihadiste gagne du terrain autour de la ville de Syrte.
Et parmi eux, une trentaine de Sénégalais selon le journaliste de Radio France internationale et spécialiste du djihadisme, David Thomson, qui a pu s'entretenir avec l'un d'entre eux. «J’avais vu que je ne pouvais plus vivre au Sénégal car la charia n’est pas appliquée. J’ai toujours voulu aller en Syrie mais Allah ne me l’a pas permis, je me suis donc dit qu’il fallait aller en Libye car c’est le même djihad», dit ce combattant.
La crainte d'une cellule au Sénégal
Ce djihadiste se fait également menaçant envers son pays natal en déclarant: «Nous avons voulu commencer le combat au Sénégal, mais les armes sont difficiles à trouver, alors nous avons décidé de rejoindre nos frères en Libye».
Des mots qui résonnent avec l'inquiétude dont nous faisait part sur Slate.fr Henri Ciss, porte-parole de la police nationale sénégalaise. «Notre plus grosse crainte est d’avoir une cellule de dix à vingt djihadistes sur notre sol», disait-il lorsque nous l'avions rencontré à Dakar. Pour les autorités sénégalaises, le scénario noir serait celui de la création d’une cellule terroriste sur le sol national. Et une mainmise croissante de l'EI sur certaines régions libyennes n'est pas pour rassurer Henri Ciss.
«Avec la proximité de la Mauritanie, qui est une porte ouverte sur la Libye, il peut y avoir une entrée de djihadistes au Sénégal. On a créé de nouveaux postes frontaliers à la frontière mauritanienne. Il y a un maillage sécuritaire plus dense. À Rosso, où il n’y avait que la gendarmerie, on a ouvert un nouveau poste frontalier. Mais il est évidemment toujours possible de traverser la frontière».