23-06-2016 01:30 - Agriculture : l’Afrique revendique toujours son « droit à la paresse »

Agriculture : l’Afrique revendique toujours son « droit à la paresse »

Elhourriya - À Abidjan, African Media Initiative (AMI) et la Banque mondiale avaient réuni, du 12 au 16 juin 2016, une cinquantaine de journalistes venant d'une vingtaine de pays.

Le thème choisi (l’agriculture) paraissait ordinaire. Mais la problématique abordée l’était moins : Renforcer les capacités et la couverture des secteurs de l’agriculture et de l’alimentation en Afrique sub-saharienne.

A l’arrivée, j’avais certaines appréhensions. Que va-t-on (encore) dire? On restera sans doute dans une logique « banque-mondialiste » de perspectives et de stratégies. D’adoption et non d’adaptation. De similitudes débouchant, invariablement, à des simulations. En fait, une Afrique qui se cherche, soixante ans après l’indépendance de la plupart de ses États.

Pourtant cet atelier avait sa particularité. Le diagnostic des secteurs de l’agriculture et de l’alimentation en Afrique avait valeur d’autocritique pour ne pas dire d’autoflagellation. Pour les dirigeants qui ont échoué à faire décoller les économies de leurs pays. Pour les experts nationaux et internationaux qui pensent et repensent des politiques ne tenant souvent pas compte de « l’existant».

Et pour les journalistes africains, « coupables » de n’accorder à ce secteur vital que 10% de leur couverture médiatique. C'était d’ailleurs là la raison d’être de cet atelier qui se voulait comme un « éveil » à l’agriculture. Et le choix de la Côte d'Ivoire, en ce sens, était loin d’être innocent.

Les journalistes ont découvert, en allant sur le terrain après deux journées de réflexion « à fond » qu’il y a bien des choix économiques (stratégiques) possibles.

Pour un pays comme la Côte d’Ivoire, ce choix était de miser, pratiquement TOUT, sur le secteur agricole. Certes, au tout début de l’indépendance, le président Houphouët-Boigny avait fait sienne cette orientation mais elle n’avait pas suffisamment bénéficié de la « vulgarisation » médiatique nécessaire.

Se faisant comme en vase clos, sa portée d’exemple pour le reste de l’Afrique était très limitée. Pour un pays dont l’agriculture constitue 47% des exportations et Près de 30% du PIB, c’était comme une sorte de négligence coupable.

Des pays qui ont les mêmes potentialités devraient être en mesure de « repiquer » l’exemple ivoirien. Mais il faut d’abord que cette expérience soit connue et reconnue. Éric Chinje, PDG de l’AMI, insiste sur cet aspect de la question. Les journalistes africains doivent désormais s’impliquer à fond dans les questions de développement du continent.

Ils doivent comprendre que ce n’est pas seulement une affaire entre politiques et experts, qui les place, eux, dans la position statique de « l’attente du communiqué de presse ».

L’atelier d’Abidjan doit être le point de départ de cette nouvelle perception qui fait qu’aucun développement n’est possible sans une couverture pertinente des questions essentielles. Fournir des éléments essentiels pour forcer la décision dans les domaines essentiels. Laisser de côté les « bavardages » sur les stars et les politiques, il en est temps.

Mener un travail avec les institutions sur des questions comme celle de l’agriculture qui représente près de 50% du PIB et de la création d’emploi. C’est un secteur dominant. Même si les gouvernements ne lui allouent qu’entre 3% et 10% de leurs budgets alors qu’ils en tirent l’essentiel de leurs ressources.

Pourtant, les Africains dépensent 37 milliards de dollars US pour importer ce qu’ils consomment alors que les 2/3 des terres arables du continent sont inutilisées ! Ces ratios révèlent les paradoxes d’une Afrique potentiellement riche mais qui peine à « transformer ses défis en masse d’opportunités », dira l'un des intervenants de la première journée.

Pour cela, les Africains doivent cesser de réclamer leur « droit à la paresse ». L’émergence ne se décrète pas; elle est acte. Action. Parmi les 3 milliards de personnes (petits producteurs) qui vivent de l’agriculture et produisent 70% de ce que nous consommons, la part de l’Afrique est encore moindre.

Et si en 2016, le nombre d’obèses (2 milliards) dépasse, pour la première fois, le nombre des personnes qui ont faim, les 2/3 de ces « sur-nourris » vivent dans les pays développés. L’Afrique ne doit plus attendre que le riz qu’elle mange lui vienne de Thaïlande ou que le blé lui soit acheminé de Russie ou des USA.

Comment doit-elle faire alors pour fausser les prévisions dans le bon sens? Ne pas attendre, par exemple, 2030 pour produire SEULEMENT 35% de sa consommation. C’est aux journalistes de s’impliquer davantage maintenant pour pousser dans ce sens.

Sneiba Mohamed







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