Oumar Ba - Le lycée de Bababé qui recense plus de 2078 élèves est composé de 39 sections, 7 classes de première année, de 24 salles de classe pour tous les scolarisés soit un déficit de 15 salles et de 31 professeurs avec des arriérés de paiement en eaux et électricité de 1.500.000 UM. Avec la somme espérée, l’administration pourra réhabiliter 3 salles.

Le Directeur refuse d’accepter l’arrivée en transfert, prône le départ et la suppression de la 7ème D, la 5ème C pour limiter le nombre d’élèves. Les deux surveillants généraux et le directeur sont obligés de donner des cours pour mieux contourner le manque d’enseignants.

L’année scolaire 2016-2017 est marquée par une innovation de taille pour cesser avec la politique de la main tendue et essayer de mettre en place une politique qui permet d’augmenter les ressources disponibles dans le but de relever le défi et solutionner le problème de manque de locaux et de tables bancs.

L’absence d’électricité et d’eau, les toilettes non liées au réseau d’addiction d’eau et un terrain de foot sans camps sont à noter. Avec tous ces problèmes, il parait impossible de répondre à la forte demande éducative puisque le lycée polarise plusieurs villages. Nous sommes allés à la rencontre de Monsieur Alhousseyni Sy, le Directeur de l’établissement qui est à sa deuxième année de fonction.

A la prise de parole, il fait l’état des lieux : j’ai hérité de mes prédécesseurs un état de délabrement très avancé et de désorganisation totale. Pendant sept ans, le lycée n’a pas été géré comme il se doit parce que les ancien dirigeants ont brillé par leur absence et n’ont laissé derrière eux aucune archive.

Pour palier le problème, il appelle toutes les parties prenantes à coopérer pour redresser l’établissement et c’est dans cet ordre d’idée que le directeur a suggéré aux parents de faire des actions parallèles à celles de l’État qui a eu à équiper le lycée en tables bancs même si c’est insuffisant.

En réponse à l’appel lancé, le Maire, Blé BA, a eu a débloqué 500.000 Um pour la réhabilitation des locaux de l’ancien collège qui date de 1994. Pendant la grande fête de fin d’année de l’année précédente, le Docteur BA Amadou Racine a mis à la disposition des autorités du dit lycée une enveloppe de 1.000.000 UM.

Étant donnée que l’État ne peut pas couvrir tous les frais de gestion, Les parents et le bureau départemental des parents d’élèves ont instauré une cotisation de 500 Um par élève et par an qui n’a pas été suivie l’année dernière et gérée par une commission de parents dont le trésorier s’appelle Beya. Monsieur SY s’est rassuré pour cette année, il souligne : les cotisations affluent de partout et les parents sont en phase avec le projet. Cette somme va permettre de réhabiliter les locaux qui étaient en zinc emportés par les tempêtes et de ramener le courant pour pouvoir utiliser les TIC.

Il souligne que l’administration ne s’est pas immiscée de près ou de loin dans cette procédure, et d’ajouter que ses patrons me suggèrent d’utiliser les écoles fondamentales qui sont même pléthoriques et très éloignées du lycée ou de faire des cours l’après midi pour combler les 30 heures exigées.

Pour recadrer la population, le Directeur signale que tous les élèves qui avaient cotisé l’année dernière 500 UM et détenant les reçus de paiement ne sont pas concernés pour l’année en cours et que cela concerne tous les écoliers. Pour trouver de places à tous les élèves, nous avons reçu l’ordre d’utiliser les quatre salles construites à l’ancien camp militaire par le HCR, c’est une proposition à étudier.

La grande solution est pour l’homme fort de réfectionner le bâtiment dont les dalles se sont affaissées, de demander un deuxième collège pour la ville et de construire des collèges dans les communes du département.

L’échec scolaire est partagé.

Pour rappel, l’année dernière, l’établissement a enregistré 0 admis à la première session-3/400 à la deuxième session- comme à Bogué, Mbagne, Bagodine. Dans la vallée, les résultats catastrophiques du baccalauréat sont dus aux cours dispensés en classe de terminale par des professeurs de premier cycle qui n’ont pas des pré requis pour donner des cours décents, modèles, et adaptés et ne peuvent pas concevoir des exercices adaptés pour mettre les candidats dans les conditions d’examen. Les contractuels qui n’ont pas reçu des formations académiques sont aussi responsables, des gens qui faisaient économie ou droit sans encadrement et mis en place pour combler les lacunes ne peuvent pas relever le défi ni se permettre de donner des cours en mathématique, physique chimie ou de sciences naturelles, selon le Directeur.

L’échec est partagé par l’administration du lycée, les professeurs, les parents et les élèves. Les parents refusent de payer des cours à 1000UM pour mieux encadrer les enfants alors qu’ils se permettent d’acheter des téléphones et effets de toilettes à leurs enfants qui représentent un mauvais investissement fait-il remarquer.

Pour ce qui peut y remédier, il propose de motiver les élèves et les professeurs et créer des cadres d’attraction en aménageant la cour, en plantant des arbres et équiper le terrain de football.

Un appel lancé…

Seule la réorganisation du système éducatif et l’encadrement des élèves peuvent rehausser le taux de réussite. L’incitation aux lycéens à aimer les matières dispensées en arabe qui représentent 50% des points. Et pour que cette décision ait d’impacte positif, il faut que tout le monde participe à la bonne marche des choses. Limiter leurs accessibilités aux ordinateurs et téléphones, propose-t-il. Ceux qui sont de l’autre coté comme de Dioudé où leurs enfants sont obligés de traverser tous les matins le marigot dû à l’enclavement doivent bénéficier de la générosité des habitants de Bababé pour mieux débuter l’année scolaire et essayer de réveiller l’esprit communautaire. Le Directeur exige les familles de Boghé à héberger les enfants qui veulent apprendre là-bas et qui viennent des villages environnants soit de façon permanente soit de façon temporaire pour juguler le problème qui se pose avec les enfants de Dioudé enclavés avec les eaux de pluies.

Sy Alhousseyni lance un appel aux hommes d’affaire, aux politiques, à la diaspora d’avoir une pensée pieuse au lycée de Bababé pour que cela se redresse et pour finir il rappelle son devise que ses anciens élèves connaissent mieux que ces partenaires : je ne veux pas être l’entraineur d’une équipe qui ne gagne pas et je veux que le lycée de Bababé soit un grand lycée et je suis là que pour ça. C’est ma mission !

La question qui se pose est de savoir si l’augmentation des ressources, toute chose égale par ailleurs, permettra d'accroître la performance des élèves et par conséquent les admis et si les résultats escomptés ne s’affichent pas s’il faut continuer de réclamer le billet d’entrée.

BA Oumar Anno