ONG AISER - Dans le cadre du projet conjoint entre l’UNICEF et l’ONG AISER pour la participation citoyenne des jeunes dans l’espace public et la protection de l’enfance, plusieurs missions ont été programmées notamment dans les Wilayas du Gorgol (Kaédi, Kiffa et Mbout) et en Assaba.

La première mission ayant pris place au Gorgol avait pour objectif de promouvoir et de renforcer l’engagement des jeunes dans l’espace public à travers l’organisation :

- D’un forum café (espace d’échanges pour la jeunesse) dont le thème était « jeunes acteurs du développement / valorisation de l’engagement pour une implication citoyenne durable ;

- D’une projection débat sur les mariages précoces en partenariat avec la commune de Mbout et les associations locales ;

- De causeries éducatives et d’échanges avec les autorités locales et les associations de jeunes.

Ces activités, régulièrement organisées par l’ONG AISER à Nouakchott, ont pu pour la première fois, voir le jour dans des régions reculées du pays grâce à l’appui financier et technique de L’UNICEF. En effet, l’agence onusienne a toujours veillé à ce que le renforcement des capacités de ses partenaires de mise en œuvre soit décuplé et partagé avec leurs propres collaborateurs sur le terrain.

C’est ainsi que les jeunes de Mbout ont pu bénéficier de ces activités menant vers une appropriation citoyenne de l’espace public. Ce fut l’occasion pour eux de se familiariser avec les concepts clés de la citoyenneté et du rôle qu’ils peuvent jouer pour améliorer leur vie au quotidien. De s’exprimer aussi sur leurs préoccupations même les plus tabous comme le mariage précoce et d’en connaitre les méfaits sur leur avenir et leur santé.

Ces préoccupations ont fait l’objet d’une écoute attentive et ont donné lieu à une séance de travail entre l’ONG AISER, les autorités locales et la société civile, en vue d’une potentielle collaboration sur les grands axes suivants :

1. La promotion de l'éducation à travers l'initiation à l'informatique

« Nous avons été témoins de la première lettre écrite par cet enfant. Un « e » hésitant à peine lisible sur le tableau noir. En regardant le visage ébahi de l’enfant, nous savions que le déclic a eu lieu.Un moment magique se passait juste sous nos yeux », témoigne, Patrick membre de l’ONG AISER.

Cette scène s’est déroulée dans l’unique laboratoire d’informatique non fonctionnel de Mbout. En effet, après que l’inspecteur de la jeunesse ait fait remarquer le mauvais état du matériel, il a été décidé de mobiliser les fonds pour son renouvellement ainsi que le recrutement de volontaires. Ces derniers superviseront et assisteront les jeunes dans l’utilisation des ordinateurs en général et d’internet en particulier.

2. La promotion d'une bonne alimentation à travers les démonstrations culinaires

« Nous n’avions même pas connaissance de telles coopératives chez nous. Elles constituent notre savoir-faire. Notre richesse que l’on doit de transmettre à nos enfants ». A souligné l’un des parents lors d’une visite d’une coopérative préparant la farine à l’ancienne »

En effet, ces coopératives en collaborations avec les ONG locales ont mis en place un programme de démonstration culinaire afin de présenter l’importance d’une bonne nutrition auprès de la nouvelle génération. Une explication de recettes simples et peu coûteuses mais aux indices nutritionnels très élevés, pour allier santé, plaisir et économies. A l’instar de la production de farine, ces traditions culinaires locales doivent être davantage exploitées afin de garantir une résilience des populations pour subvenir à leurs besoins essentiels par leurs propres moyens.

3. La promotion des méfaits du mariage forcé à travers les causeries

« Tous les soirs en quittant mon école, je ne peux m’empêcher de jeter un regard furtif au-dessus de mon épaule pour admirer une dernière fois le maitre et les enfants jouant encore devant la porte d’entrée. Comme si je voulais garder un souvenir de cette scène que je n’allais plus avoir la chance de revoir. Comme si on allait me forcer à me marier le lendemain et rester à la maison. Le mariage n’est pas une menace passagère chez nous. C’est une réalité bien ancrée dans nos vies. ». Avoue, à demi-mots, une jeune fille assistant à la causerie sur le mariage forcé.

Ce poignant témoignage de cette jeune fille à peine entrée en adolescence, a ému l’ensemble de l’audience. Les parents curieux qui avaient fait le déplacement pour assister à la causerie, ont été les plus touché et ont cherché à en savoir plus sur le sujet. Pour en sensibiliser encore davantage, l’ONG AISER programmera en partenariat avec les associations locales des causeries (clubs de jeunes) pour discuter librement des méfaits du mariage précoce. Ces causeries seront encadrées par le MASEF.

4. La promotion de l'hygiène et de l'assainissement à l'école
« Onze longues années. Plus d’une décennie que rien n’a bougé ici » a affirmé un élève en faisant référence aux seules toilettes insalubres de son lycée à Mbout, l’air presque dégouté de la vie. « Nous, les garçons, nous nous débrouillons comme nous pouvons. En revanche, les filles doivent aller frapper à la porte des voisins les plus proches à leur risque et péril. Souvent le gardien de l’école ne nous laisse pas sortir de l’école. Mais vous conviendrez avec moi que ce n’est pas non plus une solution ».En déduit le jeune lycéen avec tristesse.

Ce lycée a été pourtant classé 2ième lors des résultats du BAC de cette année. Un prestige qui devrait au moins se traduire par la reconstruction des latrines. Devant une telle situation, l’ONG AISER a décidé de se pencher sur la question en mobilisant les ressources et en sensibilisant sur la bonne hygiène des lycéens. La mission s’est donc achevée après que le bilan des activités ait été dressé. Les préoccupations des jeunes ont été notées et ont même fait l’objet de futurs projets à programmer avec les autorités locales et les associations sur place. En effet, lors de notre visite de courtoisie, le Hakem Moussaid (adjoint) a bien précisé que cette initiative devrait être pérennisée par des actions pour le long terme. « Cet engagement naissant de la jeunesse est la preuve que nos jeunes sont mobilisés pour leur pays qu’ils soient à Nouakchott ou partout ailleurs en Mauritanie » a-t-il ajouté.

L’ONG AISER et l’UNICEF continueront à apporter tout leur appui pour faire évoluer leur situation afin de garantir à chaque enfant un avenir meilleur.

Par Amal Moussa Hormatallah.

Contacts : ONG AISER / Citoyenneté et droits humains

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