16-03-2017 12:11 - Mauritanie: un système éducatif à l'agonie

Mauritanie: un système éducatif à l'agonie

Le360 - Le président mauritanien accuse les courants nationalistes arabes et négro-africains (composante non arabe) d'être à l'origine de la faillite du système éducatif. Une explication trop tirée par les cheveux car elle ne peut expliquer cet énorme gâchis qui dure depuis plusieurs décennies.

Parler de maladie à propos du système éducatif mauritanien relève d’un doux euphémisme, car le secteur se trouve dans un coma profond, selon l’avis concordant des spécialistes.

Ainsi, la situation désastreuse qui prévaut au sein de l’école a été au centre d’une audience accordée par le président Mohamed Ould Abdel Aziz, à une délégation du Bureau exécutif du Syndicat de l’enseignant supérieur, conduite par son patron, Mohamed Lemine Ould Chamekh, ce mardi.

Une rencontre au cours de laquelle le chef de l’Etat mauritanien a situé l’origine des maux dont souffre le système éducatif national dans «le conflit» entre les courants nationaliste arabe et négro-africain (terme désignant la composante des Mauritaniens non arabes) sur plusieurs décennies, selon des confidences rapportées par certaines sources à l’issue de la rencontre.

Les propos prêtés au président de la République déroutent quelque peu. Car, l’homme présenté actuellement comme le plus grand idéologue du régime de Nouakchott, Mohamed Yehdhi Ould Breidelliel, est un vieux routier du nationalisme arabe, qui serait ainsi, selon la logique du président, en partie, un des responsables de la mise à mort du secteur de l’éducation nationale.

Mais, au-delà des courants nationalistes arabes et négro-africains, l’explication présidentielle paraît aussi outrancièrement simpliste. En effet, elle semble occulter la responsabilité totale des différents régimes politiques, ayant eu le devoir historique de concevoir et mettre en œuvre un enseignement adapté à la réalité de la société, dans la situation d’un pays aspirant au développement, selon l’avis des spécialistes de la question.

Par ailleurs, les propos attribués au président rentrent dans le contexte d’un débat national à travers lequel les partisans d’une arabisation à outrance, les moins prudents élèvent la voix pour annoncer leur ferme volonté d’imposer ce choix «par le fusil».

En attendant, le système éducatif national se calcine à grosses flammes. Ce qui le met dans l’impossibilité de remplir sa mission originelle : c'est-à-dire participer à la transformation de la société.

Une réalité illustrée par les résultats du baccalauréat au cours des dernières années, notamment entre 2013 et 2016, avec des taux de réussite qui ont parfois frôlé des niveaux planchers de 8 et même 6%. Aux origines du mal, une multitude de réformes démagogiques qui se sont toutes soldées par des flops retentissants, avec comme résultat des courses une perte sur 50 ans.

Un constat qui inspire la réflexion troublante de cet expert des sciences de l’éducation: «les performances nulles de l’école mauritanienne doivent être recherchées à plusieurs niveaux. La politique nationale dans le domaine de l’éducation, a transformé toutes les écoles du fondamental à l’université, en véritables centres à profusion d’ignorants. Une pagaille généralisée dans la gestion d’une institution sans objectif cohérent, ni boussole depuis plusieurs dizaines d’années».

Autant dire que les Etats généraux de l’éducation (EGE), organisés par le gouvernement en 2013, n’ont pas apporté le remède efficace pour un malade dont le diagnostic vital est profondément engagé.

Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya



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Source : Le360 (Maroc)
Commentaires : 5
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Commentaires (5)

  • doudou19 (H) 17/03/2017 11:21 X

    Vous vous trompez. Ce n'est pas seulement le système éducatif qui est en agonie. C'est toute la Mauritanie, dans sa diversité, qui est en agonie. Bientôt elle sera sous perfusion du Fonds Monétaire International. Il y a lieu de se demander où sont parties les recettes du poisson, du pétrole, du fer, de l'or, de ...... et de ...... et enfin celles des impôts ...... La goûte qui fera déborder le vase est en phase finale. Attachez vos ceintures. Qu'ALLAH nous préserve d'une guerre pour la survie rien d'autre que pour survre.

  • foutatoro (H) 16/03/2017 15:49 X

    Au delà du système éducatif, spécialiste en formation de cancres, c'est tout le "pays" qui doit subir une REFONDATION TOTALE. De fond en comble. Tous le reste n'est que distraction théâtrale.

  • nemahaidara (F) 16/03/2017 12:39 X

    Hasni ould Didi (plus de 20 ans ministre de l’éducation) et autres Mohamed Yehdhi Ould Breidelliel le Goebbels du « bathisme » à la sauce mauritanienne sont les responsables de cet énorme gâchis à cause de la haine qu'ils portent en eux . Les réformes ne servent à rien .Il faut que l'état admette le droit à la différence des peuples. Donc le droit des uns et des autres de se former selon la langue de leur choix .L'état doit imposer un minimum qui soit un dénominateur culturel commun basé sur la langue arabe . Les formations et autres concours doivent être régis par des lois clairs , justes qui permettent à tous les mauritaniens blancs , noirs , gris , oranges d'avoir leur droit et de remplir leur devoir . La possibilité de saisine réelle de la justice en cas de manquement à l'équité de la part de l'état ou de son représentant (ministres, directeur ,...) Si tout cela est bien ficelé au bout d'une décennie notre système éducatif sortira la tête de l'eau . Entre temps mettre à la poubelle toutes les idéologies ont fait la « prospérité et la gloire » de l’Irak, de la Syrie et de la Lybie …

  • amadou moussa (H) 16/03/2017 12:33 X

    Quel système éducatif pour la Mauritanie? ces réformes construites dans les tumultes et sans concertation des vrais acteurs du système sont de vrais gâchis pour notre pays.Il faut changer notre fusil d'épaule et trouver la réelle stratégie afin de sortir ce système de l'ornière.Pourtant il existe bien des cadres compétents qui sont à la touche et d'autres incapables décident à leur place, c'est ça le développement.

  • nemahaidara (F) 16/03/2017 12:30 X

    Hasni ould Didi et autres Mohamed Yehdhi Ould Breidelliel sont les responsables de cet énorme gâchis à cause de la haine qu'ils portent . Les réformes ne servent à rien .Il faut que l'état admette le droit à la différence des peuples. Donc le droit des uns et des autres de se former selon la langue de leur choix .L'état doit imposer un minimum qui soit un dénominateur culturel commun basé sur la langue arabe . Les formations et autres concours doivent être régis par des lois clairs , justes qui permettent à tous les mauritaniens blancs , noirs , gris , oranges d'avoir leur droit et de remplir leur devoir . La possibilité de saisine réelle de la justice en cas de manquement à l'équité de la part de l'état ou de son représentant (ministres, directeur ,...) Si tout cela est bien ficelé au bout d'une décennie notre système éducatif sortira la tête de l'eau . Entre temps mettre à la poubelle toutes les idéologies d'exclusion qui nous conduit là .