21-03-2017 20:30 - Au Sénégal, le nouveau khalife des Tidianes critique la classe politique
RFI - Au Sénégal, le nouveau khalife des Tidianes, la plus importante confrérie du pays en nombre de fidèles, Serigne Abdoul Aziz Sy al-Amin, a fait, ce weekend, sa première déclaration officielle.
Il s’est exprimé lors des cérémonies d’hommage à son frère, le khalife al-Makhtoum disparu la semaine passée. Et le nouveau marabout n’a pas épargné la classe politique, qu’il a ouvertement critiquée, alors que le Sénégal est secoué par l’affaire judiciaire Khalifa Sall.
Depuis la ville sainte de Tivaouane, le nouveau khalife s’est exprimé en son nom, mais aussi, a-t-il expliqué, au nom de son défunt frère le khalife al-Makhtoum. Une déclaration d’une heure trente, faite devant des leaders de la classe politique, autant de la majorité que de l’opposition.
« Arrêter les injures et les errements qui peuvent conduire le pays vers une guerre civile », déclare le nouveau Khalife qui poursuit « ce que je vois venir n’augure rien de bon. Mieux vaut arrêter vos querelles, sans quoi, notre pays sera détruit ». « Ce que je vois venir, si on le l'arrête pas, tout le monde va aller vers la guerre civile. Et ça, personne n'en doute. Et si ça arrive, il n'y a plus question de parti ou de pouvoir. Le Sénégal est un petit pays mais si on reste uni on pourra y arriver. »
Alors que le maire de Dakar, soupçonné de détournements de deniers publics est en prison, que les tensions sont grandes entre le pouvoir et l’opposition, le chef de Tidiane fait la leçon aux acteurs politiques : « Vous pouvez avoir des discours différents, mais œuvrez pour la cohésion sociale. Faites vos critiques au chef de l’Etat, mais dans la plus grande diplomatie ».
Bloqué depuis le départ de Karim Wade l’an dernier, le khalife al-Amine appelle à la reprise du dialogue politique. « Je vous invite à renouer le fil du dialogue sinon la situation actuelle pourrait mener le Sénégal dans une impasse totale. Il est temps que la classe politique travaille pour l’intérêt et le bien-être des populations ». « Ceux qui dirigent le pays doivent avoir pitié des gens et leur pardonner. Les gens doivent aussi respecter celui qui nous dirige. Il faut discuter, dialoguer se donner la main pour que le pays soit en paix. »
Si tous les leaders politiques présents ont acquiescé, pas certain que ces déclarations calment une classe politique lancée à pleine vitesse vers les législatives de juillet prochain.