28-04-2017 13:12 - Rapport Africa's pulse: les vérités sur l'endettement du pays?

Rapport Africa's pulse: les vérités sur l'endettement du pays?

Rimeco - Faut-il avoir peur de la reconstitution de notre dette nationale ? En tout cas, la dernière publication du rapport d’africa’s pulse la semaine dernière sur l’État d’endettement du pays donne le tournis . Selon l’institution, les ratios du montant total de la dette publique par rapport au PIB ont atteint les 100 % en 2016.

La question de la dette publique est en effet politiquement clivante. Car la confiance et la transparence entre acteurs politiques ont longtemps fait défaut dans le pays.

Les statistiques et les chiffres peuvent varier en fonction des méthodes de calcul et des multiples intervenants (ministère des Finances, Banque centrale, FMI, Banque mondiale, économistes, analystes indépendants, journalistes etc.). elle est clivante aussi, car nous sommes traditionnellement suspicieux, parfois à raison, parfois à tort, envers toute donnée rendue publique.

Pour cette raison, le discours sur la dette publique devient ainsi très souvent soit le repaire de poncifs très éculés, soit une machine de guerre de l’idéologie néolibérale contre l’Etat «providence», quand ce n’est pas les deux.

Du coup , la vie sociale et économique nationale se caractérise par un pessimisme ambiant depuis le plongeon des cours des matières premières en 2014. On ne dénombre plus les unes de journaux évoquant l’effondrement du taux de change, la hausse vertigineuse de la dette publique, la mollesse du taux de croissance ou encore le taux de chômage endémique.

Bref, La résilience morale des citoyens est mise à rude épreuve face à ce torrent de signaux anxiogènes. Dans l’absolu, le niveau d’endettement d’un pays ne veut pas dire grand-chose. Il s’apprécie par rapport à la richesse créée qui permet de rembourser les sommes empruntées. On compare donc la dette par rapport au produit intérieur brut (PIB).

La «norme» universellement admise, et particulièrement en Europe à travers les critères de Maastricht, destinés à stabiliser les finances de la zone euro, est que le rapport de la dette publique au PIB ne devrait pas dépasser 60%. Et pourtant, ils sont pour la plupart a un niveau d’endettement supérieur a leurs PIB soit plus de 100% a commencer par la France ,la Grèce etc.

Qu’en est-il de la Mauritanie ? d’après le rapport d’africa’s pulse , la dette a atteint 100% du PIB en 2016. Un tel taux d'endettement est un indicateur alarmant pour l'avenir économique du pays . Il convient de rappeler que la soutenabilité de la dette est tirée vers le bas par la dette du Koweït qui représente environ 30% du stock de la dette extérieure.

Cette dette quoique passive c'est-à-dire qu’elle n’est pas payée mais reste comptabilisée , continue de grever donc les capacités d’endettement du pays.

Depuis 2015, le service de la dette a dépassé les 43 milliards d’ouguiyas par an et donc lourdement pesé sur les ressources de l’Etat déjà passablement affecté par le plongeon des cours dans le secteur minier.

A ce stade le pays est-il trop endetté ? Peu, correctement ou très endetté ? Quel risque pour les finances publiques ? Les chiffres, régulièrement publiés par la direction du Trésor du ministère des Finances, permettent de donner un éclairage sur la situation de l’endettement intérieur du pays en régression depuis deux ans et qui oscille dans des proportions raisonnables.

S’agissant de la structure de la dette publique, les créanciers multilatéraux constituent le premier groupement de créanciers du pays avec une part de 51 pc de la dette extérieure publique, suivis des créanciers bilatéraux avec 16 ,8 pc et des institutions financières monétaires et des banques commerciales avec 30% . Par devise, le dollar s’accapare la part du lion avec 73,8 pc de la structure de la dette extérieure publique, alors que l’euro détient 11,4 pc de ladite dette.

La dette du pays augmente et cela ne doit pas surprendre tant que le déficit budgétaire est toujours là. on table en 2017 sur un déficit de 3% , il faut le financer, par la dette bien évidemment. On peut même ajouter que pour partie, la dette se nourrit aussi du déficit du compte courant de la balance des paiements, car pour maintenir un certain niveau de financement de l’économie, il faut bien recourir de temps en temps à l’emprunt extérieur.

Et c’est ce que fait le pays. Justement, pourrait-on dire : si le pays s’endette , c’est non seulement pour tester la signature du pays , financer le déficit et les réformes économiques, mais aussi pour apporter de l’oxygène à la situation financière du pays, marquée par l’atonie des exportations et la faiblesse de l’épargne longue.

Le tout, est de caler la croissance de la dette extérieure sur celle des recettes en devises afin de ne pas se retrouver écrasé sous le poids des remboursements annuels. Depuis trois ans, la situation économique est acariâtre et tumultueuse, avec une croissance rachitique entre 1.5 et 2,1 % en 2016 selon le fmi , contre une moyenne de 6 % entre 2010 et 2013.

Cette mauvaise performance s’explique notamment par la forte dégradation des comptes publics (déficit, dette, augmentation des coûts d’emprunt), ce qui a contraint le gouvernement à demander l’aide du FMI en 2017.

Il ne faut pas être un clerc de la prévision pour savoir que le pays a besoin de conclure un nouveau programme pour stabiliser son économie. Avec un taux de croissance en baisse par rapport à son niveau de 2014 et 2013, et jugé trop faible pour réduire la pauvreté et le chômage, une croissance erratique en raison d’une trop forte dépendance de l’agriculture et du secteur minier, la conclusion d’un programme avec le FMI apporterait aux investisseurs un degré de confiance supplémentaire sur la politique budgétaire menée par le gouvernement.

C’est donc la dégradation des comptes publics et cette spirale d’endettement et d’érosion de la confiance conséquence directe des mauvais choix économiques de nos gouvernements que l’actuelle équipe économique espère interrompre.

D’une Facon générale on estime que le niveau d’endettement public est très élevé, quand la dette nourrit la dette ou lorsqu’un Etat emprunte soit pour faire face aux échéances des emprunts précédents et que le taux du nouvel emprunt est plus élevé que celui de l’emprunt que l’on remplace, soit, pire encore, lorsqu’on emprunte pour payer les intérêts de la dette ou du fonctionnement courant.

Pour évaluer les capacités de remboursement d'un Etat, il n'existe pas de règle universelle. Le plus souvent, l'appréciation est autant affaire de subjectivité que d'analyses économiques objectives.



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Commentaires (1)

  • cccom (H) 28/04/2017 13:53 X

    La valorisation de nos ressources humaines et agricoles infiniment riches en comptant sur nos propres moyens, qu'il m'arrive souvent de plaider, sont mille fois porteuses que le recours à la dette internationales. cheikhany_ouldsidina@yahoo.fr