24-06-2017 11:00 - Fin du ramadan : Reportage sur une journée entre les banques….

Fin du ramadan : Reportage sur une journée entre les banques….

Tawary - A trois ou deux jours de l’Aïd Fitr, nombreux sont ceux qui se bousculent à la banque pour retirer de l’argent pour acheter des habits aux enfants et si possible se procurer d'un mouton pour la fête.

D’autres s’y rendent pour se faire des "offres de la fête" ou "s’étrangler" avec des avancements sur salaires. En ces derniers jours du mois béni, le reporter de l'Agence Tawary d'Information a fait le tour des banques de Nouakchott pour prendre la température. Reportage...

Il est 9h45,ce mercredi. La salle d’attente de la BMCI est déjà bondée de monde. Toutefois, le silence règne. A l’intérieur de la salle équipée d'écrans de contrôle.Là, il y a une fraicheur mais, la chaleur se fait ressentir.

Certains attendent leur tour à l’extérieur. Seuls trois guichets sont opérationnels. Les agents travaillent «sérieusement». Aucun ne discute avec son collègue. Chacun est plongé dans son travail. 9h 55. La salle ne désemplit pas, bien au contraire. Un décor m’interpelle : la salle est majoritaire remplie de personnes âgées. 10h.

Un homme, la soixantaine révolue, chapeau de paille accroché au dos, s’impatiente. Il fait des va-et-vient. Sort et rentre toutes les 5 minutes. 10h15. Le même rythme ne cesse de retentir. En l’espace de 30 minutes, ils ont fait passer plus d’une vingtaine de personnes. 10h20. Une dame portant au dos sa fille qui crie. L’employée se lève de sa chaise. «Il faut se patienter, s’exclame-t-elle. La dame est vexée. N’empêche, la caissière essaye tant bien que mal de sourire. Ce fut un moment gênant. 10h33. Une dame glisse son chèque et elle fut libérée.

«C’est quoi tout ce monde ?», s’interroge Mohamed, un professeur. il ressort aussitôt. A l’entrée de la salle, il croise une vieille connaissance qui attend sur le palier. Ils discutent longtemps. 15 minutes plus tard, le rang fini par s’épuiser. Mais son tour n’est pas encore arrivé. Il ressort encore.

A quelques encablures, nous sommes à la BCI, au guichet 1 «Oh mon Dieu !», s’exclame Rama, qui doit retirer de l’argent, faire ses courses avant de voyager sur M’Bagne à 15h. Elle cherche une chaise pour se s’asseoir. Manque de chance, il n’y en a pas. Les sièges ne sont pas nombreux. La dame sort et s’assoit sur les escaliers de la porte. Elle ne passera que dans une vingtaine de minutes. 10h55. Je quitte les lieux. 11h10. Nous sommes à Atijari Bank, aux abords de l’un des marchés de la capitale. A l’intérieur, toutes les chaises sont occupées. Sidaty, un sous-officier de l’armée, son chèque à la main, fait la queue. Il s’appuie sur le mur et il attend.

L’attente est plus agréable. La raison : la salle est climatisée. Les gens attendent patiemment dans le calme. Contrairement à (….) , tous les guichets sont opérationnels. Pour l’heure, rien à signaler. J’attends encore. 11h20. Arrive le tour d’un gendarme en service. Il passe comme tout le monde. 11h25. Les caissiers ne cessent de servir la clientèle avec rapidité. Les tours défilent à une vitesse folle. Personne ne rouspète. 11h30.

Deux éléments du GGSR rentrent. Ils attendent leur tour comme tout le monde. J’avoue que la scène est agréable à voir. 11h40. La salle ne cesse de se remplir. Des connaissances se croisent. Ils discutent dans le calme. 11h45. Je quitte les lieux, laissant derrière moi de nombreuses personnes attendant leur tour et des guichets qui travaillent sans arrêt. 11h55 (embouteillages obliges). J’arrive à la Société des postes. A l’entrée, il fait chaud. Contrairement à là, où, nous venons, la salle d’attente n’est pas climatisée. A l’intérieur, de nombreuses personnes refusent d’attendre.

Mouvement des clients !

Ici, c’est la Société des postes, pour l’instant sur les 4 guichets, seuls trois fonctionnent. Un homme, la quarantaine, hausse le ton. «Ils ne travaillent pas !», dit-il à son ami rongé par le jeûne. «Comment veux-tu qu’on ne s’énerve pas ?», s’interroge-t-il. Un autre rejoint leur conversation : «l’Administration finira par nous tuer. En plein mois de carême, au lieu de travailler sérieusement ». Une dame assise à côté de moi murmure : «Ils ont raison». Sa voisine l’entend et lui répond : «C’est de notre faute si les choses se passent ainsi. Si chacun de nous signale ces dépassements, ils vont certainement diminuer.

Au lieu de ça, on attend patiemment dans notre coin que l’un de nous ose réclamer. Malheureusement chez nous, on ne réagit qu’aux mouvements de foule, or ça doit être une réaction spontanée de notre part.» Suite à cette remarque pertinente, elles changent de sujet et parlent du menu du soir. «Heureusement que j’ai du poisson dans le congélateur. Même si je vais tarder à la poste, ça ne m’inquiète pas plus que ça, étant donné que le soir, je n’aurai que le deuxième plat à faire». 12h10. Une jeune fille, accompagnée d’un petit garçon, passe devant moi. Elle se parle à elle-même. «Ils se moquent de moi !» Elle sort de la salle, l’air très énervée. Le petit ne comprenant rien à la situation la suit.

Crissements de dents (….)


12h20. La salle ne désemplit pas. Encore plus de monde. Les chaises continuent à se remplir. Certains sont tellement énervés qu’ils n’arrivent pas à s’asseoir. Ils préfèrent faire les cent pas à l’intérieur. 12h30. Je tourne la tête. Deux hommes relativement âgés se tiennent difficilement debout. Ils le montrent du doigt. «Ça fait 20 minutes qu’il n’a pas bougé !», s’exclame l’un d’eux. Au fond de la salle, un autre est tellement fatigué qu’il a fini par s’endormir sur sa chaise. Même les cris des enfants présents sur place ne l’ont pas dérangé. Il dort paisiblement. Les enfants jouent. Ils courent partout. Ça devient même irritant.

Leurs cris sont insupportables. On se croirait dans une garderie. A 12h 45, le bruit devient insupportable. Je quitte les lieux laissant derrière moi une salle bondée de monde, pas très content du rythme de travail. 12h58. J’arrive à la BNM. La salle est pleine. Toutes les chaises sont prises. Beaucoup sont debout, je m’appuie à un mur sous le climatiseur juste à côté de la porte d’entrée. Tous les guichets sont opérationnels et les gens défilent rapidement. Du coup, la salle continue à se remplir à chaque fois qu’elle se vide.

Il est 13h15, on débarque à la BPM, cinq femmes, copines d’ailleurs, se regroupent. Sujet de la conversation : les gâteaux de l’Aïd. «J’ai prévu de commencer vendredi soir», soutient l’une d’elle. «C’est pour cela que je suis venue à la banque aujourd’hui. Je savais qu’il y aurait du monde, mais je n’avais pas pris mes précautions et retirer de l’argent avant, comme les virements sont faits depuis lundi à 15h, donc je dois subir toute cette queue», confie-t-elle. Son amie la rejoint et affirme : «Pareil pour moi. Avec la fin du Ramadan, le porte-monnaie est vide. Je dois impérativement retirer de l’argent pour acheter de quoi faire les gâteaux.» Cette discussion me dépasse, je quitte cette place et me dirige vers celui d’en face. 13h25. Encore du monde qui rentre. A ce rythme, on dirait que la banque ne va pas fermer. 13h30. Une jeune fille s’avance vers un jeune homme.

«Quelle heure est-il ? », Dira-t-il, « il est 13h40 ». Très surprise, la jeune demoiselle la remercie avec un beau sourire aux lèvres. Quelques minutes après, la même jeune fille s’approche de moi comme j’étais en costume et cravate. «Vous travaillez ici, Monsieur, pour me retirer mon chèque ?» Je lui réponds non, je suis journaliste.

Elle pose alors la même question à un homme à côté. Ce dernier me fixe un regard qui ne dit pas son nom. Je comprends enfin et j’écarte un peu parce que je devais passer une communication. Et juste après, je finis par quitter les lieux. Là,où,nous avons passé, les guichets automatiques sont envahis par des clients munis de carte guichet.

Réseau ?


13h51 à ma montre, j’arrive dans une banque naissante(…) dont nous taisons le nom. A l’intérieur, de nombreuses personnes attendent. Dès l’entrée, on se rend compte soit qu’il n’y a pas de réseau, soit pas de liquidité ou soit il y a une coupure d’électricité. Il ne fonctionne plus depuis 12h, me dira-t-on par la suite. Le motif : pas de réseau. Mon ami, Cheikh, client de cette banque, se dirige vers le guichet. Le vigile lui siffle qu’il paraît qu’il n’y a pas d’argent. Certains attendent depuis plus de deux heures. A côté de moi, deux jeunes hommes, la vingtaine, s’impatientent. «Je ne comprends pas comment se fait-il qu’il y a une coupure de réseau dans une nouvelle banque», disaient-ils. Ils blaguent de la situation : «C’est des commerçants. Malheureusement chez nous, rien ne marche correctement.» Il est 14h15.

Certains s’énervent. Ils préfèrent quitter les lieux pour d’autres pour se procurer de l’argent avant la fermeture des banques. Je m’approche des deux jeunes gens et je demande : «Vous êtes ici depuis longtemps ?» 11h, répondent-ils. Ces derniers avouent ne pas avoir le choix : «On va attendre le retour du réseau. Il fait chaud. Après la fête on va changer de banque .14h20, il fait chaud et la prière s’annonce.

Je quitte les lieux laissant derrière moi, une salle étroite qui refuse du monde, mais pas de réseau à l’horizon.

Patience et bonne fête !

Par Aboubecrine SIDI



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Commentaires (4)

  • juif53 (H) 24/06/2017 16:38 X

    KHALED FALL, A lire ton commentaire,je constate que ton piètre français n'est pas loin de celui d'Aboubecrine que tu veux défendre.

  • khaled Fall (H) 24/06/2017 15:26 X

    Les gars tout ce que je sais,si c'est Aboubecrine, il connait le français. Et si c'est l'un des membres de l'équipe peut-être qu'il n'a pas été relu.Mais seulement il manque une relecture et bof,c'est une œuvre humaine, pourquoi trop tirer sur le Monsieur.

  • yawonni (H) 24/06/2017 14:12 X

    Ça alors! Quel article !!! Du vrai français a la Michel kankan

  • brabak (H) 24/06/2017 11:40 X

    Mr Aboubecrine Sidi, Pouvez vous me dire dans quelle langue est rédigée ce torchon? Ce n'est pas en français en tout cas.