01-09-2017 17:00 - Droit de réponse au droit de réponse du colonel O. Vaida

Droit de réponse au droit de réponse du colonel O. Vaida

Flamonline - Mon cher colonel, en tant que victime (comme la plupart de mes compatriotes d'ailleurs) des dérives auxquelles vous faites allusion, permettez-moi de vous donner notre perspective de cet épisode sombre de l'histoire de notre pays.

En effet, comme vous le savez, la description de tout évènement, l'interprétation de tout phénomène, la justification de toute action dépend de l'angle, mais surtout des outils d'observation. Votre texte ne laisse aucun doute, vous appréciez la situation d'alors à travers le prisme déformant des tenants du pouvoir.

Vous semblez comme la plupart des vos collègues anciens officiers et sous-officiers vouloir circonscrire ces faits à une période donnée ou à un événement précis.

Or, pour nous les victimes, pour les patriotes sincères, ce qui s'est passé dans notre pays ces années-là ne peut être assimilé à une époque révolue, à une étape de notre histoire ou à un accident de parcours d'une nation encore en construction. Ce que les négro-mauritaniens ont vécu pendant les années de braise découle d'une succession de politiques d'exclusion qui continuent à nos jours.

Ne vous connaissant pas personnellement et n'ayant pas connu quelqu'un qui peut corroborer ou infirmer le compte que vous rendez de cette douloureuse période de notre histoire, je m'abstiendrai de porter mon jugement sur "vos faits d'armes". Cependant, force est de constater une nouvelle tendance en Mauritanie, une catégorie d'Hommes politiques est en train de voir le jour chez nous. Celle d'anciens officiers de l'armée se désolidarisant du système qu'ils servaient.

Le principal argument servis étant celui "d'obéir aux ordres de la hiérarchie" ou d'avoir sauvé de potentielles victimes d'un sort peu enviable. Voyez-vous mon colonel, nous les victimes nous n'avons pas votre sophistication nous ne faisons pas de distinction entre les concepteurs de la politique dont nous sommes victimes et les exécutants de la besogne. Notre angle d'observation nous permet d'apercevoir la plénitude de la réalité. Il n'y a manifestement que deux camps, celui des bourreaux et celui des victimes.

On ne fait pas distinction entre celui qui a dressé la potence et celui qui a donné l'ordre au peloton d'exécution. Celui qui a creusé le charnier et celui qui y a jeté les corps sont égaux à nos yeux, ce sont tous des organes du même appareil.

"Le respect à l'institution militaire" que vous chérissez tant, le code de l'honneur et votre âme et conscience comme vous dites devaient vous dicté une autre posture. Vous pouvez abhorrer tout ce qui a été fait, mais contrairement à ce que vous avancez, vous êtes bel et bien "comptable des conduits et dérives" du système; le système que vous serviez. Vous en étiez mon colonel, un rouage du mécanisme, une pièce de l'engrenage. Vous apparteniez a une fratrie qui retourne les armes contre les siens; dès lors celle-ci ne méritait plus ce respect.

Vous n'étiez plus tenu par le "droit de réserve" et la "discipline militaire" car l'armée avait cessé en ce moment-là d'être une institution, mais une milice au service d'un pouvoir génocidaire. Vous n'auriez peut être rien pu faire pour arrêter le massacre, mais vous auriez pu partir. Partir pour ne pas être l'instrument de ces abominations, partir pour ne pas être confondu aux bourreaux, partir pour ne pas se retrouver du mauvais côté de l'histoire.

Et des occasions vous en avez eu, mais vous avez préféré retourner servir cette institution, ce système que vous vouez aux gémonies aujourd'hui, pour ces raisons vous êtes aussi impliqué que Mouawiya, Ely, Kerrani et les autres...C'est à la justice de déterminer le degré de gravité des crimes commis par tout un chacun et agir en conséquence. Dans ces moments gravissimes, même le silence est un crime.

Il ne vous appartient de vous absoudre, nous refusons cette troisième voie que vous voulez créer, il n'y a que deux camps à nos yeux; les bourreaux et les victimes. En bon musulman vous devriez savoir que Dieu punit aussi bien les auteurs des pêchés que ceux qui ont laissé faire. Il n'a pas puni uniquement "Ashaab al sabt" mais aussi ceux qui étaient restés neutres dans la transgression.

On peut vous accorder des circonstances atténuantes lorsque vous étiez actif dans l'armée, mais aujourd'hui quelle est votre excuse? Vous continuez à faire l'éloge du président Mohamed O. Abdel Aziz, vous louez son patriotisme. Vous êtes en train d'ajouter l'insulte à la blessure, mon colonel. Votre Aziz est à la tête d'un régime qui perpétue la même politique d'exclusion de vos "frères negro-mauritaniens" en les privant de leurs droits les plus élémentaires citoyens. Ce régime a violé la constitution en nous imposant ce referendum que vous étiez parti défendre à M'bagne. Il a séquestré, des élus du peuple, violenté des manifestants pacifiques dont de nombreuses femmes. Vous vous êtes une fois de plus mon colonel retrouvé du mauvais côté de l'histoire.

Ce "fonds de commerce" qui vous indispose tant, il est facile de le vider, créez vos collègues et vous une commission "vérité, justice et réconciliation ", vous les "innocents" dites-nous qui a fait quoi, vous le savez, vous qui étiez au cœur du système. Vous n'êtes plus tenus par "le droit de réserve". Il faudra "séparer la graine de l'ivraie" selon vous, je vous renvoie encore à l'angle d'observation; notre perspective de ces années-là est un champ en ruine, ou si vous préférez "houdhaamane" comme Dieu le décrit si bien dans le Coran. On ne peut pas y distinguer la graine de l'ivraie.

Vous avez fait de votre mieux pour protéger la population là où vous serviez mais qu'aviez-vous fait pour ceux qui sont tombés à Walata, ceux pendus à Inal, et ceux torturés à Jreida?

Ceux exécutés sommairement à Guiraye, Jowol et partout dans la vallée des larmes par l'armée et ceux que vous appelez pudiquement les groupes d'autodéfense. Une fois encore votre optique n'est pas la bonne, il s'agit pour nous d'une armée d'occupation venue protéger des colonies de peuplement.

Vous faites probablement parti de ceux qui pensent que les quelques sous versés aux familles des victimes et les larmes de crocodile versées par le président Aziz suffisent pour panser la plaie, tourner la page, faire table rase.

Vous vous trompez lourdement, nous ne lasserons jamais tant que la justice n'est pas rendue. On vous concède évidement la présomption d'innocence, mais ce n’est pas à vous de vous disculper, seul une juridiction compétente peut statuer sur le sort des uns et des autres.

A bon entendeur salut, mon colonel.

"A lays’Allahou bi ahkami al haakimina"

La lutte continue.

Abou Hamidou Sy

FPC/Amérique du Nord.



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Source : Flamonline
Commentaires : 8
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Commentaires (8)

  • jamkoyleeli (H) 02/09/2017 14:31 X

    Merci monsieur pour cette réponse pleine de renseignement et de bon sens surtout en temps que victimes de cette horrible genocide Taya n'est qu'un maillon de la chaîne le juger ou le débusquer ne servira à rien tant que le même système continue de belle au bled tourner la page comme semble vouloir certains c'est mal connaître les victimes tôt ou tard ces faits vont être élucider Innalaah ma as shabiriin

  • foutatoro (H) 02/09/2017 13:40 X

    @Jakuza, continue de nier l'évidence jusqu'à ce que la terre s'ouvre sous tes pieds. Ce pays va sauter à cause du déni, du faux, du mensonge, de l'hypocrisie, du vol, du viol, de la haine, des meurtres, du vice devenues des valeurs sûres dans cette erreur coloniale.

  • sîdaty (H) 02/09/2017 10:41 X

    Tes propos sont très politiques...Tu relates des faits ou tu condamnes les résultats du référendum ? Alors si vs vs sentiez si fort faites venir Maawiya. Il faut savoir tourner la page pour qu'ensemble nous affrontons l'avenir...La France et l'Allemagne sont en paix .Les Outous et les Tout si fument le calumet de la paix.

  • lass77 (H) 01/09/2017 20:39 X

    Monsieur Sy je réagis à la fin de ce récit ou droit de réponse. A un moment il faut lâcher. Si:certains ont encore un esprit de vengeance alors ça prend du temps... Cela fait plus de dix ans que le cerveau et le premier responsable des crimes contre les negromauritaniens se trouve à Doha alors pourquoi ne pas aller le débusquer en sachant que beaucoup de ses victimes possèdent des passeports occidentaux français, américains, canadiens,belges etc...il faut un éclat de ce genre pour que le monde vous prend au sérieux.

  • lhraki (H) 01/09/2017 20:01 X

    Je crois qu'il est grand temps qu'on tourne cette page trafique ,s'agissant ,en particulier ,du coup d'état manqué de 87. Si il s'était effectivement avéré que les soldats en question avaient comploté pour renverser le régime en place ,il s'agit d'un cas de haute trahison .Et dans ce cas,la punition est connue de tous.Kader et compagnons en savent quelque chose. En revanche ,si les parents et sympathisants des victimes exécutées ont des doutes....ils n'ont qu'à saisir le TPI dont le Qatar est membre je crois ,et porter plainte,preuves à l'appui, contre Maouya qui est moralement responsable pour avoir donner les ordres d'exécution et qui coule des jours heureux au Qatar ,et coller la paix une bonne fois pour toute aux pauvres soldats qui n'étaient que des exécutants.

  • jakuza (H) 01/09/2017 19:31 X

    Aziz a promu maints négro-mauritaniens, que l’’auteur qualifierait d’ivraies à coup sûr ! Plus sectaire… L’auteur, qui écrit bien, devrait nous livrer sa « perspective » sur le rôle du Flam qui a incité en Avril 1989 au pillage des commerces maures au Sénégal, organisé l’attaque de l’Ambassade pour refuser le compromis et engager un Abdou Diouf aux abois dans une aventure qui n’apporta rien au Sénégal. Le Flam a planifié les massacres des maures au Sénégal, qu’il est politiquement incorrecte d’évoquer ? Que dit le Flam des incursions de bandits armés à la frontière ? Encore une fois je dis merci à O/ Vaida d’avoir été là pour empêcher l’embrasement que souhaitait l’auteur et ses mandants!

  • Kemet-Seth88 (H) 01/09/2017 17:53 X

    des bien belles paroles d'un homme coupé des réalités du pays dans son exil doré aux USA. autant que jeune "negro mauritanien" dont l'avenir est compromis dans son propre pays a cause de votre lâcheté, je me demande qu'avez vous fait pour changer les choses dans ce pays en dehors des discours vains et d'une victimisation devenue presque symptomatique. le combat continu ? mais de quel combat parlé vous ?

  • medabdul (H) 01/09/2017 17:14 X

    c'est quoi cette logorrhée? collez vous la paix, la roue de l'histoire tourne, vous vous planquez en Europe et vous pondez des conneries,vous jouez au petits intellos de bassecours, vous bouffez un peu d'euros en charité pendant que vos mères et sœurs habitent dans des cases mal famées.