20-09-2017 19:30 - Mauritanie : Abdelaziz et Bouamatou, cousins ennemis

Mauritanie : Abdelaziz et Bouamatou, cousins ennemis

Jeune Afrique - Le président Mohamed Ould Abdelaziz s’est dit satisfait que les réformes constitutionnelles qu’il préconisait aient été adoptées par le peuple mauritanien à la majorité de 85,6 % des suffrages exprimés, lors du référendum du 5 août.

On l’imaginait pressé de mettre en place les nouveaux conseils régionaux, désormais substituts du Sénat et préalable à une décentralisation bienvenue. Pourtant, à Nouakchott, l’heure est plutôt à la répression postélectorale.

Le 1er septembre, des journalistes, des syndicalistes et une sénatrice ont été placés sous contrôle judiciaire. Un sénateur, Mohamed Ould Ghadda, a été maintenu en détention. Tous sont soupçonnés d’avoir reçu ou distribué de l’argent de Mohamed Ould Bouamatou, principal homme d’affaires du pays, en exil volontaire à Marrakech et cousin détesté du chef de l’État, pour faire capoter la révision constitutionnelle projetée.

Les autorités ont même annoncé l’émission d’un mandat d’arrêt international contre lui. S’opposer à une telle réforme n’a en soi rien de répréhensible. N’est-ce pas le b.a.-ba de la démocratie que l’opposition puisse s’opposer ? Mais l’incrimination de corruption pose d’autres questions.

Selon la rumeur nouakchottoise, des sénateurs ont accepté de voter non au projet présidentiel en échange de 5 000 euros car le chef de l’État avait refusé de leur allouer les deux ans et demi de salaires qu’ils réclamaient à titre de dédommagement pour la suppression de leur assemblée.

Mais selon la même rumeur, des sénateurs avaient reçu auparavant du gouvernement un terrain à lotir, voire une licence de pêche pour voter oui.

Générosité tous azimuts de Mohamed Ould Bouamatou

Si le président veut débusquer tous ceux qui ont profité des largesses de Bouamatou, il va avoir du pain sur la planche ! Depuis de nombreuses années, l’homme d’affaires fait preuve d’une générosité tous azimuts.

Il a financé moult organisations caritatives, un ou deux hôpitaux, des écoles, des médias, des mosquées, des partis et des élus de tous bords, l’armée, quand elle manquait de moyens pour combattre les jihadistes, et quelques candidats à l’élection présidentielle, dont – toujours selon la rumeur – l’actuel président, avant que leurs relations ne tournent à l’aigre.

Comment faire le tri entre dons « convenables » et dons « subversifs » ? Et comment soutenir que ces fonds sont d’origine étrangère alors qu’ils proviennent du patrimoine d’un milliardaire mauritanien ?

En lançant cette chasse aux sorcières, le chef de l’État poursuit un objectif précis : couper le canal financier par lequel Bouamatou pourrait peser sur la présidentielle de 2019, à laquelle Ould Abdelaziz ne peut se présenter. Mais il serait tout de même bien avisé de garder à l’esprit ce proverbe : « Celui qui cherche la vengeance devrait se souvenir qu’il lui faut creuser deux tombes. »

Par Alain Faujas



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Source : Jeune Afrique
Commentaires : 6
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Commentaires (6)

  • KANTAKI (H) 22/09/2017 09:42 X

    Attention, Bouamatou n'est pas cousin du Président, pas la même tribu, attention...

  • synthetiseur (H) 21/09/2017 12:44 X

    Une querelle fratricide insensee dans laquelle c'est la Mauritanue et les mauritaniens qui perdent enormement car les dreux protagonistes sont assez riches pour s'en sortir.Les deux hommes doivenet nous laisser tranquilles et chercher une modus vivendi loin de nous et savourer leurs milliards.

  • samba el bakar (H) 21/09/2017 12:13 X

    Monsieur Kantaki,je conçois bien que en politique: 1) Tous les coups sont permis pour écraser l' adversaire ou celui qu'on prend pour tel 2)On peut soutenir ou haïr à volonté un leader désigné mais dans votre cas aurez-vous l' honnêteté intellectuelle d'expliquer au nullard que je suis ce que cette article a de populiste?Je ne suis pas un fan particulier de Jeune Afrique,mais cet article essaye d' apporter un éclairage sur l' imbroglio polico-judiciaire personnalisé qui commence à barber tout citoyen moyen luttant pour sa survie au quotidien.Ou alors l' auteur de l' article lui aussi est un Flamiste?

  • Sidikader200 (H) 21/09/2017 05:54 X

    Le jeu du president Aziz est démasqué . En effet, son seul objectif à travers cette cabale mal ficelée c'est d'empêcher ses adversaires politiques de lui barrer la route des élections présidentielles de 2019 et en particulier a son cousin Bouamatou de peser de son poids politique et financier considérable contre lui dans une compétition qu'il sait prude d'avance à cause de son bilan catastrophique. Il veut directement ou indirectement s'incruster au pouvoir car il pense toute autre perspective est suicidaire pour lui.

  • jakuza (H) 21/09/2017 01:53 X

    Financer des campagnes électorales est une chose, corrompre des élus en est une autre! Toujours cet amalgame dans tous les médias à croire qu'ils coulent le même encre...

  • KANTAKI (H) 20/09/2017 19:36 X

    jEUNE aFRIQUE QUEL CHARABIA POPULISTE A SOUHAIT