29-11-2017 07:00 - Reportage. Années de braise en Mauritanie : des victimes parlent [PhotoReportage]

Reportage. Années de braise en Mauritanie : des victimes parlent [PhotoReportage]

Ce mardi 28 novembre, au siège de l’Union des forces de progrès (Ufp), à Nouakchott, c’était journée de recueillement, de deuil et de témoignages.

"Si, on veut prier, on nous taxait de mécréants. (…) Pendant deux jours, j’ai été encastré dans le sable, sauf la tête qui pendait à la surface de la terre. On nous servait de la nourriture mêlée à du sable pour nous humilier. (…) Mes bourreaux sont toujours là, sortent toujours masqués pour fuir nos regards."

Ces mots sont ceux du sergent Amadou Yéro Yongane, né en 1956, à Sénoboussobé, dans la moughatâa de Bababé, arrêté deux fois, à Aleg et Akjoujt, pendant les années de braise, sous le régime de Mâaouiya Ould Sid'Ahmed Taya, aujourd’hui en exil au Qatar, après le coup d’Etat de 2005.

Comme ce vétéran de la guerre du Sahara, ils sont nombreux, ces mauritaniens qui portent encore les stigmates des années de braise en Mauritanie, marquées par des déportations massives et des tueries ciblées dans la communauté noire.

Au-delà du drame, au-delà également du rappel de justice, l’objectif de cette commémoration recherché par l’Union des forces de progrès (Ufp), c’est de lever les amalgames, les stigmatisations ainsi que les ciblages gratuits qui ont encore la peau dure.

Et comme l’explique une veuve, dans un témoignage : "Ce ne sont pas tous les maures qui sont impliqués. Ce ne sont pas non plus tous les noirs qui ont été touchés par ces tueries. On connait les bourreaux. La justice doit faire son travail".

"C’est une minorité qui est responsable de ce qui s’est passé dans les années 80-90. Ils sont connus", insiste Assane Soumaré, vice-président de l’Union des forces de progrès (Ufp) et ancien ministre de l’économie et des pêches, sous Sidi ould Cheikh Abdallahi, déchu en 2008 par un coup d’Etat, dirigé par l’actuel Chef de l’Etat, Mohamed Ould Abdel Aziz.

Le vice-président de l’Ufp a rendu un solennel hommage à ces "sentinelles" notamment dans la communauté maure qui se sont élevées contre les années de braise en Mauritanie.

Texte & Photos | Par Babacar Baye NDIAYE

©Cridem 2017

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Commentaires (4)

  • moukhabarat (F) 30/11/2017 16:43 X

    Amadou Yéro Yongane n'a pas tout dit...

  • bagaby (H) 29/11/2017 22:07 X

    Non M. Soumaré, ce n'est pas une question de minorité ou de majorité : c'est l'Etat mauritanien qui s'est rendu coupable directement de cette ignominie !

  • analagjar (H) 29/11/2017 07:31 X

    Inna lillahi we inna ileyhi rajoi oun hadha mounkaroun we enkarnahou...s'il est vrai que dans les moments de folie hystérique collective où l'on se sent menacé dans son existence même, les gens en arrivent à de terribles extrêmes et cela a touché durant notre histoire et de manière bien entendu relative nos différentes communautés, il n'en demeure pas moins que les responsabilités doivent être établies et au minimum des radiations du corps prononcées à l'égard des auteurs indignes de rester dans l'armée ainsi que des indemnisations aux ayant droit des victimes mais tout cela dans un cadre de réconciliation et de pardon et ce, pour que plus jamais de telles horreurs ne recommencent

  • mdmdlemine (H) 29/11/2017 07:30 X

    La fête de 'indépendance se présente comme un evenement au gout inachevé avec ces témoignages poignants qui lui enlèvent toute sa propension à être une journée de joie, de fierté...$Dommage que les générations de l'aprés 90, sutour les jeunes ne sont pas idefiés sur cette erreur monumentale qu'est le passif humanitaire et qu'on continue à leur ingurgiter l'histoire faussée d'un pays qui a vécu un calvaire toujours présent et dont les plaies continuent d'être béantes, alors que des efforts cincères et courageux auraient pu reconcilier la Mauitanie avec elle même, surtout en tenant compte de la tolérance des victimes encore sidérés par le meurtre, l'emprisonnement et la déportation de leurs maris, frères et soeurs Qu'Allah les accueille en Son Saint Paradis