30-11-2017 19:30 - Mauritanie. Les cinq défenseurs des droits humains arrêtés lors de la célébration de l’anniversaire de l’indépendance doivent être libérés

Mauritanie. Les cinq défenseurs des droits humains arrêtés lors de la célébration de l’anniversaire de l’indépendance doivent être libérés

Amnesty International - Les autorités mauritaniennes doivent libérer immédiatement et sans conditions cinq défenseurs des droits humains, membres de collectifs de veuves et d’orphelins, arrêtés lors de la célébration de l’anniversaire de l’indépendance du pays, a déclaré Amnesty International aujourd’hui.

Depuis le 28 novembre, ces activistes sont détenus, sans accès à un avocat, dans les locaux du commissariat de la ville de Kaédi au sud du pays.

Le président de la République y participait à la célébration de l’anniversaire de l’indépendance, et lors du passage du cortège des officiels, ils ont brandi des banderoles et distribué des tracts appelant à l’ouverture d’enquêtes et de poursuites pénales à l’encontre de personnes qu’ils accusent d’être responsables des exécutions extrajudiciaires commises entre 1989 et 1991.

Ces veuves et orphelins n’ont fait que demander justice pour leurs maris et leurs pères en engageant des actions pacifiques pour faire entendre leurs voix. Ils n'auraient jamais dû être arrêtés. Ils doivent être libérés immédiatement et sans conditions


« L’arrestation et la détention arbitraire de ces activistes constituent un rude coup porté à la liberté de manifestation pacifique et d’expression en Mauritanie et une manœuvre d’intimidation visant à réduire les défenseurs des droits humains au silence,» a déclaré François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.

« Ces veuves et orphelins n’ont fait que demander justice pour leurs maris et leurs pères en engageant des actions pacifiques pour faire entendre leurs voix. Ils n'auraient jamais dû être arrêtés. Ils doivent être libérés immédiatement et sans conditions. »

Trois veuves dont Maimouna Sy, secrétaire générale du collectif des veuves du passif humanitaire figurent parmi les personnes toujours en détention. Son époux a été tué dans la localité d’Inal (ouest) le 28 novembre 1990. Agée de 67 ans, Mainouna Sy souffre de diabète et d’hypertension.



Les membres des collectifs déployaient des banderoles et distribuaient des tracts parmi la foule de personnes assistant aux célébrations. Des individus en civil sont alors intervenus pour mettre fin à leurs activités et arrêter 15 personnes, dont 10 qui ont été libérées le jour même. Plusieurs d’entre elles ont reçu des coups au moment de leur arrestation.

Malgré les demandes d’enregistrement déposées par les responsables du collectif des veuves du passif humanitaire, les autorités mauritaniennes refusent de leur délivrer une autorisation d’exercer. Ce qui constitue une violation du droit à la liberté d’association et pousse les membres du collectif à exercer leurs activités publiques sans être officiellement reconnus.

Complément d’information

Les autorités mauritaniennes utilisent régulièrement les lois relatives à l’ordre public, à la rébellion et à l’appartenance à une organisation non reconnue pour engager des poursuites à l’encontre des défenseurs des droits humains, en particulier des militants luttant contre l’esclavage et la discrimination à l’égard de minorités.

Deux militants de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA-Mauritanie) sont toujours en détention dans la prison de Bir Moghrein, située à 1100 km de Nouakchott, loin de leurs avocats et de leurs familles. Ils auraient subi des actes de torture et d’autres mauvais traitements.

Ils ont été arrêtés en novembre 2016, les autorités mauritaniennes leur reprochant d’avoir participé à une manifestation dans un bidonville de Nouakchott, ce qu’ils ont par ailleurs toujours nié.



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Commentaires (2)

  • GERONIMO TASK-FORCE (H) 01/12/2017 04:20 X

    Démagogues et hypocrites de misérables politiciens sans repères ni perspectives, étalent régulièrement leur cynisme pour exploiter la détresse des veuves, orphelins et proches des suppliciés d’Inal, en les incitant à de contre-productrices manifestations de rue, les exposant à de brutales répressions. Ils devraient plutôt les inciter et les accompagner à organiser, lors de chaque nuit du 27 au 28 novembre, des veillées de prières pour le repos des âmes des suppliciés, en implorant la justice divine. Pourtant, ces aventuriers savent que celle des hommes est entravée par la loi d’amnistie de mai 1993. Loi émanent à l'époque du parlement et parrainée par KANE Yahya et Commissaire LY pour ceux qui l'auraient oublié. Qu’ont-ils fait, et qu’ont-ils tenté pour son abrogation ? Et pourtant depuis 1992, dans les majorités comme dans les oppositions qui se sont succédés, on a rien vu au parlement comme proposition de son abrogation.Rien de concret en ce sens que de la politique spectacle de temps à autre d'un individu qui pense plus à ses petits intérêts. Ils n’ignorent pourtant pas que cela n’est possible qu’au Parlement. Rien, parce que ces démagogues et hypocrites politiciens ont résolument opté pour de stériles verbiages sur les réseaux sociaux ou battre de temps en temps le macadam, et tenter d'exister et se donner bonne conscience.

  • Selmedine (H) 30/11/2017 20:24 X

    Nos pensées vont aux personnes disparues ou décédées à la suite d'un complot avorté ou suite à des règlements de compte entre des militaires opérant dans une même caserne .Mais il me semble que manifester dans un État de droit sans autorisation preable est contraire à l'ordre républicain dans un État de droit .Amnesty internationale doit s'occuper surtout des distorsions au c principes les plus élémentaires en Syrie ,Israël ,Centrafrique,et en Birmanie. Quant aux cas précités dans l'article il relève du quotidien de nos wali et Hakem.