21-01-2018 09:12 - Ces militants de l’ombre en Mauritanie

Ces militants de l’ombre en Mauritanie

Tandia Cheikhna Mbouh - Ils sont dans les associations, les organisations non gouvernementales ; ils sont au cœur de la souffrance du peuple, à son chevet ; au fin fond de la Mauritanie. Ces militants-là, il ne se la raconte pas, ils ne s’érigent pas en héros prématurés, ils ne sont pas obsédés par le pouvoir. Ils sont pragmatiques.

Ce ne sont pas des militants du « visa de l’exil », et autres « privilèges internationaux » ; ni des militants de la traitrise au moindre gâteau offert par ceux qu’ils qualifient de tyrans, d’oppresseurs. C’est des militants, des vrais, ceux de l’action concrète pour un changement véritable. Leur slogan : « à chaque problème, une solution concrète ou intermédiaire » ; pas le temps du dialogue ; du déchirement verbal interminables. Le peuple qui souffre, qui agonise, n’a point le temps.

Parler de ces militants-là, c’est l’occasion d’évoquer la conception du militantisme en Mauritanie aujourd’hui. Qu’est-ce que militer ? Qu’est-ce qu’un militant ?

Militer n’est pas colère ; un militant n’est pas un « terroriste intellectuel » qui veut que tout le monde pense comme lui, voit comme lui et dise comme lui. Militer n’est pas « problème », c’est « solution ».

La conscience collective de l’engagement en Mauritanie, est violée chaque jour par une seule conception du militantisme : celle de la colère, des problèmes ; du chacun ses problèmes mais jamais de solutions. On se focalise sur celui qui blesse et non sur le blessé ; on se focalise sur comment lui faire payer et non sur le comment soigner, soulager le blessé. Et même pour soigner le blessé, chacun veut appliquer son médicament à la blessure, alors qu’un seul médicament peut suffire.

Avec un blessé à terre presqu’à l’état d’agonie, au lieu de chercher à appeler l’ambulance, ils choisissent de « courir » après l’agresseur qui est déjà à des milliers de kilomètres d’eux. Un peuple qui a faim et on le fait marcher, il ne peut pas tenir longtemps; un peuple qui a la santé fragile et on créée les conditions de son matraquage ; il risque la mort ou des remords.

Le peuple souffre, quotidiennement des maux concrets qui exigent des solutions concrètes de la part de tous les fils de la patrie. À travers ce texte, j’aimerai faire la promotion d’une autre forme de militantisme qui n’est pas du tout visible mais a beaucoup plus d’impacts que le militantisme verbal ; que le militantisme des marches interminables par an ; que le militantisme de la rue. Ce militantisme là ; c’est le militantisme social ; c’est être au cœur des solutions aux problèmes du peuple de Mauritanie et non être simplement des stimulants des problèmes en Mauritanie.

Pointer du doigt des problèmes, ne doit pas être uniquement le cheval de bataille d’un militant. Or en Mauritanie, on se rend compte que beaucoup militent plus contre que pour une cause ; on milite contre des personnes, pour une communauté ; on milite pour le pouvoir mais on ne milite réellement pas pour le peuple, pour son bien-être, dans son ensemble, sa diversité. Cette forme de militantisme fait peur parce que tout laisse à croire qu’une fois l’objectif atteint, c’est un système semble qui sera reproduit.

Le peuple a soif et a faim, donnez-lui à manger et à boire ; on n’éduque pas le peuple ; créez les conditions d’une éducation minimale pour le peuple. C’est cela le militantisme réellement. Et ces « anges de l’ombre » l’ont compris ; ils ont compris que le peuple n’a plus le temps de beaux discours, il n’a plus l’énergie de faire des marches kilométriques.

Là où il n’y a pas d’eau courante, ils creusent des puits ; ils essaient de combler les failles de l’éducation nationale par du soutien scolaire ; c’est cela le militantisme réellement : solution concrète ou intermédiaire à un problème concret. C’est avec une telle démarche qu’on peut faire bouger les lignes en Mauritanie.

L’opposition en rang dispersé ; le militantisme autour des personnes et non sur des idéaux n’ont rien produit de bénéfique pour le peuple de Mauritanie. Des années durant, les mêmes revendications ; la même démarche ; les mêmes personnes: n’est-il pas temps de la remise en question ? N’est-il pas temps de liquider politiquement une certaine forme d’opposition, de militantisme ? L’heure du bilan…

Par Cheikhna Mbouh Tandia
Juriste d’affaires



"Libre Expression" est une rubrique où nos lecteurs peuvent s'exprimer en toute liberté dans le respect de la CHARTE affichée.

Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.


Commentaires : 2
Lus : 2851

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (2)

  • cheikhna Mbouh (H) 22/01/2018 01:25 X

    Salutations @Douddou(H); et Merci pour cette belle illustration la notion de "terrorisme intellectuel". Veillez reprendre lucidement la lecture et revenez commenter avec des arguments....Dieu te préserve "mon pote" !!!

  • douddou (H) 21/01/2018 09:33 X

    Voilà une conception bornée et borgne du militantisme chimérique et onirique qui ne repose que sur des fantasmes.opprimé que tu es dans pays d'oppression doit il continuer à croiser les bras et attendre qu'on lui serve à manger.la matraque que tu veux éviter à travers ce degré zéro du militantisme va te bondir sur la tête mon pote