21-01-2018 19:15 - Mauritanie, les dix personnalités qui ont marqué 2017

Mauritanie, les dix personnalités qui ont marqué 2017

Mondafrique - “Mondafrique” a recensé les personnalités qui ont marqué l’année 2017 en Mauritanie. Des plus favorables au régime à ceux de plus en plus nombreux qui courageusement s’opposent à lui.

Ahmed Ould Abdel Aziz, un président plombé

Le bilan 2017 n’est pas glorieux pour le régime du président mauritanien: une crise économique qui s’aggrave, une corruption qui se généralise, une contestation qui s’amplifie et une répression qui s’étend à toutes les catégories de la société. A Nouakchott, des mandants d’arrêts ont été lancés contre tout ce qui bouge: de nombreux sénateurs, des journalistes, des syndicalistes indépendants ainsi que des hommes d’affaires.

En froid à Paris avec les nouvelles équipes de l’Elysée et du quai d’Orsay, le président mauritanien joue, une fois de plus face à l’opinion internationale, la carte sécuritaire. Le général Ahmed Ould Abdel Aziz tente de se refaire une virginité en devenant le bon élève de la nouvelle force G5 Sahel que la France d’Emmanuel Macron appelle de ses vœux.

Personne pourtant n’oublie qu’Aziz a refusé d’intervenir aux cotés des Français au Nord Mali en 2013. Quant au calme relatif qui règne en Mauritanie, il est dû aux accords passés par le pouvoir de Nouakchott avec l’Arabie Saoudite. La mouvance salafiste financée par la manne pétrolière saoudienne est omniprésente dans les mosquées du pays.

Coups de menton et coups de communication sont les seules réponses de ce régime finissant.

Jemal M.Taleb, l’héritier.

Voici le franco mauritanien dont l’étoile brille aujourd’hui au firmament présidentiel. L’avocat Jemal M. Taleb, est en effet “l’ambassadeur” officieux à Paris du président Aziz dont il gère, dit-on, les missions les plus secrètes et les interventions discrètes auprès des parlementaires français qu’il emmène en voyage à Nouakchott. Jeune et brillant, cet ancien opposant à la dictature de l’ex-président Maaouiya Taya s’était réfugié à Paris où il est devenu un militant socialiste en vue et un franc maçon respecté. Ce qui lui donne aujourd’hui de nombreux accès, y compris dans les médias parisiens comme “Africa numéro un” ou “la Lettre du continent”.

Sa confiance est absolue dans son avenir. « Aux prochaines présidentielles, s’est-il-vanté récemment auprès d’une amie, je pourrais bien jouer un rôle décisif, y compris celui du recours, au cas où le président Aziz serait empêché de se présenter». S’il croit qu’Aziz songe à céder sa place, tant mieux pour lui …

Voici deux ans, les liens entre Jemal Taleb et la Présidence mauritanienne, avaient été par une brouille passagère. Sa propre sœur, fonctionnaire à Nouakchott, était jetée en prison, accusée d’avoir touché deux millions de dollars. Sans doute payait-elle pour quelqu’un d’autre, pensent certains à Nouakchott. Depuis, le malentendu a été dissipé, la sœur de Jemal libérée et l’ami Jemal peut poursuivre son (ir) résistible ascension. Jusqu’où?

Jean Louis Brugière, le cabinet noir.

Du 25 septembre au 27 septembre 2017, l’ancien juge anti-terroriste Jean Louis Bruguière s’offrait un discret et rapide voyage à Nouakchott. L’ex star du pôle anti-terroriste de Paris était accompagné naturellement par l’incontournable Jeam (voir ci dessus). Tous deux étaient accueillis à la Présidence de la République par Ahmed Ould Bah, dit Hmeyda, un très proche conseiller de Mohamed Ould Abdel Aziz.

Normal, pouvait-on penser, que Jean Louis Brugière, expert incontestable en matière de terrorisme, réfléchisse avec un chef d’Etat d’Afrique de l’Ouest sur les meilleurs moyens de lutter contre les djihadistes. Sauf que le juge Bruguière et l’avocat Jemal n’étaient pas à Nouakchott pour parler des menaces sécuritaires qui planent sur le régime mauritanien mais pour évoquer les meilleurs moyens de pourchasser les opposants qui se dressent de plus en plus nombreux contre un régime mauritanien liberticide. Interrogé le 29 septembre par Mondafrique, Jean Louis Bruguière a répondu, via son épouse, qu’il était “trop occupé” pour répondre à nos questions.

Amelia Amal Lakrafi, l’hégérie


La jeune et nouvelle députée d’ « En Marche », élue par la 10 ème circonscription des Français de l’Etranger (Moyen Orient et une partie de l’Afrique), Amelia Lakrafi, est devenue un fidèle soutien du régime d’Aziz au sein de la nouvelle Assemblée Nationale. Surprise, la Mauritanie ne figure pas parmi les 49 pays qu’elle est censée représenter! Elue en juin, la députée devient vice président du groupe d’amitié avec le Congo du très démocrate président Sassou. Mais c’est pourtant à Nouakchott qu’elle débarque à peine un mois plus tard pour “une mission d’étude sur la sécurité au Sahel, dont on a évidemment perdu la trace depuis.

Mais ce n’est pas tout. Lorsque le 12 décembre 2017, le président mauritanien souhaite organiser un colloque à sa gloire à l’Assemblée Nationale, c’est la députée Amelia Lakrafi qui envoie les cartons d’invitation et accueille cette noble assemblée.

Autant de zèle s’explique très simplement par les liens qu’elle entretient avec le conseiller de l’ombre du président Aziz, Jamal Taleb, dont elle partage aujourd’hui l’existence.

Mohamed Ould Ghadde, l’opposant numéro un


En mars 2017, le sénateur Ghadde a contribué au rejet d’amendements constitutionnels qui visaient à dissoudre le Sénat et qui étaient soutenus par le président Mohamed Ould Abdel Aziz. Lorsque le pouvoir a soumis la même proposition à un référendum national le 5 août, Ghadde a dénoncé la manœuvre haut et fort. Cinq jours après le résultat positif obtenu par le régime grâce à une fraude massive, le sénateur opposant était placé en garde à vue. Il est toujours en prison six mois plus tard, mais pas encore jugé. Il est accusé avoir accepté des financements de l’homme d’affaires, mécène et opposant, Mohamed Bouamatou. En Mauritanie, le mécénat est devenu un délit !

Le collège de juges d’instruction qui a entendu Ghadda le 12 octobre dernier a également placé sous contrôle judiciaire douze autres sénateurs, quatre journalistes indépendants et deux leaders syndicaux en raison eux aussi de leurs liens supposés avec Mohamed Bouamatou.

Biram Dah Abeid, le cauchemar du régime

Grand militant de la lutte anti-esclavagiste, lauréat du Prix des droits de l’homme des Nations unies en 2013, Biram Dah Abeid inquiète le pouvoir du président Ould Adel Aziz. Il construit petit à petit sa stature de présidentiable pour l’élection de 2019. Très connu sur la scène internationale, notamment en Afrique de l’Ouest, où il est reçu dans certains palais présidentiels, Biram, comme l’appellent ses partisans, a réussi, lui le Haratine descendant d’esclaves arabisés par les Maures, à gagner la confiance des Négro-Mauritaniens (les peuls, les wolofs, les soninkes et les sarakoles). Tout en tendant la main aux partis d’opposition traditionnels.

Cette perspective d’alliance entre Haratines et Négro-Mauritaniens, deux communautés sociologiquement majoritaires dans le pays, pourrait faire changer l’issue de la présidentielle de 2019 dans le pays. D’autant plus que ces mouvements ont jeté des passerelles vers les mouvements d’opposition plus traditionnels.

De quoi empêcher Aziz de dormir sur ses deux oreilles.

Abdallah Ould Hormatallah, le propagandiste piégé

On connait bien à “Mondafrique” Abbdellah Ould Hormatallah, un grand ami lui aussi de l’avocat Jamal Taleb (voir ci dessus) et qui fut jusqu’il y a peu, le directeur général de Radio Mauritanie. Ce thuriféraire du président Aziz « le chef de l’Etat, ose-t-il dans une envolée lyrique, a rétabli la gloire d’une Nation, légitimement héritière d’un apport de savoir et de sagesse à la civilisation universelle »-, n’a eu de cesse de dénigrer violemment notre site et son directeur, Nicolas Beau: « Nicolas Beau, écrivait-il, n’est qu’un mercenaire, payé à coups de dizaines de milliers d’Euros pour ternir l’image d’un pays qu’il ne sait même pas situer géographiquement, dans ses torchons crasseux et haineux, rédigés par des stagiaires ».

Hélas pour l’ami Hormatallah, il vient d’être démis de son poste après une enquête de l’inspection générale de l’Etat mauritanien qui a révélé l’existence d’un énorme trou financier de plus de 100 millions d’ouguiyas qui a alimenté notamment la société Socodi de son gendre. L’intéressé, qui a comparu en décembre devant le Procureur, n’a pu apporter aucune justification à ces manquements graves dans la gestion de l’entreprise publique.

Zeine Abidine, le prête nom du Président.

Le président Ahmed Ould Abdel Aziz a cherché à introniser l’homme d’affaires Zeine Abidine, devenu son principal allié dans le pillage des ressources du pays, comme patron des patrons mauritaniens. Protégé depuis toujours par le Premier ministre mauritanien, Yahya Hadenine, et depuis deux ans par le Président de la République, Ahmed Ould Abdel Aziz, l’ancien responsable de la buvette de “Radio Mauritanie”, Zeine Abidine, dont la fortune est tombée du ciel (présidentiel), a désormais la prétention de devenir le chef du patronat mauritanien

Zeine Abidine pourrait bien servir de prête-nom au chef de l’Etat au sein de la Banque Mauritanienne d’Investissement (BMI), un nouvel établissement qui a reçu son agrément le 31 mars 2016 et dont il détient officiellement 40% du capital. Cette banque chargée des basses oeuvres de l’Etat est parvenue à trouver des correspondants à l’étranger bien peu vigilants: la British Arabe Commercial Bank (BACB) à Londres et l’Union de Banques Arabes et Françaises à Paris.

D’ores et déjà, la BMI accueillerait des dépôts avoisinants les 15 milliards alors que ses portes ne sont pas encore ouvertes au public. D’après des sources que Mondafrique possède dans les milieux financiers mauritaniens, une société étrangère offshore y détiendrait 60 % des fonds et ces derniers, semble-t-il, appartiendraient au Général Président.

Michel Sapin, le protecteur “has been”

Lorsque Michel Sapin, qui a toujours aimé les fins de semaine dans les sables mauritaniens, régnait sur Bercy, le régime mauritanien avait à Paris un protecteur en haut lieu. Le soutien de ce proche de François Hollande n’a pas faibli, mais disons qu’il ne pèse plus très lourd. En voyage en Mauritanie début novembre 2017, l’ancien ministre des finances de François Hollande, Michel Sapin, a rencontré le président Aziz, confronté à une contestation grandissante et adepte d’une répression tous azimuts. Non seulement l’ancien ministre n’a fait aucune déclaration sur l’état des libertés aujourd’hui en Mauritanie, mais il a accepté de devenir président d’honneur de l’antenne mauritanienne du Club des Partenariats public-privé (PPP).

Abderrahmane Sissako, le cinéaste en panne.

Toujours paré d’une chemise blanche immaculée et largement ouverte, le réalisateur mauritanien Sissako n’est cinéaste qu’à ses heures perdues. Ce qui nourrit ce BHL des dunes ces dernières années, ce sont ses fonctions de conseiller “culturel” attitré du président Mohamed Ould Abdel Aziz, le chef d’État mauritanien qui a imposé à son peuple une médiocre dictature de sous-préfecture, en faisant main basse sur les richesses de son pays.

Depuis “Timbuktu” en 2014, tourné avec l’aide du pouvoir mauritanien, le cinéaste semble en panne d’imagination. A l’image de son Président Aziz.

Par Nicolas Beau



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Source : Mondafrique
Commentaires : 8
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Commentaires (8)

  • KANTAKI (H) 22/01/2018 11:37 X

    Si quelqu'un a marqué l'année 2017, c'est le Président Mohamed Ould Abdel Aziz 1) la révolution solaire ( énergie) 2) la suppression du sénat ou des mamelons du veau devenu réceptacle de la corruption et des complots bas et lâches 3) le référendum constitutionnel qui a donné la parole au peuple 4) l'initiative du G5 5) la reprise du tourisme pour avènement de la sécurité sur le territoire, 6) Sixième festival des villes anciennes 7)création des conseils régionaux 8)Changement du drapeau laconique et impersonnel 9) révolution agraire et sociale ( lutte contre les discriminations ethniques et raciales) Oui pour un autre mandat par toutes les formes accessibles, nous soutiendrons, A bas Mondafrique alias BSA comploteur,

  • G5SAHEL (H) 22/01/2018 09:23 X

    Avec cette histoire de succession à aziz que révèle le monde Afrique on comprend mieux pourquoi cet avocat s agite partout, sa proximité avec les services secrets français et le soutien de la France dont il bénéficie, laquelle sera toute heureuse d avoir un de ses compatriotes à la tête de la Mauritanie.

  • foutatoro (H) 22/01/2018 07:44 X

    Ce Jemal Taleb, cet avocat qui défend bec et ongle sur africa24 Al Sisi, l'égyptien, devant deux jeunes militants marocain et algérien pour la démocratie. ces derniers étaient surpris par ses positions pro-dictature. En résumé, lors de cette émission, il avait tenue une position criminelle selon laquelle, un pays comme l'Égypte a besoin d'un militaire et d'une main de fer pour diriger. Suivez mon regard ! Lui, le Richelieu du général predator.

  • ahznar (H) 22/01/2018 00:14 X

    ss 2020 Merci de la remarque. A cause de configuration le clavier de mon appareil refuse les accents . Vous le constaterez sur d autres mots comme chapeau,francais. Je ne suis pas puriste seulement je respecte le francais et ceci permet de revoir nos copies avant de faire oublier dans notre Cridem. Felicitations et sans rancune.

  • bleil (H) 21/01/2018 23:23 X

    VIVE AZIZ ET VIVE LA NOUVELLE MAURITANIE, je vais vous aider : un Un régime finissant qui pourrait faire jouer un rôle décisif à un guignard de forgeron ! Quant aux francais, Jean Louis Brugière et Amelia Amal Lakrafi, on ne sait pas réellement qui sont ils … Mohamed Ould Ghadde, l’opposant par défaut … en fait c’est un pauvre diable de sénateur qui s’est trouvé par hasard en confrontation directe avec son cousin de président ! Biram Dah Abeid, c’est un cauchemar du régime qui l'a enfanté et qui continue de le faire bouger ...quant aux proporttions ethniques du pays, détrompez vous elles n'ont guére changé depuis un siècle ! Abdallah Ould Hormatallah, Ce thuriféraire du président Aziz – vient de découvrir les vertus (***) mais la note est lourde … Zeine Abidine, le prête nom du Président, le futur responsable de la buvette de “prison de beila”, (***) ! Abderrahmane Sissako, un malien de “Timbuktu” en panne à l’image de son Président Aziz...

  • maham68 (H) 21/01/2018 23:08 X

    Triste Mond à fric qui ne connaît pas le prénom de notre président et qui se dit sérieux Calomniez calomniez ,il en restera toujours quelque chose Ce torchon n’intéresse même plus les mouches

  • ASSOCIATION MAIN PROPRE (H) 21/01/2018 22:34 X

    Nicolas beau gagne sa vie depuis quelques années en tant que faussaire de l'information, le mensonge est devenu sa marque de fabrique. Son site Mondafrique ne fait que communiquer sciemment que des fausses informations dans le but de tromper les internautes. Vous pouvez être sur que ce site n'a aucune crédibilité en Mauritanie. VIVE AZIZ ET VIVE LA NOUVELLE MAURITANIE

  • trump trompe (H) 21/01/2018 20:06 X

    Cette analyse merite son propre thesaurus.Elle indexe sous une poignee de main les realites de notre politique. Elle met surtout en relief ce qui se dessine a l horizon : le grand Biram qui contourne sagement les obstacles . Le seul capable de remuer le baobab bien sur avec les negros.