19-02-2018 17:16 - Le temps passe, on brasse de l’air...

Le temps passe, on brasse de l’air...

Le Rénovateur Quotidien - Dans un pays de moins de quatre millions d’habitants et qui recèle des ressources naturelles en mesure de lui couvrir largement ses besoins, la mauvaise gestion et la mal gouvernance politique continuent de plonger l’économie nationale dans un marasme devenu structurel.

Chaque régime qui passe apporte ses mauvaises recettes et pompe le budget. Les années filent et on brasse de l’air. Le peuple est floué. A court d’arguments les pouvoirs publics dressent toujours un tableau lumineux.

La règle dans les rapports entre nos gouvernants et leurs gouvernés est que la réalité n’est jamais admise de la part des premiers sur les conditions de vie désastreuse des seconds. Même si rien ne va le pouvoir politique soutient le contraire.

Quand les prix s’emballent on trouve une parade pour comparer nos grilles tarifaires à celles de nos voisins comme si le regard porté sur les autres nous console sur l’état de santé de notre économie, de notre existence tout court. Par rapport aux autres, nous prétendons être toujours les meilleurs. Partout nous prenons le plaisir de nous accorder la palme de l’excellence.

Partout nous avons réalisé des prouesses jamais obtenues. Même dans l’art de se contempler nous sommes plus charmants que Narcisse. Comme si la faculté de relativiser n’existe pas en nous. Pourquoi cette obsession à se détourner de la réalité qui crève les yeux à laquelle on préfère fabriquer des expédients qui cèdent facilement au moindre petit contrôle.

Face à l’impasse politique qui bloque le processus démocratique, on s’évertue à présenter une image parfaite de notre démocratie. Dans le domaine de la culture et de l’art nous sommes au summum de la béatitude. L’irrésistible vocation d’être des poètes nous a aveuglée au point de tout poétiser et d’enfiler l’identité de pays bientôt de quatre million de rimailleurs. Un cas unique au monde. On comprend alors l’origine du penchant pour la paresse et la facilité dans le rêve de tout avoir sans effort.

Cela explique en partie ce repli sur soi et le refus de cultiver les différences, qui s’est transformé en phobie de vivre ensemble dans l’unité. Une poésie qui n’élève pas inhibe les énergies et concentre les complexes dans une tour d’incompréhensions hantée par toutes sortes de démons. Une politique qui ne s’affranchit pas des vieilles pratiques ne sert pas la démocratie.

L’unité nationale, ce n’est pas vivre dans un seul territoire, ni se voir et se croiser tous les jours. Ce n’est pas travailler dans une même administration ou habiter cote à cote. C’est savoir vivre ensemble dans l’harmonie, la paix et le respect réciproque. Là aussi ce n’est pas par la poésie politique que l’on y arrivera mais par des reformes politiques concertées et consensuelles tenant compte de toutes les spécificités culturelles et sociales du pays.

Les simulacres politiques ne sauraient masquer la réalité désolante d’un pays que les différents pouvoirs ont échoué à édifier sur des bases égalitaires pour que l’esclave par naissance ou par négoce retrouve sa dignité. Que le négro-africain ne soit pas un marginal du système du fait d’une politique népotiste ou d’un comportement chauvin.

Que le Bidhani ne soit pas assimilé aux erreurs et horreurs du pouvoir ni à son complice. Mais qu’ensemble les gens se parlent sans complexe ni rancune pour trouver des remèdes aux maux qui permettent d’édifier une Nation fière de ses valeurs plurielles.

Pour cela il faut marquer une rupture politique radicale avec les régimes et partis opportunistes pour opérer des choix démocratiques clairs où les alternances pacifiques se succèdent par la volonté du peuple dans le respect des règles constitutionnelles Passer outre ces impératifs du changement imposé par les évolutions d’une mondialisation à grande vitesse, c’est vivre dans l’illusion d’une personnalisation du pouvoir qui ne résistera pas aux soubresauts politiques.

Ibrahima Bari



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