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18-02-2012

05:57

Mauritanie : le Festival des 'Villes Anciennes' donne un nouvel élan au tourisme

Attirant de nombreux touristes venus admirer les pittoresques ruines de Ouadane, la région du nord est désormais considérée par les officiels comme un point clé de la relance du secteur touristique.

Perchée à des centaines de kilomètres au nord-est de la capitale mauritanienne, la cité historique de Ouadane a accueilli la semaine dernière un grand nombre de responsables de la culture, de visiteurs venus de l'étranger et de professionnels du secteur du tourisme.

La seconde édition du "Festival des Villes Anciennes" de Mauritanie s'est achevée à Ouadane le vendredi 10 février. Ce festival est organisé chaque année dans une des quatre villes anciennes (Chinguetti, Ouadane, Tichitt et Walata), classées sites du Patrimoine Mondial de l'UNESCO.

"Le gouvernement mauritanien est parvenu à briser le siège imposé sur les régions du nord par les conditions de sécurité, invitant ainsi 136 touristes venus d'Europe à participer au Festival, mettant au défi les avertissement lancés par certains pays occidentaux," a déclaré le ministre mauritanien de la Culture Cisse Bint Beida.

La France avait classé "zone rouge" le nord de la Mauritanie après le meurtre en 2007 à Aleg d'une famille française par des terroristes d'Al Qaida. L'industrie locale du tourisme avait alors payé un lourd tribut. Malgré l'alerte française "formellement déconseillée aux voyageurs", la majorité des visiteurs venus assister à cet événement de six jours arrivaient de France et d'Espagne.

De nombreux touristes occidentaux étaient impatients "de découvrir ce grand inventaire du patrimoine et de la culture composé des richesses des villes historiques de Mauritanie, tels qu'exposition de manuscrits, types d'industries traditionnelles, folklore populaire, musique tradionnelle et repas anciens, ainsi que de profiter de l'atmosphère du désert dans la ville de Ouadane," a expliqué à Magharebia un touriste venu d'Espagne, Habi Fernandez.

Le nombre de touristes présents "reflète les efforts des autorités mauritaniennes pour optimiser la sécurité, démontrant ainsi que la Mauritanie est devenue un pays plus sûr – contrairement aux rumeurs que certains répandent", a souligné Bamba Ould Daramane, ministre mauritanien du Tourisme.

"Nous avons un projet visant à revaloriser le tourisme dans l'état d'Adrar, et la deuxième édition du Festival des Villes Anciennes en fait partie," a déclaré le directeur de l'Office de Tourisme de Mauritanie, Mint Eddouwa. "Et nous espérons que les médias tiendront un rôle majeur dans ce projet et montreront l'aspect sécuritaire de ces zones touristiques, pour apaiser les inquiétudes, répandues jusqu'à aujourd'hui."

Selon Eddada Ould Eslama, maire de Ouadane, "Cet événement contribue sans aucun doute à redonner vie au passé de notre glorieuse nation, dans ses dimensions culturelle, sociale et économique, particulièrement dans cette atmosphère de sécurité, de stabilité, d'unité nationale, de justice sociale et de développement local, qui constituait un lieu de consensus national à travers le dialogue."

Le festival confère une nouvelle élégance culturelle à Ouadane et donne à cet événement une saveur particulière, a déclaré Ould Eslama. Le maire a également fait l'éloge du "soutien financier important accordé pour cette édition".

Le financement de l'événement, d'après Bint Beida, s'élevait à 215 million d'ouguiyas (565 000 euros).

Ces fonds ont été utilisés pour "le développement de la ville et la présentation de ses trésors culturels, reflets de la diversité culturelle de la Mauritanie, faisant de cet événement une leçon sur la culture et le patrimoine", a expliqué le ministre. 

Les visiteurs interrogés par Magharebia ont affirmé s'être sentis en sécurité et avoir apprécié la valeur historique de la ville. Nombre d'entre eux ont déclaré vouloir y revenir.

Catherine Laprouss Pana, travailleuse humanitaire venue de France, se rend en Mauritanie depuis 13 ans.

"Ce blocus auquel la Mauritanie était soumise pour des raisons de sécurité me déplaisait au plus haut point, tout comme il déplait à beaucoup d'Européens habitués à vivre en sécurité dans ce pays," a-t-elle dit.

"Si je détenais une quelconque autorité officielle, j'abandonnerais ce blocus, car la Mauritanie est un pays sûr, et que tout ce qui se dit pour justifier le classement du nord du pays en zone rouge relève de grandes exagérations," a-t-elle ajouté. "Nous avons été privés de ces régions, de la possibilité de profiter de leur caractère, de la bonté de leurs habitants et de leur simplicité."

Par Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott



 


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