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03-03-2012

06:09

Syrie : le photographe Paul Conroy dénonce un massacre aveugle

Londres - Le photographe britannique Paul Conroy, évacué cette semaine de Syrie, a affirmé que la ville de Homs, soumise à la répression de l'armée syrienne, était le théâtre non d'une guerre mais d'un massacre aveugle, dans une interview diffusée vendredi sur Sky News.

Il ne s'agit pas d'une guerre. C'est un massacre, un massacre aveugle d'hommes, de femmes, d'enfants, a déclaré Paul Conroy à la chaîne de télévision britannique, de son lit d'hôpital au Royaume-Uni où il est soigné pour des blessures notamment à la jambe. Dans une autre interview sur CNN, le photographe a dénoncé un siège médiéval, une boucherie.  

Le photographe indépendant, qui travaillait en Syrie pour le journal britannique Sunday Times, a expliqué qu'il se sentait remarquablement bien compte tenu des circonstances. J'ai quelques gros trous dans ma jambe, et (...) ils ont enlevé un morceau d'éclat d'obus de 7,6 cm dans mon dos, a raconté Paul Conroy.

Tous les matins, vers 06H30, les bombardements commençaient à Homs (centre de la Syrie), a affirmé le photographe, évacué en début de semaine de Syrie où il a été blessé pendant le pilonnage de Homs. C'était presqu'une attaque psychologique (...). J'ai travaillé dans plusieurs zones de guerre. Je n'ai jamais vu ou vécu des bombardements comme ceux-là. C'était systématique.

L'armée syrienne se déplaçait systématiquement dans les quartiers avec des munitions qui sont utilisées sur les champs de bataille, a poursuivi le journaliste de 47 ans.

Il n'y avait pas de cibles (...) Au cours de la dernière semaine, l'intensité des bombardements a augmenté tous les jours (...) Une fois que les caméras seront parties, Dieu seul sait ce qu'il va se passer (...) Les habitants de Homs venaient à moi et me demandaient +Où est l'aide ? et je n'avais pas de réponse.

Il y a des milliers de personnes à Homs (...) Des pièces pleines de gens attendant de mourir. Ils ne voient pas d'aide, rien, ils ne font qu'attendre le moment où les soldats vont entrer ou quand un obus va défoncer la porte.

Il n'y a pas d'électricité, il n'y a pas d'eau. L'hôpital n'a pas d'eau. La nourriture est maigre, il reste seulement des biscuits (...) Dans quelques années, on va se dire +comment a-t-on pu laisser ça se passer sous notre nez? +, a lancé le photographe.

Paul Conroy a été blessé la semaine dernière dans un bombardement qui a coûté la vie à sa collègue du Sunday Times, l'Américaine Marie Colvin, et au photographe français Rémi Ochlick. Une journaliste française, Edith Bouvier, blessée dans la même attaque, est rentrée en France vendredi.

Marie Colvin était une personne unique. (...) Elle est morte en faisant quelque chose qui la passionnait (...) Elle voulait juste dire la vérité. Elle était horrifiée, a raconté Paul Conroy.

J'étais là quand elle a été tuée, je sais qui l'a tuée, a-t-il ajouté sur CNN. Il s'agit de professionnels de l'artillerie qui ont organisé, pris pour cible et assassiné Marie Colvin et Rémi Ochlick, a-t-il dit accusant directement le régime syrien.

Les dépouilles de Marie Colvin et de Rémi Ochlick sont arrivées vendredi soir à Damas. Nous sommes en contact avec le Sunday Times pour faire les arrangements nécessaires au rapatriement du corps de Marie Colvin, a simplement commenté le ministère britannique des Affaires étrangères, sans dire où la dépouille serait transportée.

Le Sunday Times n'était pas joignable vendredi pour donner des précisions.

Homs est à la pointe de la contestation en Syrie où depuis bientôt un an une révolte est réprimée dans le sang (plus de 7.500 morts selon l'ONU).



 


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