Cridem

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22-03-2012

14:52

Retour volontaire des réfugiés au Sénégal : Aziz à Rosso pour accueillir le dernier contingent.

Entamé en 2007 par l’organisation de Journées Nationales de Concertation et de Sensibilisation pour le retour des déportés, le processus de retour au pays des réfugiés mauritaniens au Sénégal, s’achève avec l’arrivée prévue, dimanche, du dernier contingent. Un contingent qu’en apparences le président Aziz, a voulu accueillir personnellement pour officialiser la fin des opérations, fixée dans l’accord tripartite au 31 mars 2012.

Novembre 2007 restera sans doute une date charnière dans l’histoire politique mauritanienne. C’est, en effet, en cette date qu’un accord tripartite Mauritanie-Sénégal-Hcr, concluait, à Nouakchott, au retour des réfugiés mauritaniens, victimes des événements de 1989. Une page douloureuse de l’histoire contemporaine du pays entamait sa mue.

C’est ainsi que commençait le plus grand exode d’un retour aux terres natales de milliers de négro-mauritaniens dont de milliers d’enfants nés sous sur l’autre berge du Fleuve qui faisaient ainsi connaissance, pour la première fois de leur vie, avec la terre de leurs ancêtres.

Autant, cette injustice a été lourdement ressentie, autant elle a entamée l’image du pays et servi les chantres de la division entre les négro-mauritaniens et leurs compatriotes maures, souvent confondus avec le régime, auteur des massacres et des déportations. Mais le discernement a toujours prévalu, malgré les exactions et la collaboration de ceux des maures nourris à l’école des idéologies panarabes sectaires.

Début des opérations le 29 janvier 2008

Le premier contingent de rapatriés franchira le Fleuve Sénégal, le 29 janvier 2008. Même si quelques uns étaient déjà de retour avant les opérations officielles, l’arrivée de 28 familles inaugurait l’opération la plus complexe de l’histoire du pays, après 19 ans d’exil forcé au Sénégal. L’ambiance des retrouvailles était indescriptible et particulièrement pathétique. Ces premières familles seront installées au PK 6, à Demel Dek, à Toulel Diéri et à Medina Salam.

Ce qui relevait ainsi depuis quelques années de la gageure commençait à prendre corps devant les yeux émus de milliers de mauritaniens pleins de compassion et de joie de retrouver qui un parent, qui un ami mais tous un compatriote. Ils n’étaient officiellement, que 12 milles mauritaniens à exprimer volontairement le désir de regagner leur pays, selon le Hc. Dans les faits, ils seront au moins 20 milles à revenir de cet exil forcé.

Les opérations étaient organisées sous l’égide du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Malgré tous les défis liés au coup d’Etat intervenu en août 2008, à la réinsertion des victimes spoliées et à l’installation des rapatriés, les différentes parties (l’Etat, le Hcr et les représentants des rapatriés) ont contribué inlassablement au succès des opérations par un sens énorme du consensus et de l’apaisement. Pour rassurer ses compatriotes, au lendemain du putsch qui a emporté le président Sidi Ould Cheikh Abdellahi, le président Aziz, fera un déplacement en Novembre 2008, sur les sites de rapatriement, pour s’assurer de la bonne continuité des opérations.

La volonté de régler définitivement cette affaire semble même primer le discours officiel avec les rencontres répétées avec les représentants des rapatriées et la prière au mort ainsi que le Pardon invoqué au nom de l’Etat. Depuis la date du 29 janvier à nos jours, 90 contingents de mauritaniens réfugiés au Sénégal ont été organisés, sans grande difficulté logistique.

Accélérer les questions liées aux indemnisations des victimes

Malgré les efforts consentis par l’Etat et les risques réels de récupération politique des questions liées aux indemnisations (voir entretien avec Kane Mamadou El Housseïnou président du Covire), à la réinsertion des fonctionnaires et des défis d’installation des populations, l’urgence semble justement à régler définitivement ces questions lancinantes.

Parmi ces question l’engagement de l’Etat à disponibiliser des pièces d’Etat civil aux rapatriés, la restitution ou à défaut, une indemnisation des biens (Bétail, matériel) confisqués lors des événements de 1989, l’indemnisation des orphelins, veuves et ayants droits…Ceci est d’autant plus vrai que certaines organisations représentant les victimes commencent à montrer des signes de lassitude par rapport aux promesses qu’elles disent non tenues.

Il en était notamment ainsi de l’impatience manifestée par l’Union Nationale des Rapatriés Mauritaniens du Sénégal (UNRMS), manifestant ses revendications devant le Parlement. Dans sa plateforme revendicative, l’UNRMS demandait aux autorités de respecter les engagements signés dans l’accord tripartite et un enrôlement juste, transparent et équitable, pour ses affiliés. L’UNRMS exigeait que le Formulaire de Rapatriement Volontaire (VRF) déjà traité ainsi que le certificat d’accouchement puisse servir de base pour l’enrôlement des rapatriés et leurs enfants nés au Sénégal.

Toutes les questions ne seront certainement pas éludées du jour au lendemain, néanmoins, le président de la République qui entend officiellement constater la fin des opérations, devrait instruire les administrations en charge des dossiers pendants devant elles de les régler en toute urgence. C’est le moins qu’il puisse faire pour réitérer la volonté politique de l’Etat de tourner, dans la sérénité, la page de la plus douloureuse de notre histoire commune.

JD

 


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