Cridem

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21-09-2012

15:29

Un amputé de la charia confie son calvaire à la presse malienne : Le fugitif raconte ...

... une parodie de procès.

Un homme dont la main droite a été coupée, en application de la charia imposée par les groupes islamistes qui occupent le nord du Mali, a raconté son calvaire de supplicié lors d’une rencontre avec la presse parrainée jeudi à Bamako par l’organisation Amnesty International.

Alhader Ag Almahmoud, un commerçant touareg de 30 ans, père de trois enfants, a été amputé le 8 août de la main droite par les éléments du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao), qui exercent leur contrôle sur la région malienne de Gao, au Nord-Est du pays.

Il a affirmé avoir injustement été accusé de vol de bétail à Tina Hama, une localité d’Ansongo, avant d’être séquestré 14 jours et de se voir couper la main au niveau du poignet, à la suite d’une parodie de procès qui n’aura en tout et pour tout pas duré plus d’une vingtaine de minutes.

« Les questions n’ont pas dépassé les dix minutes… La majorité (des dix personnes au milieu desquelles j’étais assis) a déclaré que j’étais coupable et qu’il fallait appliquer la charia en me coupant la main droite… », a dit le mutilé assurant que ses juges ont fait fi de la déclaration des plaignants attestant que leur bétail a été retrouvé.

Selon Ag Almahmoud, il a été ligoté à une chaise et garroté avec une chambre à air avant de se voir sectionner la main, sans la moindre anesthésie, à l’aide de deux couteaux de cuisine achetés quelques instants plus tôt au marché.

Il a ajouté que la tête de la personne qui l’a par la suite aidé à s’enfuir avait été mise à prix et que lui-même ne retournerait plus à Tina Hama de peur d’un nouveau châtiment des islamistes qui ne lui pardonneraient sans doute pas d’être venu raconter son supplice dans la capitale malienne.

Ag Almahmoud a précisé avoir fui à dos d’âne pour rejoindre Ansongo, le chef-lieu de cercle, d’où il a ensuite rallié, par car, Niamey, la capitale nigérienne, puis Bamako, via Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.

« Au commissariat de Gao, ce sont au total 25 personnes qui sont aujourd’hui détenus dans l’attente de se voir appliquer une sentence de charia », a révélé le commerçant dont les propos étaient traduits du tamasheq en français par son cousin germain.

D’après Amnesty International, sept personnes accusées de vol et de braquage ont été amputées depuis août dans le nord du Mali.

© copyright APA News



L'effroyable liste des exactions au Nord Mali

Au Nord-Mali, le constat est sans appel. Amnesty international, qui publie le 21 septembre un rapport concernant le conflit au Mali, fait état d’une situation catastrophique pour les populations de la zone.

Sur la liste des exactions commises par les islamistes dans le nord du Mali on trouve: amputations et autres châtiments corporels, violences sexuelles, harcèlement quotidien dans le but d'imposer de nouvelles mœurs, enrôlement d’enfants soldats, ou encore exécutions extrajudiciaires.

«Aujourd'hui, les parties au conflit armé s'observent sans s'affronter directement. Cependant les civils, de part et d'autre de la ligne qui divise le pays en deux, continuent de payer un lourd tribut», déclare sur le site Internet d’Amnesty, Gaëtan Mootoo, l’un des chercheurs de l’ONG sur l'Afrique de l'ouest, de retour d'une mission de 15 jours au Mali.

Depuis le mois d’août, rappelle-t-il, 7 personnes suspectées de vol ou de braquage ont été amputées d’au moins un de leurs membres, à la suite de «décisions expéditives.»

Le Journal du Mali rapporte le témoignage de l’un d’entre eux. Alhader Ag Almahmoud, était éleveur de bétail tamasheq. Suspecté de vol de bétail, il a été amputé à Asango:

«J'étais assis au milieu de plus de dix personnes dont le chef du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO). Les questions n'ont pas dépassé les dix minutes (…). La majorité a déclaré que j'étais coupable et qu'il fallait appliquer la charia en me coupant la main droite au niveau du poignet. Avant l'amputation de ma main, le propriétaire du bétail volé est venu déclarer que les bêtes avaient été retrouvées.»

Selon le site d’Amnesty, les femmes continuent elles aussi d’être victimes de sévices sexuels graves. Une jeune fille de 14 ans a récemment été violée par un membre de la police d’Aqmi à Tombouctou.

Par ailleurs, la délégation de l’ONG a pu constater sur place l’enrôlement d’enfants soldats dans les rangs des groupes islamistes.

Amnesty International somme à présent les groupes islamistes de stopper immédiatement tous châtiments corporels, y compris les lapidations et amputations, ainsi que les violences faites aux femmes.

Lu sur Amnesty International, Le Journal du Mali


 


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