Cridem

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04-10-2012

05:17

'Heremakono', un film qui interroge l'exil et le bonheur

Le film "Heremakono" (A la recherche du bonheur), du cinéaste et producteur mauritanien, Abderrahmane Sissako, projeté mardi à l’Institut français de Dakar, interroge le bonheur et l’exil dans la ville de Nouadhibou (Mauritanie), à travers un jeune malien qui y attend son départ pour l’Europe.

Tourné à 500 kilomètres au Nord de la capitale mauritanienne, ce film est inspiré au cinéaste par son bref retour en Mauritanie, en 1980, après son installation peu après sa naissance dans ce pays, à Bamako (Mali), la ville natale de son père.

Dans le film, Abdallah retrouve sa mère à Nouadhibou en attendant son départ pour l’Europe. Mais le jeune homme sera confronté à un monde qui lui est pourtant inconnu, même si sa mère essaie tant bien que mal de l’y intégrer.

Maata, ancien pêcheur reconverti en électricien, explique à son jeune apprenti Khadra pourquoi il déteste le voyage. Pendant ce temps, Makan, lui, n’a d’yeux que pour l’occident.

Après un long exil au Mali, le jeune Abdallah découvre ainsi la culture mauritanienne. Le réalisateur parvient ainsi à dévoiler au spectateur les différentes facettes traditionnelles de la Mauritanie, particulièrement dans cette petite ville de pêcheurs, Nouadhibou.

Un pays où le thé fait partie intégrante de la vie de chaque habitant, car parfois même servi dans les hôpitaux ou les cliniques.

Il y a également les chansons traditionnelles accompagnées par les sonorités de la harpe et qui se transmettent de génération en génération chez les femmes.

Comme il ne connaît pas la langue locale (Hassaniyya), Abdallah tente de comprendre ceux qui l'entourent, de déchiffrer cet univers, les couleurs, les danses et les habitudes.

Autre fait qui l’intrigue : celui que les hommes et les femmes ne se mélangent jamais dans les salles de séjour. Et pourtant, ils partagent tous, sans tabou, ce désir de fumer la cigarette.

Comment alors Abdallah, qui ne parle pas la langue locale, pourrat-il demander aux Mauritaniens pourquoi les ceintures leur traînent au pied ?

Le film de Cissokho est un film grave et aérien qui se demande ce que le voyageur est prêt à laisser derrière lui.

Né à Kiffa (Mauritanie) en 1961, Abderrahmane Sissako a obtenu pour le film ‘’En attendant le bonheur’’ le Prix de la critique internationale du Festival de Cannes de 2002.

Il est aussi le réalisateur de "Bamako", en 2006, dans lequel il met en scène, dans la cour d’une maison malienne, un procès opposant la société civile africaine à la Banque Mondiale et au Fonds Monétaire International, tenus pour coupables de la misère africaine.

Ce film obtient le Grand prix du Public des rencontres du Festival Paris Cinéma et le Prix du Film du Conseil de l'Europe (2007).

Abderrahmane Sissako est, avec Ousmane Sembène, Souleymane Cissé, Idrissa Ouedraogo ou Djibril Diop Mambety, l'un des rares cinéastes d'Afrique noire à avoir obtenu une notoriété internationale.

MF/ASG/DND


 


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