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15-10-2012

10:16

Dossier spécial fusillade contre le Président : Complot ou erreur ? - [Video]

Le président Mohamed Ould Abdel Aziz a-t-il été victime d’une tentative d’assassinat ? C’est cette question qui occupe les esprits et dont chacun tente d’apporter des réponses sans être en mesure de fournir des informations complètes et crédibles sur le drame qui s’est passé le week-end dernier.

Une unité de sécurité aurait suspecté une voiture refusant de s’arrêter et filant à vive allure. Sans trop chercher à savoir qui était à son bord, les éléments de l’armée ont ouvert le feu sur le véhicule et ce n’est qu’après l’incident que l’identité de la personne atteinte par les balles sera déterminée.

La nouvelle se répandît comme une trainée de poudre sur toute la ville de Nouakchott qui apprit que le Président a fait l’objet d’une fusillade meurtrière. Et chacun y allait de ses propres interprétations.

Le communiqué officiel diffusé par le Ministre de la communication plus d’une heure après les faits , a permis de donner une version du drame mais, n’a pas levé la confusion sur ce qui s’est passé. La nuit sera longue pour l’homme qui a passé des heures à l’hôpital national en compagnie de ses médecins. Sur les endroits atteints on parle d’une balle autour de l’épaule extraite par les médecins avec succès selon les sources officielles.

L’imminence d’une évacuation se précisa au moment où d’autres rumeurs parlent d’une autre balle logé à l’abdomen. La brève sortie télévisée du président n’aura pas mis fin aux supputations sur cette fusillade qui suscité interrogations et incertitudes sur l’’état de santé du président mais aussi sur le vide qui va s’installer dans le palais dans un contexte sécuritaire tendu qui présage d’une instabilité permanente.

Désormais loin du pays et ayant comme seul espoir ses hommes de confiance, le destin du Président est plus que jamais soumis à des contingences politiques aux mille et une inconnue ! Il est clair que l’homme atteint par des tirs attribués à une unité de l’armée n’est pas proche de son pouvoir, lui qui doit se soucier d’abord de son rétablissement. On mesure alors le danger qui plane sur les institutions de la République.

Chronique d’un miracle


C’est la seconde fois que le président Ould Abdel Aziz échappe miraculeusement à une mort certaine. La première pendant la campagne présidentielle de juillet 2009, suite à l’incident de l’avion qui le transportait prés du puits de Warg Ngott dans la région du Hodh Chargui (devenu aussi nom du livre du rescapé Oumar Ould Mattalla) et la seconde fois, suite à ce mitraillage de son véhicule à 40 km au nord de Nouakchott, duquel il est sorti grièvement malade, soigné d’abord à l’hôpital de Nouakchott avant d’être évacué hier à Paris, après avoir rassuré son peuple, à l’hôpital de Percy, à Clamart, près de Paris.

Chronique d’un miracle

Après le ministre, le président rassure

Alors qu’il se préparait à prendre l’avion médicalisé qui allait le conduire vers Paris pour se soigner, le président a tenu a réconforté personnellement son peuple, qui commençait à avoir des doutes sur les propos réconfortants tenus la veille par le ministre de la communication. « " Je voudrais après mes remerciements à Allah rassurer tous les citoyens mauritaniens quant au succès de l'opération chirurgicale effectuée de manière excellente par l'équipe médicale et les féliciter pour ce succès.

Je rassure tous les citoyens sur ma bonne santé après cet accident causé, par erreur, par un groupe de l'armée sur une route non bitumée dans les environs de Toueila .Les choses vont bien et il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Je renouvelle mes remerciements à l'équipe médicale pour le bon travail accompli". Certes, sa voix et son visage laissent percevoir qu’il était encore sous le choc, mais la décision était plus édifiante pour une opinion qui pensait le pire et qui avait besoin de ce coup de communication.

La veille, le ministre de la communication et des relations avec le parlement, Me. Hamdi Ould Mahjoub s’est voulu rassurant sur la santé du Président de la République, parlant d’un tir ami" qu'il a subi. «C'est un tir par erreur contre le cortège du président qui revenait de l'intérieur du pays, l'unité militaire (à l'origine du tir) ne savait pas qu'il s'agissait (de son) du cortège», avait-t-il déclaré. «Le peuple mauritanien peut être tranquille, le président se porte bien, il est soigné à l'hôpital national (...) Il est légèrement touché, il est descendu lui-même de la voiture à son arrivée à l'hôpital où il marchait sans difficultés», a assuré le ministre.

Arrestations des présumés tireurs

Les autorités ont arrêté samedi à dimanche deux officiers de l’armée pour avoir tiré des balles sur le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. Ils auraient été soumis à un interrogatoire dans une base militaire située au nord du pays. C’est assurément eux qui ont donné des premières informations détaillées sur cet incident qui continue de secouer tout le pays.

C’est le président en personne qui avait appelé, au cours de sa route vers l’hôpital militaire, ses gardes auxquels il a demandé d’arrêter le groupe et de mener immédiatement l’enquête. Ce qui a eu effectivement lieu au cours des premières heures de l’opération qui a suscité l’inquiétude de milliers de mauritaniens.

Version probable de l’incident

Le président de la république était à bord d’un véhicule civil de type V8 en compagnie de son cousin et de son partenaire Ahmed Ould Abdel Aziz, au cours d’une excursion hebdomadaire qu’il organise dans les environs d’Akjoujt, avant qu’il ne soit surpris par un obstacle des forces armées au km 35 sur la route Nouakchott-Akjoujt, non loin de Tweila.

Les éléments chargés de la surveillance de la zone ont tenté en vain d’avertir le conducteur de la voiture (le président de la république Mohamed Ould Abdel Aziz) de s’immobiliser, puisqu’il était occupé par les discussions avec son camarade. Quand le véhicule s’est approché du point de contrôle, la patrouille a tiré des balles en l’air en guise de sommation.

Le président a alors quitté la route, s’engageant dans une déviation avant de rejoindre le bitume plus loin sans constater que des officiers de l’unité militaire basée dans la zone, sur les frontières nord de la capitale ont pris une voiture civile pour dresser une embuscade au véhicule du président sans identifier ses occupants. Quand Ould Abdel Aziz a regagné la route principale, il a vu les éléments postés de nouveau devant lui.

Il a suspecté le véhicule comme son compagnon, refusant alors de stationner, téléphonant à ses gardes qui étaient à quelques kilomètres de lui comme c’est souvent le cas au cours de ses promenades hebdomadaires dans les Oueds de l’Inchiri. L’un des officiers arrêtés a indiqué que ses doutes sur le véhicule se sont accrus après son refus de s’immobiliser une seconde fois, que son compagnon à mitraillé la voiture de 14 balles pour forcer ses occupants au stationnement.

Ahmed Ould Abdel Aziz est sorti indemne de cet incident mais le président a été touché dans ses membres inférieures. Son état n’est pas dangereux, mais il a été victime d’une forte hémorragie due à la pénétration des balles dans son corps ainsi qu’à l’éloignement de la distance parcourue pour regagner l’hôpital militaire de Nouakchott.

Malgré son état Ould Abdel Aziz a poursuivi la conduite du véhicule jusqu’au dépassement de leurs agresseurs avant de remettre le volant à son camarade Ahmed Ould Abdel Aziz.

Réactions des partis

Réagissant à l’incident, au cours d’une conférence de presse organisée hier relative aux travaux de la quatrième session ordinaire de son conseil national, l’UPR, le parti au pouvoir a exprimé « ses chaleureuses félicitations au Président de la République et au peuple mauritanien à l'intérieur et à l'extérieur, au gouvernement et à toutes les forces armées nationales ainsi qu'aux militants du parti, pour la bonne santé du Président de la République, suite au tir de balles ayant visé, par erreur, son cortège, souhaitant également un prompt rétablissement pour le Président de la République, implorant Allah le Tout Puissant de préserver la Mauritanie, peuple, direction et territoire de tout mal.

Plutôt avant, le leader du parti El Wiam démocratique a qualifié l’acte de menace sérieuse pour la paix sociale dans le pays. De son côté, le MPR s’est dit stupéfait « que le Président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz a été touché par balle sur la route Nouakchott-Akjoujt, non loin de Tweila », précisant sur la base des informations en sa possession qu’il s’agit « d’une mésentente entre les éléments de l’armée nationale, en patrouille dans la zone, et le convoi présidentiel » exigeant qu’une enquête approfondie soit immédiatement diligentée aux fins d’établir la réalité des faits, exprimant un prompt rétablissement à Ould Abdel Aziz.

Le parti Tawassoul , tout en demandant que les circonstances d cet incident soient élucidées a requis quant à lui une guérison rapide au président mauritanien . Les autres partis n’ont pas encore réagi sinon leurs communiqués n’ont pas été rendus publics. Du côté du Rfd, une conférence de presse prévue hier a été annulée suite à cet incident.

Les sceptiques doutent de la thèse de la bavure

Engagé dans une lutte active contre Aqmi, Mohamed Ould Abdel Aziz a toujours fait l’objet de menaces de la part des islamistes qui l’accusent au même titre que son homolgue français de mener une «guerre par procuration contre les Moudjahidine pour le compte de la France». Raison pour laquelle, ce qui n’ont pas crédité les premiers éclairages officiels, ont vu dans l’agression du véhicule du président les marques d’Aqmi. Une hypothèse consolidée également par les rumeurs qui ont circulé plus tard faisant état de traque des véhicules qui avaient dressé une embuscade au président dans son retour de l’Inchiri.

A propos de la vacance du pouvoir

Dans le Titre II Du pouvoir exécutif de la constitution du 25 juin 2006 relatif à la vacance du pouvoir, l’article 40 indique qu’en » cas de vacance ou d’empêchement déclaré définitif par le Conseil constitutionnel, le Président du Sénat assure l’intérim du Président de la République pour l’expédition des affaires courantes. Le Premier ministre et les membres du Gouvernement, considérés comme démissionnaires, assurent l’expédition des affaires courantes.

Le Président intérimaire ne peut mettre fin à leurs fonctions. Il ne peut saisir le peuple par voie de référendum, ni dissoudre l’Assemblée Nationale. L’élection du nouveau Président de la République a lieu, sauf cas de force majeure, constaté par le Conseil constitutionnel, dans les trois (3) mois à partir de la constatation de la vacance ou de l’empêchement définitif. Pendant la période d’intérim, aucune modification constitutionnelle ne peut intervenir ni par voie référendaire, ni par voie parlementaire. »

Dans l’article 41, le Conseil constitutionnel, pour constater la vacance ou l’empêchement définitif, est saisi soit par le Président de la République le Président de l’Assemblée

Amadou Diaara et MOML


 


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