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12-03-2013

19:36

Mali : Boukary Daou passé à tabac dans les locaux de la sécurité interieure

Koaci.com apprend en exclusivité ce mardi matin que le journaliste arbitrairement emprisonné depuis mercredi dernier par les hommes du capitaine Sanogo à Bamako aurait été tabassé au moins en deux fois depuis son arrestation selon deux sources concordantes sécuritaires maliennes.

En effet, alors que l'agissement arbitraire des hommes de la sécurité intérieure (SE) à l'encontre du journaliste émérite a été conforté par l'acquiescement du président par intérim Dioncounda Traoré, aux ordres du chef de la junte, qui estime que la publication de la lettre ouverte dans "le républicain"...

...journal pour lequel Boukary Daou est directeur de publication, d'un militaire du front se plaignant du traitement de faveur d'un chef putschiste, est nuisible à l'armée malienne, nous apprenons que le journaliste aurait été passé à tabac au moins à deux reprises depuis mercredi dernier.

A en croire nos sources qui se sont livrées pour dénoncer une situation qui semble les dépasser à l'heure où le pays est secoué depuis un coup d'Etat survenu en mars 2012, vendredi soir et dimanche après midi, Boukary Daou aurait été sérieusement frappé par au moins trois militaires apprend t'on sans pour autant attester précisément à cette heure de son état de santé.

Alors que l'arrestation divise, comme constaté depuis deux jours, au sein même des services de renseignement comme au niveau de l'Etat Major de l'armée, dans lesquels le Capitaine Sanogo et sa bande semblent guère faire l'unanimité, bien au contraire, la presse malienne a décidé dans son grand ensemble de se muer et ce jusqu'à la libération de Boukary Daou.

Action de journée "presse morte" lancée depuis ce mardi matin, pas de journaux, peu d'émissions de radio et ce jusqu'à la libération du journaliste, comme annoncé. Ce mardi au-delà de la guerre commencée il y a deux mois et qui se poursuit au nord du Mali, sonne comme le sixième jour de détention arbitraire d'un journaliste pourtant à la réputation aussi intègre que non conspiratrice.

IB




Mali : opération "Journées sans presse" après l'arrestation d'un journaliste

Pour protester contre l’arrestation de Boukary Daou, directeur de publication du journal privé "Le Républicain", ses confrères maliens ont décidé d’organiser des journées sans presse à partir du 12 mars.

Les responsables des organisations de la presse privée malienne, réunis en assemblée générale à la Maison de la presse du Mali, le 11 mars, ont décidé « l’instauration de Journées sans presse à compter du mardi 12 mars, jusqu’à la libération de Boukary Daou », indique un communiqué publié à la fin de la réunion. Les patrons de presse décident également de déposer « plainte contre l’État pour arrestation arbitraire de notre confrère du journal Le Républicain », ajoute le texte.

Le 6 mars, les services de renseignement maliens ont arrêté Boukary Daou pour avoir publié la lettre ouverte au président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, d’un groupe des militaires mécontents.

« Nous avons appris que pendant que nous mourrons, nous, dans le grand désert, le capitaine Sanogo, pour avoir fait un coup d'État, et mis le pays dans la situation que nous connaissons, doit bénéficier d'un salaire de quatre millions de F CFA » (plus de 6 000 euros) par mois », peut-on lire dans cette lettre signée d'un certain capitaine Touré. Qui menace : « Si cette décision n'était pas annulée dans les deux semaines suivantes, nous cesserons, nous, c'est-à-dire mes éléments et moi, de combattre ».

Protection des sources

De son côté, l’armée malienne assure qu’il n’y a sur le terrain des opérations au nord aucun officier au grade de capitaine répondant au nom de Touré. Et « le directeur de l’information et des relations publiques des armées invite la presse nationale et internationale à plus de vigilance face à des entreprises obscures qui cherchent à compromettre la cohésion et la discipline au sein des troupes sur le terrain », dit un communiqué lu à la télévision nationale dans le journal de 20 heures du 11 mars.

« Les investigations judiciaires sont en cours par les services compétents pour identifier le ou les vrais auteurs de cette lettre supposée ou réelle qui cherche à démobiliser notre armée sur le terrain », indique le même communiqué. Pour libérer Boukary Daou, « les agents de la sécurité d’État lui demandent de donner le nom des auteurs du document incriminé et il a refusé, ce qui est son droit car les journalistes doivent protéger leurs sources », explique Kassim Traoré, le président de l’Organisation des jeunes reporters du Mali.

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Par Baba Ahmed, à Bamako ( Jeune Afrique)


 


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