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20-03-2013

15:51

Otages. Une agence de presse mauritanienne, chambre d’écho des djihadistes

L’Agence Nouakcott d’information (ANI) a annoncé la nuit dernière l’exécution de l’otage français, Philippe Verdon, détenu par AQMI depuis le 24 novembre 2011. Cette agence mauritanienne entretient depuis des années une relation privilégiée avec les groupes islamistes du Sahel. Cependant son intégrité et surtout la fiabilité de ses informations ont, à plusieurs reprises, été remises en question.

Un média « indépendant et fiable »

ANI est une branche de la Mauritanienne de Presse, d’Edition, de Communication et d’Impression (MAPECI) qui édite les deux quotidiens Nouakchott Info et Akhbar Nouakchott. Sur son site, ANI se présente comme étant avant tout un média indépendant et fiable :

« ANI cherche à combler le vide dont souffre la famille médiatique indépendante en Mauritanien en l’absence de sources fiables d’informations libres, traitées avec professionnalisme, objectivité et rapidité, dans le souci d’apporter une information sûre et sans déformation ni affabulation au lecteur là où il est. »

Des contacts privilégiés avec djihadistes du Sahel

Créée en 2007, ANI est depuis le début de son activité en contact avec les différents groupes djihadistes installés au nord du Mali et qui ont plusieurs fois menacé la Mauritanie elle-même. « Nous avons reçu le premier communiqué en 2007, nous connaissons donc bien ces groupes, leur pensée, leur idéologie et leur façon de justifier leur violence, nous en avons parfois même rencontré certains et, comme tous les journalistes, nous protégeons nos sources », a déclaré Ely Ould Maghlah au Monde, le 21 janvier 2013.

ANI dispose à présent d’un vaste réseau d’informateurs et de correspondants dans le Nord malien, recrutés parmi les communautés arabe et touareg. Avec le site d’information mauritanien Sahara Medias, l’agence privée ANI a diffusé de nombreuses vidéos des otages français. Le 10 août 2012, Philippe Verdon parlait de ses « conditions de vie difficiles » dans une vidéo diffusée par le site mauritanien Sahara Medias.

« Officine médiatique des terroristes »

Durant la prise d’otage du complexe gazier d’In Amenas, en Algérie, en janvier dernier, ANI a été dénoncée par les autorités algériennes comme une « officine médiatique des terroristes ». Pour le site d’information Algérie Patriotique, l’ANI « a servi – visiblement à dessein – d’une véritable courroie de transmission des rumeurs les plus folles distillées par les terroristes ».

« Les ravisseurs, qui faisaient de toute évidence dans la manipulation médiatique, n’étaient pas à leur premier contact avec cette agence qui semblerait avoir quelques affinités avec les groupes terroristes agissant dans la zone sahélo-sahélienne », affirme Algérie Patriotique. L’exécution de Philippe Verdon n’a pas encore été confirmée par Paris.

Camille Martin


 


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