07:30
Les journalistes du Maghreb marquent la Journée mondiale de la liberté de la presse
C'est dans des circonstances très différentes que les journalistes mauritaniens et tunisiens ont marqué, le vendredi 3 mai, la Journée mondiale de la liberté de la presse.
À Tunis, le gouvernement a annoncé la mise en place de la Haute commission indépendante des médias, que les membres de la profession attendaient depuis longtemps.
"L'annonce de la composition de la Haute commission indépendante des médias est perçue comme un succès dans le contexte de la lutte engagée par le secteur, et comme un pas en avant visant sa réglementation", a expliqué la présidente du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) Nejiba Hamrouni.
Vendredi, le SNJT a publié son rapport annuel sur les atteintes au secteur des médias enregistrés l'année précédente. Ce rapport montre que les menaces pesant sur la liberté de la presse en Tunisie se sont renforcées.
"Le SNJT continuera son combat pour défendre les droits professionnels et sociaux des journalistes et la liberté d'expression", a déclaré Hamrouni. Elle a appelé à marquer "le 3 mai de cette année par une manifestation plutôt que par un évènement festif".
Ce document souligne "le maintien de certains chapitres répressifs de la loi que Ben Ali utilisait pour réduire ses adversaires au silence".
Il parle également d'une "série de procédures légales et de procès à l'encontre de certains journalistes et de représentants du secteur des médias dans le cadre d'affaires apparemment montées de toutes pièces pour museler la liberté d'expression et les journalistes".
Ce communiqué du SNJT critique le retard mis par les autorités tunisiennes à faire appliquer le décret 41 sur le droit d'accès aux informations, ainsi que les décrets 115 sur la liberté de la presse et des publications et 116 sur la création d'une instance de régulation du secteur des médias et sa réforme.
"Le nombre de journalistes agressés entre le 3 mai 2012 et le 3 mai 2013 a été de 196, soit près de neuf agressions par mois, enregistrant ainsi une hausse importante par rapport à l'année précédente", a expliqué Aymen Rezgui, membre du bureau directeur du SNJT, lors d'une conférence de presse.
"Le principal facteur à ces agressions permanentes contre des journalistes tient à l'impunité dont ont bénéficié leurs auteurs après que les responsables politiques eurent couvert leurs comportements et les eurent incités à s'en prendre aux journalistes lors de leurs réunions et des forums des médias", a ajouté Rezgui.
De nombreux professionnels des médias ont manifesté leur indignation face à la situation qui prévaut en Tunisie.
"J'en ai assez du terrible silence et de l'utilisation des journalistes aux seules fins de mobiliser les foules", a écrit la journaliste Najoua Hammami sur sa page Facebook.
À Nouakchott, les professionnels des médias se sont réunis vendredi à l'Hôtel Mauri-Centre sous le thème "S’exprimer de façon responsable, c’est contribuer au renforcement de la liberté des médias".
"La Mauritanie a à son actif des acquis dont les plus importants sont la dépénalisation des délits de presse, la création d’un fonds d’aide publique à la presse privée, l’extension du système d’assurance maladie afin d’intégrer les journalistes de la presse indépendante, la réglementation de la presse électronique ainsi que l’ouverture des chaînes et stations de presse publiques aux formations politiques de l’opposition et à la société civile", a déclaré aux journalistes le ministre de la Communication Mohamed Yahya Ould Horma.
Son ministère travaille à "l’application des dispositions de la loi 045 relative à la libéralisation de l’espace audiovisuel", a-t-il ajouté. "Elle a permis pour la première fois dans l’histoire du pays de délivrer les licences, dans le cadre de première génération, à cinq stations de télévision et à cinq stations de radios privées."
À l'occasion de ces célébrations d'une semaine, deux autres licences de diffusion ont été accordées aux chaînes de télévision Dava et al-Mourabitoune.
"Dava sera une chaîne libre où s’exprimeront toutes les opinions", a expliqué la directrice de la chaîne, Mintane Mint Lemrabott.
"Notre chaîne sera une tribune pour tous les acteurs politiques et notamment ceux qui ont été jusque-là marginalisés", a ajouté le directeur de la programmation d'al-Mourabitoune Lemrabott Ould Mohamed Lemine.
Vendredi, l'Union pour la République (UPR), le parti au pouvoir, a publié un communiqué dans lequel il salue "les réalisations de notre gouvernement dans le domaine de la liberté de la presse".
L'UPR a tenu à signaler que la Mauritanie se classait au premier rang des pays arabes en 2012 au classement établi par Reporters sans frontières.
La Mauritanie a conservé sa place au classement 2013, publié à l'occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse.