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Liberté de la presse : La Mauritanie fière d’être première d’une classe de cancres
« La Mauritanie continue d'occuper le premier rang en matière de liberté de presse dans le monde arabe. » « Dans son dernier classement mondial de la liberté de la presse 2013, Reporters Sans Frontières (RSF) a classé la Mauritanie à la 67ème position sur 179 pays.
La Mauritanie est ainsi, selon RSF, le premier pays arabe en matière de liberté de la presse et l’un des premiers pays africains. Il devance tous ses voisins, à l’exception du Sénégal qui figure à la 59ème place. »
Les journalistes, les politiciens, le ministre de la communication, les applaudisseurs du pouvoir…ne cessent de brandir ce classement comme une sorte de trophée, une sorte d’ultime consécration.
A les entendre on a l’impression que la Mauritanie, c’est le paradis de la presse, de la liberté d’expression. Être premier des pays du monde arabe en matière de liberté de presse, c’est en fait un sacre relatif. Le monde arabe, c’est l’Arabie saoudite, le Koweït, l’Irak, le Maroc, le Yemen…des royaumes et des pays en guerre. Le monde Arabe, c’est le monde le moins démocratique du monde…
La dépénalisation des délits de presse, l’aide à la presse, la libéralisation partielle de l’espace audiovisuel…il y a eu des avancées en matière de liberté de la presse en Mauritanie. Mais il reste des choses à faire.
L’ouverture des médias publics à l’expression plurielle est encore timide. Le directeur de Radio Mauritanie, pendant un débat, a physiquement censuré un citoyen en le bâillonnant.
La diversité culturelle de la Mauritanie ne se voit guerre dans les médias audiovisuels aussi bien publics que privés.
Les radios associatives privées prévues dans la loi portant libéralisation de l’espace audiovisuel ont été « zappés. » Seules ont été retenues les radios et télévisions privées commerciales. Le volet associatif, indispensable a l’éveil, à la sensibilisation des économiquement faibles, a été censuré.
Malgré l’aide « généreuse » à la presse, journaux, télés et radios privés vivent une précarité quasiment incompatible avec le professionnalisme et le respect de la déontologie.
Au lieu de s’attaquer à tous ces problèmes, au lieu d’être ambitieux, au lieu de se comparer aux meilleurs…on se contente béatement d’être les premiers d’une classe de cancres.
Khalilou Diagana