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A la niche, vilain cabot !
Des années durant, le régime d'Ould Taya multiplia les roquets à nos basques, excrétant, depuis les caniveaux où croupissait leur misère servile, leurs sales chienneries. Aujourd'hui, c'est enrobée de soie et depuis les plus hauts balcons - le pseudo Cheikh Sidati est un bien piètre masque - que la merde est lancée.
Certes, il est largement préférable de ne pas taper dedans, pour ne pas s'en éclabousser, mais le respect envers nos lecteurs nous oblige. On va donc s'employer à bastonner le corniaud. Avec un long bâton.
Des caniveaux aux couloirs de la présidence, il n'y aurait, aujourd'hui, qu'un pas, petit ? Signe des temps que l'élévation des roquets : comme les étages des maisons, il faut s'en faire une raison. Mais pas s'y résigner, encore moins y perdre sa qualité. Tant qu'il restera des hommes, en Mauritanie, fussent-ils submergés par des meutes de cabots, Le Calame défendra l'une et l'autre.
"L'intérêt stratégique " de la Nation, c'est, d'abord, la qualité de ses hommes, de son air, son honneur.
Tel ou tel parti politique se ferait un devoir de reprendre nos éditoriaux ? S'en inspirerait, même, pour rédiger ses communiqués officiels ? A la bonne heure ! Tout n'est donc pas perdu et Ahmed Ould Cheikh, qui n'hésite pas, lui, à signer ses propos, ne perd pas son temps à prêcher dans le désert. C'est une bonne nouvelle. Certes, nous serions plus optimistes si les partis de la majorité en prenaient, eux aussi, de la graine mais, bon, on les comprend : penser ou applaudir, il faut choisir.
Car c'est, par exemple, tout de même laborieux, quand on n'a pas - ou perdu - l'habitude de " respecter la sacralité des faits ", sinon, seulement, ceux qui porteraient à encenser le pouvoir, de travestir l'affaire Aziz-Bouamatou en " un différend qui oppose la BCM et la GBM ". Bien sûr, cela permet de se draper dans les " intérêts stratégiques du pays et l'inviolabilité de la vie privée des individus". Seulement, voilà : ni Bouamatou ni Aziz ne sont des individus comme les autres.
Le premier a charge économique pesant sur l'emploi de milliers de personnes, c'est-à-dire, sur le quotidien de dizaines de milliers de citoyens. Le second est chef d'Etat et sa responsabilité l'oblige à la plus grande retenue, dans la compulsion de ses fureurs égotiques. S'il n'y consent et s'arroge le droit d'utiliser l'Etat pour assouvir ses rancunes, c'est évidemment - doublement, même, en cette affaire - le devoir du Calame de porter secours aux citoyens, comme il l'a toujours fait.
A priori, le journal de Habib Ould Mahfoudh soutient systématiquement les opprimés, jusqu'à preuve de leur éventuelle culpabilité. Et encore : il restera toujours à défendre l'individu, devant la machine d'Etat.
Ah, oui, nous y tenons à cette pratique forgée au feu de l'Etat d'exception ! Elle nous a valu bien des déboires ; nous vaut, encore, l'ostracisme du pouvoir - mais notre audience, nationale et internationale, compense largement son apparent dédain - et sa présente sollicitude, via les glapissements du prétendu Cheikh Sidati. Elle nous vaut, même, de voir Habib récupéré par la nouvelle cour des miracles aziziens, pensant - ingénument, les pauvres ! - qu'il suffit de placarder une photo et un texte d'un homme pour s'en emparer l'esprit…
C'est qu'ils sont volontaristes, ces gens qui s'identifient si facilement à l'Etat ! N'ont-ils pas jeté en pâture, à la presse, quelque deux cent millions d'ouguiyas, l'année dernière ? Certes, soixante-deux de ces millions sont directement tombés dans les caisses de l'Imprimerie nationale ; certes, il y avait soixante-deux entreprises à pourvoir ; certes, les critères de partage n'ont pas été des plus convaincants. Mais, tout de même, Le Calame a reçu un peu moins de deux millions d'ouguiyas ! Mazette !
Comparés à la cinquantaine de millions des propres entrées budgétaires du journal, couvertes, à plus de 80%, par les recettes publicitaires en provenance du secteur privé, voilà qui en dit long sur la volonté du pouvoir… et les réalités du quotidien… On attend la suite de la manne : curieusement, elle se fait attendre, en cette période pré-électorale…
Cependant, le chien de garde en service commandé suggère que ces premières miettes auraient été octroyées à mal escient. Selon lui, Le Calame et quelques autres, dont on comprendra vite les erreurs, n'auraient pas respecté " l'accord tacite au sujet de la promotion du rôle des médias privés dans l'enracinement de la démocratie pluraliste ".
Comment ? En accordant parole, voire quelque crédit, bien sûr, à " un parti extrémiste qui exige le départ, avant terme, d'un président élu ". CQFD. Cela allait " sans dire " que la " libéralité " de l'Etat sous-entendait un tel accord mais, de toute évidence pour Sidati, cela va beaucoup mieux en le disant… C'est vrai et nous le remercions de l'avoir dit : on comprend mieux, désormais, le projet du pouvoir.
On sent, au bout du bâton, gémir la pauvre bête. Sur son balcon doré, elle se tapit, geignarde. Et si son maître à l'ire si facile se prenait à la renvoyer à ses dépôts d'ordures ? Il en tremble, le clébard, on le comprend : ah, " l'implacable loi de la sélection naturelle "… Mais, bon, allons, soyons généreux : en ce début d'année musulmane, on n'en dira pas plus.
A la niche, va tranquille, toutou, mais ne t'avise plus de t'attaquer aux mollets des braves gens. Et du Calame, particulièrement : on y a toujours quelque férocité en réserve…
La rédaction du Calame