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02-10-2013

21:08

Télévision de Mauritanie: Le coup de balai de Khira

C’est le 25 août dernier que la direction générale de la Télévision nationale de Mauritanie (TVM) a procédé à l’affichage d’une note de service, demandant, à l'ensemble des « directeurs de programmes, conseillers, chefs de département, journalistes et chefs de mission détachés des autres départements ministériels de retourner sur leur poste d’origine, avant début septembre prochain ».

Cette mesure frappait trois journalistes, deux ingénieurs et vingt professeurs ; elle faisait suite à un rapport de l’Inspection Générale d’Etat (IGE). Selon les mêmes sources, la DG de la TVM aurait argué du nombre excédentaire des employés qui travaillent dans la boite.

Aucun préavis n’a précédé cette brutale fin de collaboration. La directrice générale, madame Khira Mint Cheikhany, n’a pas jugé nécessaire de se référer au conseil d’administration.

Une décision qui suscite une levée de boucliers d’autant plus vive que celle-là frappe des cadres ayant fait leur preuve au sein du media national et que la plupart d'entre eux sont à seulement trois ans de la retraite.

Citons Mohamed Vall Ould Ahmed, directeur commercial ; Mohamed Ould Beheït, chargé de mission ; El Hadj Oumar, directeur administratif ; Mohamed Lemine Ould Bacar, rédacteur en chef, détaché du ministère de la communication ; Ciré Sidibé, Selwa Chérif, Houriye Mint Moulaye Driss, directrice au département de communication ; speakerine du Journal Télévisé (JT), professeurs et des dizaines d’autres instituteurs qui présentent le journal TV en langues nationales.

Par ailleurs, une source proche du ministère de la Communication, dont nous tairons le nom, nous a informé que plus du tiers des huit cents travailleurs de la TVM ne sont que des emplois fictifs.

« En l’absence de textes juridiques, cette décision semble précipitée», estime un des journalistes. Selon lui, le passage de la Télévision de Mauritanie en régime SA n’a pas empêché l’Etat de rester l’actionnaire majoritaire de l’entreprise.

Remarquant que cette décision intervient à quatre mois de la fin de l’année et que les salaires sont budgétisés dans l’exercice 2013, notre confrère souligne que la prise en charge des détachés assurée par la TVM ne représente que 30 % de leur salaire indiciaire. « Il fallait », conclut-il, « plutôt assainir du côté des pigistes, dont le nombre est estimé à deux cents, soit une masse salariale mensuelle de dix millions d’ouguiyas ».

Ces journalistes qui ont si longtemps accompagné la TVM se voient, aujourd’hui, sacrifiés et bien mal récompensés. « Se retrouver éjecté de cette façon, du jour au lendemain, est un vrai drame », se lamente l’un d’eux. D’autant plus que seule la tutelle – le ministère de la Communication – est habilitée à affecter une partie de son personnel vers les structures relevant de sa compétence. Les incidences sociales sont énormes.

Une bonne partie des journalistes ont contracté des prêts auprès des banques et se retrouvent, aujourd’hui, dans une situation délicate, avec, de surcroît, la suppression des indemnités de responsabilité, pour ceux qui se retrouvent pigistes. Ils seront privés des droits de congé et ne disposeraient plus d’aucune possibilité d’avancement.

Les journalistes souhaitent rester dans leurs corps, plutôt que de se fondre dans le garage mortel qu’est le ministère de la Communication et les principaux concernés, qui n’ont pas commis de « faute grave pouvant justifier la fin de leur détachement », s’interrogent sur la valeur juridique d’une recommandation de l’IGE à la TVM. A cet égard, le ministère réfléchit, depuis, sur la situation suscitée par ce vide juridique et administratif.





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