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Reporters de RFI enlevés et assassinés au Mali : ce que l'on sait - [Vidéo]
Les journalistes "froidement assassinés", leurs corps laissés au bord de la route.
Ils étaient en reportage à Kidal, au nord-est du Mali, entre deux interviews.
Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux journalistes français de Radio France internationale (RFI) expérimentés, spécialistes de l'Afrique et qui avaient l'habitude de ces terrains dangereux sans être "des têtes brûlées" selon leurs confrères, ont été enlevés samedi "par un petit commando" devant le domicile d'un responsable touareg qu'ils venaient d'interviewer.
Les corps de la reporter et le technicien de reportage "ont été retrouvés à 12 km (au sortir de la ville) à quelques mètres de la voiture fermée à clé, il n'y avait aucun impact de balles sur la voiture", a précisé dimanche matin Laurent Fabius, après une réunion de crise organisée à l'Elysée.
"L'un a reçu 2 balles, l'autre 3 balles." Ils ont "été assassinés froidement" par des "groupes terroristes", a dénoncé le ministre des Affaires étrangères a ajouté que avaient été enlevés.
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Qui les a assassinés ? De nombreuses questions demeurent sur les causes et les circonstances de l'assassinat de ces deux journalistes aguerris, enlevés en plein jour et retrouvés morts moins de deux heures plus tard par une patrouille française, à l'est de Kidal. Selon le témoignage d'Ambéry Ag Rhissa, le représentant du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg) que les journalistes venaient d'interviewer et qui a assisté à l'enlèvement, les agresseurs parlaient tamachek, la langue des Touareg.
Kidal, situé à plus de 1.500 km au nord-est de Bamako, est le berceau de la communauté touareg et du MNLA. Ce dernier a condamné samedi soir les crimes et promis de "tout mettre en oeuvre pour identifier les coupables". Mais les regards se tournent aussi vers Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), très présente dans la région malgré la présence des troupes françaises. Et pourquoi ?
Les meurtres de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon sont intervenus quatre jours après la libération de quatre otages français, détenus par Aqmi pendant plus de trois ans dans la région. La presse française évoquait dimanche l'hypothèse d'un différend financier entre groupes armés autour de la rançon qui aurait été versée -20 millions d'euros selon certaines sources- pour obtenir la libération des quatre otages français.
"Est ce que la répartition des rançons versées a été équitable ? Il n'est pas impossible que certains au sein d'Aqmi se soient sentis grugés", a déclaré à l'AFP l'ethnologue André Bourgeot, spécialiste des mouvements touaregs dans la région. Les journalistes enlevés ont-ils pu être exécutés alors que les ravisseurs tentaient d'échapper à leurs poursuivants ?
Selon le porte-parole de l'état-major français, le colonel Gilles Jaron, les forces françaises basées à l'aéroport de Kidal, alertées de l'enlèvement, ont envoyé une patrouille et deux hélicoptères sur zone, mais ont découvert les corps des deux journalistes sans avoir vu ou affronté les meurtriers.
Réunion d'urgence à l'Elysée : la "sécurisation" de l'extrême-nord du Mali sera "accrue" Un peu moins de 3.000 soldats français sont actuellement au Mali et l'objectif de Paris est de faire tomber ces effectifs à un millier une fois achevées les élections législatives dans le pays à la fin de l'année.
Suite à la réunion de crise organisée dimanche matin à l'Elysée en présence de ministres et d'une délégation de RFI, Laurent Fabius a indiqué à la presse : "Les assassins, ce sont ceux que nous combattons, c'est-à-dire les groupes terroristes qui refusent la démocratie et qui refusent les élections", ajoutant ces assassinats "illustrent la fragilité de l'Etat malien à l'approche des législatives".
Laurent Fabius a annoncé que "la sécurisation de l'ensemble de la zone et des zones voisines" allait être "accrue", mais sans fournir de détails. De source gouvernementale, il s'agirait de rendre la présence française "plus visible" dans l'extrême-nord du Mali.
Diane Heurtaut avec AFP
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