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04-11-2013

22:43

Mémoire Noire d’Ousmane Diagana : l’histoire dramatique d’un rescapé d’Inal et de Jreida

Mémoire Noire, réalisé par Ousmane Diagana qui signe ici son quatrième documentaire, a été projeté en avant-première ce samedi 2 novembre à Paris, à la Bourse du Travail.

Ce long-métrage raconte l’histoire d’un rescapé militaire des camps d’Inal et de Jreida. Il s’agit de l’auteur de L’enfer d’Inal, Mahamadou Sy, témoin des "années de braise".

"En 1990, un coup d’Etat imaginé. En quelques mois, mon pays s’est transformé en camps de concentration pour des centaines de militaires et d’officiers Noirs. J’avais 6 ans. Je n’ai jamais compris pourquoi mon pays a basculé dans l’horreur et la haine raciales", raconte le jeune réalisateur.

Le film débute avec la proclamation d’indépendance de la Mauritanie lue par feu Moktar Ould Daddah, avant de plonger le téléspectateur dans les prémices de la déchirure du tissu de la cohabitation communautaire. Tout bascule en 1990 lorsque des militaires et des officiers Noirs sont "accusés de comploter un coup d’Etat" contre Mâaouiya Ould Sid’Ahmed Taya au pouvoir depuis 1984. Arrestation, torture, pendaison, exécution.

Pour témoigner sur cette période douloureuse, Ousmane Diagana est allé chercher Mahamadou Sy, l’auteur d’Enfer d’Inal, qui vit à Paris depuis 1993, avec sa famille. L’histoire de ces "années de braise" sous le régime autoritaire de Mâaouiya Ould Sid’Ahmed Taya se confond avec celle de Mahamadou Sy.

Entre la Guerra à Nouadhibou, Inal et Jreida, Mahamadou Sy nous fait ressentir l’humiliation, la torture, la violence qu’il a subies pendant 6 mois, de novembre en avril 1990. Chaque jour, il voit mourir dans la douleur et la résignation, sous ses yeux pétrifiés, ses compagnons d’armes.

"C’est très difficile de se rappeler de tout cela. Voir des gens qui achèvent les pendus quand ils tardent à mourir. Ce n’est pas…", soupire-t-il dans le film. "Il n’y a qu’une chose qui peut nous faire oublier tout cela : c’est qu’il y’ait un rétablissement de la vérité. La justice doit passer par là.Si, ce n’est pas fait, c’est des choses qui ne s’oublieront jamais", souligne Mahamadou Sy devant la caméra d’Ousmane Diagana. Une manière pour lui et comme pour des centaines de familles de faire leur deuil et d’être en paix.

Entre émotions, confidences insoutenables et récit bouleversant et poignant, Mémoire Noire jette la lumière sur une page sombre de l’Histoire de la Mauritanie dont on refuse toujours d’éluder. Le film a été tourné entre Paris, Nouakchott, Inal, Jreida et Nouadhibou.

Babacar Baye Ndiaye







 


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