Cridem

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08-12-2013

11:21

Prise en pleine tempête, Mattel risque de sombrer

L’opération de cession des parts détenues par Tunisie Télécom dans la société de téléphonie mobile mauritanienne Mattel semble avoir du plomb dans les ailes.

Pourtant l’opérateur historique tunisien s’était entouré des plus grandes précautions en faisant appel à l’expertise de la banque BNP Paribas pour lui trouver un acquéreur. Des noms comme Bharti Airtel, MTN, Orange et Inwi, avait tous été cités et l’estimation des actions de Tunisie Telecom a été avancée tournant autour de 100 millions de dollars.

Mais chaque fois « le client » pressenti se défile au dernier moment. En définitive, cette répulsion subite après un intérêt manifeste trouve son explication dans la situation déplorable dans laquelle se trouve Mattel.

Situation causée par la succession de plusieurs années de mauvaise gestion et de gabegie et qui a mené l'entreprise au bord du gouffre. Bien entendu le prétexte avancé par Tunisie Télécom, à savoir se concentrer sur le marché local tunisien où il perd du terrain face à la concurrence, ne trompe personne.

Certes l’opérateur historique tunisien a connu quelques déboires, notamment la grève qui a duré 2 mois et qui lui a fait perdre près de 2 millions de clients. En fait, Tunisie télécom veut surtout se débarrasser d’une filiale qui est devenue un véritable boulet de canon qu'elle traîne.

Créée en 2000, l’opérateur mauritanien n’a cessé depuis, de voir ses parts de marché fondre comme neige au soleil, à la faveur de l’acquisition par d’autres opérateurs, d’autres licences. Mattel est donc passé entre 2000 et 2007 à la deuxième puis à la troisième et dernière place derrière Mauritel et Chinguittel.

Malgré l’enrichissement de son portefeuille, fin 2009 par l’obtention une licence globale (3G, fixe et Internet), l’opérateur mauritanien n’est pas arrivé à juguler ou à ralentir sa dégringolade. Alors la question est pourquoi Mattel qui a bénéficié d’une longueur d’avance confortable n’arrive pas à tirer son épingle du jeu, du très prometteur marché mauritanien des télécom ?

Il est de notoriété publique qu’au moment ou les opérateurs Mauritel et Chinguitel distribuent des dividendes à leurs actionnaires, Mattel continuent à accumuler des charges d’exploitation et des investissements dont l’opportunité est loin d’être avérée. A moins que, justement cette façon de procéder ne soit qu’une manière de toucher des retro commissions.

Ainsi, seulement auprès du géant chinois Huawei, Mattel achète chaque année pour deux ou trois milliards d’ouguiya de matériel électronique. Autre tare qui fait fuir les éventuels repreneurs de Mattel, les conflits sociaux latents et récurrents. Chaque mois, les employés de Mattel lancent des menaces d’arrêt de travail pour protester contre la véritable apartheid qui a cours au sein de l’entreprise entre personnel local et personnel expatrié.

En effet aux expatriés les salaires mirobolants, les hôtels de luxe, les voyages en classe Affaires et au personnel local les salaires de misère, les voyages en éco et les séjours dans les hôtels de passe.

Qui plus est l’année dernière l’Administration fiscale est venue frapper lourdement l’entreprise par un redressement fiscal record auquel se sont ajoutés des amendes de l’Autorité de Régulation multisectorielle pour défectuosité du service. A cet égard les plaintes fusent de toutes parts, les associations de consommateurs dénoncent régulièrement les manquements de Mattel à ses obligations contractuelles.

Les problèmes s’accumulent sur Mattel à telle enseigne que certains craignent la réédition du syndrome de Mauritania Airways. On se rappelle que les employés de la défunte compagnie de transport aérien mauritano tunisienne se sont retrouvés un beau matin devant des grilles closes, les dirigeants tunisiens ayant été affectés ailleurs par leur maison mère, laissant en rade des dizaines d’employés mauritaniens qui ne savaient plus à quel saint se vouer.

Ajoutez-y l’injonction des autorités mauritaniennes pour investir dans le câble en fibre optique et on comprend aisément pourquoi les nuages s’accumulent sur l’horizon de Mattel. Alors, que Tunisie Telecom veuille se débarrasser de sa filiale mauritanienne n’est guère surprenant car une entreprise qui connaît-elle même des difficultés ne peut pas continuer à en supporter une autre aussi mal en point qu’elle.

N’oublions pas que Mattel devrait faire face en 2015 à l’expiration de la sa licence donc une grosse sortie d’argent en perspective. Le nouvel ambassadeur de tunisien accrédité en Mauritanie a visité cette semaine la société:

Les dirigeants de la boîte (quatrième équipe dépêchée de Tunis) lui ont ils donné les raisons pour lesquelles Tunisie Telecom à toujours dépêché à sa filiale mauritaniennes ses cadres les plus incompétents? Lui ont-ils expliqué la désaffection inexorable des consommateurs mauritaniens pour les produits Mattel?

Fatma Mint Mohamed Abdallahi






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