Cridem

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15-12-2013

14:57

Industrie nationale : Cri de détresse

On a l’impression, aujourd’hui, et c’est le moins qu’on puisse dire, que nos décideurs politiques ne mesurent pas encore, à sa juste valeur, l’importance du rôle joué par l’industrie dans le développement économique et social de notre pays.

Ou, tout simplement, feraient-ils exprès d’ignorer ce rôle ? En effet, moteur de croissance et , partant, du développement du pays, de par ses multiples effets induits positifs, notre industrie – elle l'a prouvée en de nombreuses circonstances – est créatrice de richesse et d’emplois et génératrice de revenus, participant ainsi, activement, à la lutte contre la pauvreté.

Elle est également source de plus-values et génère des économies substantielles de devises par la fabrication de produits de substitution aux produits importés. Visible, elle alimente le budget de l’Etat par le paiement d’impôts.

Ces réalités témoigneraient, si besoin était , de la nécessité pour un pays en voie de développement comme le nôtre de mettre en place une stratégie nationale industrielle dont la finalité serait l’émergence d’un secteur industriel national dynamique, performant ( par la recherche constante de la qualité et de l’excellence), compétitif et, donc , porteur d‘un fort potentiel de croissance économique et sociale. Un secteur industriel évolutif (non figé), à la rentabilité assurée et pérenne.

Toutefois, l’émergence d’un tel secteur industriel aux caractéristiques ci-dessus énumérées exigerait, comme préalable, non seulement, l’existence d’une réelle volonté politique reconnaissant à cette branche d’activités son rôle moteur dans le développement économique et social du pays, mais , également, et surtout, l’envoi par les Pouvoirs publics d’un signal fort qui témoignerait de cette volonté.

Hélas ! Si cette volonté existe en théorie et dans les esprits, dans la pratique, tel n’est pas encore le cas. Loin s’en faut. Pour s’en convaincre, il suffirait de rappeler que le tissu industriel national est, de nos jours, confronté à de multiples problèmes dus à des facteurs tant exogènes qu’endogènes.

Parmi les facteurs exogènes, l’on pourrait citer : un libéralisme économiques aux règles contraignantes, une mondialisation envahissante, un marché ouvert à tout vent, une forte concurrence (le plus souvent déloyale) des produits importés et un accès très difficile aux marchés extérieurs. A cela s’ajouteraient d’autres entraves à l’essor de ce secteur, cette fois endogènes.

L’on pourrait mentionner, dans ce chapitre et à titre non exhaustif, un environnement socio-économique peu incitatif (faiblesse des infrastructures, insuffisance des financements, exigüité du marché intérieur, faible pouvoir d’achat des consommateurs), une pénurie de main-d’œuvre qualifiée, une duplication irrationnelle des projets industriels, un coût exorbitant des facteurs de production, une fiscalité élevée et complexe et une absence de diversification industrielle.

Ainsi, en lieu et place de solutions idoines aux nombreux problèmes énumérés ci-haut et d’accompagnement conséquent pour promouvoir notre secteur industriel très prometteur, se sont substituées des pratiques qui vont à contre-courant de cet idéal et qui se matérialisent quotidiennement.

Pratiques qui, malheureusement, ne peuvent que tuer, dans l’œuf, le projet d’industrialisation du pays. Un rêve qui a enchanté plus d’un Mauritanien. Plusieurs exemples sont là pour illustrer ces propos. Nous en citerons l’un des plus criants. Ainsi, continue-t-on à encourager davantage l’importation de produits industriels, au détriment des produits locaux.

En effet, notre pays est envahi de produits concurrents importés de toutes parts (Maroc, Algérie, Turquie, Chine, Inde, pour ne citer que ceux-là).

Ces produits , le plus souvent subventionnés - comme c’est le cas des produits en provenance des provinces du Sud marocain et d’Algérie –sont dédouanés au forfait ou sur la base de factures minorées , rendant ainsi notre production de pâtes alimentaires, de savon et de lait, notamment , peu compétitive et augmentant , considérablement , nos stocks de produits locaux invendus.

Ce qui , si aucune mesure de redressement d’était envisagée rapidement , ne pourrait qu’augurer d’une mort certaine ( et peut-être voulue ) des industries nationales avec , pour corollaires , une forte perte d’investissements , d’emplois et de recettes fiscales . Une situation aux conséquences très graves, non seulement, pour les promoteurs industriels nationaux, les employés que pour l’Etat.

Que faire donc face à ce dilemme ?

La première mesure à prendre serait d’avoir une vision prospective claire en matière de développement économique et sociale, en général, et de promotion industrielle, en particulier, et précisant ce qui serait bon pour notre pays , à court , moyen et long termes . Il conviendrait, ensuite, d’agir en conséquence de cette vision.

Pour ce faire, l’on devrait, tout d’abord , abandonner notre esprit boutiquier , de dépendance des autres et de recherche de profit rapide , éphémère , limité et égoïste . Penser, ensuite , à la promotion d’une véritable industrialisation du pays qui soit garante de son autosuffisance .

Industrialisation qui passerait , nécessairement , par l’instauration d’une concurrence loyale basée sur un dédouanement rigoureux des produits similaires importés fondé sur la valeur réelle des produits imposés , basé aussi sur la mise en place d’un système de fiches de valeur ( tel que réclamé depuis belle lurette par les industriels nationaux ) servant de base pour tout dédouanement .En un mot , il est grand temps de penser , avec patriotisme et engagement , à l’avenir de la Mauritanie et de tous les Mauritaniens et de savoir que le temps presse.

A bon entendeur salut !

Hamoud Ould Eetheimine
Secrétaire Général de la FIM




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